Après le 1er Octobre : 170 000 manifestants ; une nécessité : élever d’urgence la conflictualité
170 000 personnes ont manifesté le 1er octobre pour les salaires et les retraites à l’appel de la CGT, FSU et Solidaires. A noter également l’organisation d’une manifestation nationale réussie à Pont-de-Claix, en Isère, par les salariés et leurs syndicats CGT des industries chimiques pour la défense de l’emploi à l’entreprise Vencorex et sur l’ensemble des deux plateformes chimiques au sud de Grenoble.
Après cette première journée de mobilisation syndicale, nous pensons qu’il ne faut pas céder, ni au défaitisme, ni au déni. Si cette mobilisation demeure la seule d’ampleur, nationale et interprofessionnelle, sur les salaires notamment depuis de très (trop) nombreux mois et qu’elle peut et doit servir de marqueur pour la suite des évènements, au niveau national, le nombre de manifestants demeure très largement en-deçà des capacités de notre organisation CGT, et de la colère présente dans le pays, sans même parler des enjeux cruciaux de la période.
Bien sûr, et contrairement aux annonces syndicales, le gouvernement Barnier n’a en rien cédé quoi que ce soit. Si le pouvoir est contraint à geler certains dossiers ou augmenter le SMIC de 2%, ce n’est pas tant que la « mobilisation paye » mais que le pouvoir veut (à très moindre frais) paraitre inquiet des difficultés des Français les plus précaires. La supercherie se démasque aisément, notamment au travers de la volonté du 1er ministre d’imposer un budget 2025 particulièrement austéritaire, et sans jamais toucher du doigt le véritable parasite et cancer des dépenses publiques : la part titanesque attribuée, chaque année, au secteur privé.
Il y a lieu en réalité de s’interroger sur la situation sociale : des luttes et grèves ont lieu chaque jour, chaque semaine et chaque mois, dans tous les secteurs et branches professionnelles, et plus que souvent sur des sujets plus que similaires : salaires, conditions de travail, emploi…
Et pourtant, malgré l’urgence sociale, les organisations syndicales, dont la Confédération CGT, se refusent à entamer concrètement un lutte nationale, confédéralisée, avec l’Etat et le patronat.
Dans le même temps, le contexte politique et le coup de force anti-démocratique d’Emmanuel Macron et de son camp élargi aux Républicains provoque indéniablement un sentiment de fatalisme chez de trop nombreux salariés. Les déserts syndicaux n’arrangent rien, bien au contraire.
Le fatalisme, s’il est bien entendu entretenu et encouragé par les médias, est aussi la conséquence de l’appel de la CGT à voter pour le cartel Nouveau Front Populaire, énième résurrection de l’union de la gauche et de ses promesses gouvernementales, et, pire, pour le prétendu « front républicain » avec la droite et les macronistes. On pourtant vu pendant les élections, et depuis encore davantage, à quel point la Macronie et Marine Le Pen jouent de connivence et de complicité.
Mais, on aurait tort de ne pas surveiller « l’eau qui dort ». A l’instar du mouvement des gilets jaunes, surgi par nécessité historique, les grèves et la combativité d’aujourd’hui annoncent les futures luttes puissantes, qui nécessairement, se développeront dans notre pays, à condition également que nous agissions, tous et toutes ensemble et en même temps, à la construction de ce grand mouvement d’ensemble, seul à même de faire non seulement durablement reculer le pouvoir mais aussi de gagner des nouvelles conquêtes sociales.
Il serait ainsi, en toute logique, proprement suicidaire d’attendre mars ou mai 2025 pour engager une nouvelle journée nationale de luttes et d’action, ou, pire d’organiser un semblant de « manifestation sans grève » à l’image du fiasco de l’Euromanif d’octobre 2023.
Dans une récente lettre ouverte (lire ici) à la secrétaire générale de la Confédération CGT, Sophie Binet et au Bureau Confédéral CGT, la CGT Energie Paris a notamment exprimé cette nécessité urgente d’un plan de bataille confédéral.
L’automne social peut être incandescent, à nous d’allumer le feu et souffler sur les braises pour qu’elles enflamment le pays.