#Élections 2024 | Scénarios et perspectives

SCENARIOS ET PERSPECTIVES           

Quels que soient les scénarios, prenons nos destins en mains !

A quelques jours du second tour des élections législatives, et quelques semaines de l’événement planétaire des Jeux Olympiques qui se déroulent à Paris et dans la région parisienne et dans un pays surchauffé médiatiquement, le scrutin peut déboucher sur plusieurs scénarios.

Il est probable que l’union électorale de la gauche parviendra raisonnablement à dépasser le nombre de députés NUPES de 2022 sans disposer, seule, de la majorité nécessaire pour gouverner.

  • Gouvernement RN avec majorité absolue

Une large victoire du Rassemblement National au second tour est possible, et même probable. L’effondrement final du « front républicain » malgré les tentatives d’étendre un prétendu « front démocratique » avec Borne et Darmanin, peut provoquer l’effet inverse et booster le vote RN, qui peut continuer de jouer sur le tableau de la respectabilité, donner des gages anti-ouvriers au patronat (il n’y qu’à constater l’envolée du CAC 40 au lendemain du 1er tour) tout en bénéficiant de l’image d’un parti anti-système.

Une variante de ce scénario : un gouvernement RN minoritaire est constitué grâce au concours de députés de droite (indépendamment des LR déjà alliés au RN) qui se jugeront « responsables » et « garde fous ».

  • Gouvernement « arc-en-ciel » avec une majorité relative, instabilité possible et probable

Le jeu des désistements empêche le RN de disposer de la majorité (mais avec plus de 200 députés). Une coalition se constitue avec la Macronie, le Parti socialiste et les écologistes, présentée comme « inédite », « historique », « nécessaire » sera justifiée par l’argument du « moindre mal ». L’extension politicienne de la lutte contre l’extrême-droite atteindra là un nouveau seuil et signera l’éclatement du cartel des gauches « nouveau front populaire ».

A noter que Gabriel Attal peut demeurer en place comme Premier ministre, avec son gouvernement, tant qu’une motion de censure n’aura été votée.

L’abstention des parlementaires les plus à gauche rendra possible un tel gouvernement. Les uns comme les autres utiliseront cette fragilité gouvernementale. Le vote RN sera certainement encore alimenté par cet « auto » renouveau d’une partie de la classe politique et sa gestion du pays. Le RN attendra une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale (impossible, constitutionnellement, avant juin 2025) les élections présidentielles de 2027 et le pourrissement général de la situation politique.

                                                                                   

Un 3e scénario, réaliste en cas de relatif équilibre des différentes grandes forces politiques comme en cas de gouvernement RN, ne doit pas, du fait de la volatilité des événements en cas de blocage ponctuel puis généralisé avec une forte instabilité gouvernementale, être tout à fait mis de côté. Dans ces conditions, il n’est pas à exclure qu’Emmanuel Macron sera tenté d’intervenir pour diriger le pays avec ou sans l’article 16.

A noter qu’avec des projections à 200-300 députés du Rassemblement national, un faux clivage progressiste (démocrate et républicain) contre l’extrême droite sera alimenté en récits médiatiques pour retrouver artificiellement une virginité politique.

 

Un quatrième scénario, autonome des trois premiers scénarios et absent des réflexions du cartel des gauches et des lobbies sociaux, de la campagne électorale et des récits médiatiques, est nécessaire pour nos intérêts. Celui d’un soulèvement politique, c’est-à-dire une élévation des consciences face à l’accélération des événements, malgré ou contre les institutions.

La puissance de ce mouvement sera lié à l’indépendance des travailleurs et de leurs organisations CGT. Mais aussi à notre capacité, en tant que syndicalistes CGT, d’articuler la volonté des travailleurs avec nos revendications pour agir en responsable et en conséquence. En clair, tout faire, notamment et principalement par la grève, les occupations des lieux de travail, la réappropriation des outils de travail pour rendre le pays ingouvernable, pour les patrons comme pour le gouvernement, dans l’objectif de gagner sur l’ensemble de nos revendications, tant sur nos droits sociaux que sur nos libertés politiques et syndicales, dont celle du droit de grève.

Pour aller plus loin :

  1. Il faut se préparer maintenant à la perspective d’un gouvernement RN avec une majorité absolue ou relative.
  2. L’arrivée du RN au pouvoir et ses actions contre le mouvement social et syndical devrait susciter de notre part la plus puissante des réactions. Rappelons à ce propos ce vieil adage : « la meilleure défense, c’est l’attaque ».
  3. Il faut dès à présent réfléchir à nos capacités d’actions, dans les temps courts et moyens. Le déclenchement de grèves peut et doit être réfléchi. La question de l’occupation des ronds-points et d’actions offensives se posent. Principalement, la question de l’organisation devient primordiale.
  4. Ne laissons pas une forme d’attentisme post-électoral et estival nous priver de nos discussions et actions. Il faut dénoncer la tentative scandaleuse des libéraux de la Macronie et du Parti socialiste, au nom d’un prétendu front démocratique, de poursuivre leurs politiques brutales et antisociales.
  5. Ils veulent nous imposer et nous enfermer dans un faux clivage progressiste contre populiste. C’est un piège qu’il nous faut refuser. Notre voie doit être indépendante de ces expressions qui, mal posées intentionnellement, brouillent et rendent confus, éloignent de la lutte de classe.
  6. La perspective politique pour les travailleurs se situe en dehors de ces faux choix, de ces fausses alternatives. Personne ne nous défendra, nous, nos intérêts, nos emplois, nos vies, si ce n’est nous-même.
  7. Il nous faut lutter contre le poison de la division entre travailleurs et faire revenir des millions d’ouvriers et employés de leurs votes et actions contre leurs propres intérêts.
  8. Le syndicalisme CGT est une solution concrète car elle s’enracine là où le nœud de la société demeure, dans l’entreprise et l’économie capitaliste, là où tous les travailleurs sont exploités.
  9. La grève, notamment dans les outils de production et les chaînes logistiques, est notre outil de défense et de conquête sociale », notre meilleure et plus puissante arme contre les patrons et leurs différentes options de pouvoir politique.