Anthony Smith, Nokia, Cargill, Beneteau, Auchan : brèves et dépêches sociales de la semaine (7 – 11 septembre)
Chaque week-end, Unité CGT publiera une série (non exhaustive) de brèves et dépêches sociales. Complémentaires de nos articles et posts sur les réseaux sociaux sur la guerre sociale en France, ces échos des luttes ne demandent qu’à être alimentée par les contributions de nos lecteurs et amis. N’hésitez pas à nous transmettre informations, communiqués, récits et témoignages des luttes sociales en cours !
Soutien à Anthony Smith
Une première victoire a été obtenue par les soutiens d’Anthony Smith, l’inspecteur du travail, lourdement et injustement sanctionné par sa hiérarchie pour avoir tenté de contraindre une entreprise-association d’aides à domicile de livrer des masques de protection à ses salariés pendant le pic de l’épidémie de coronavirus.
La ministre du travail a en effet annoncé le 9 septembre qu’elle revenait sur la décision de mutation d’Anthony Smith, à 200 km de chez lui, après plusieurs mois de suspension. L’inspecteur du travail sera ainsi réintégré sur sa région à Bar-le-Duc, dans le département de la Meuse, et pourra assurer à nouveau ses missions de contrôle en entreprise, poursuivre son mandat au CHSCT et son engagement militant CGT.
Cette décision intervient alors que la fronde des inspecteurs du travail solidaires d’Anthony Smith s’est accompagné ces derniers mois d’un mouvement de soutien très large. Alors que plus de 150 00 personnes ont signé une pétition en ligne exigeant l’arrêt immédiat des sanctions contre Anthony Smith, de l’aveu même de la ministre, le gouvernement ne veut certainement pas que cette « affaire » traine en longueur et soit un rappel constant de sa gestion sanitaire désastreuse.
Nokia
Des centaines de personnes ont manifesté, ce jeudi 10 septembre, contre un plan social chez Nokia, à Nozay, dans l’Essonne. Olivier Champetier, responsable de la CGT 91, a expliqué à la presse la réelle nature du plan social : « C’est la fermeture annoncée du site de Nozay, très clairement ».
Le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) chez Alcatel-Lucent International, plus grosse entité de Nokia en France avec environ 3 600 salariés, vise la suppression de 1 233 postes. Cela représente un tiers des effectifs (831) de Nozay et plus de la moitié (402) de ceux de Lannion (Côtes-d’Armor).
Il s’agit du quatrième plan social depuis le rachat en 2016 d’Alcatel-Lucent par le Finlandais.
Cargill
La juge des référés du tribunal judiciaire, saisi par le syndicat CGT Cargill du site d’Haubourdin, a présidé le 7 septembre la première audience dite de mise en état après l’homologation, le 17 août, par l’Etat du plan social déposé par le groupe Cargill.
En novembre 2019, le groupe Cargill, numéro un mondial du négoce de matières premières agricoles, avait annoncé la fermeture partielle de son usine à Haubourdin, dans le Nord, qui produit de l’amidon à partir du maïs, puis le transforme pour en faire des produits dérivés utilisés dans les produits alimentaires ou pharmaceutiques.
L’irruption de la pandémie de coronavirus et l’instauration du confinement avait changé temporairement la donne ; le groupe faisait alors tourner l’usine à plein régime, qualifiait les ouvriers du site d « indispensables au fonctionnement du pays », et engrangeait les profits… avant d’annoncer début juin la confirmation des licenciements.
Alors qu’à l’image des décisions de Cargill, les fermetures de sites et les licenciements se multiplient ces derniers mois dans notre pays, rappelons que la Fédération nationale des Industries Chimiques – CGT a appelé à la mobilisation et à la grève le 17 septembre.
La FNIC CGT avait d’ailleurs rappelé dans un communiqué paru en juillet que « les techniciens du droit que sont les avocats […] ne sont que des outils au service de nos objectifs, à aucun moment notre syndicalisme de combat ne doit déléguer son mandat de défendre les intérêts collectifs de nos camarades de travail. ».
« La bataille pour le changement de société est liée à celle pour l’emploi dans chaque entreprise visée par la rapacité des patrons. Elle est difficile, elle paraît parfois hors de portée, elle est pourtant nécessaire et incontournable ! », avait ajouté la FNIC-CGT.
Rappelons qu’en 2019, le groupe Cargill a engrangé un bénéfice de 2 milliards et demi d’euros et a versé un dividende record à la famille actionnaire : 125 personnes se sont partagées 1 milliard d’euros.
Beneteau
Le groupe mondial constructeur de bateaux Beneteau a annoncé le 8 septembre qu’il pourrait supprimer jusqu’à 1 390 emplois dans le monde, soit un sixième de ses effectifs.
Dans un communiqué, le groupe Beneteau a précisé envisager « la fermeture, la cession ou la mise en sommeil de cinq sites sur 24 et une réduction des effectifs comprise entre 710 et 1 390 personnes [soit 8 à 15 % de l’effectif] sur les 8 361 salariés ». En France, cela concernerait entre 310 et 760 postes.
Pour son activité Bateaux, Beneteau envisage également de fermer, céder ou mettre en sommeil quatre de ses sites : deux (sur dix) en France, un aux États-Unis et un en Slovénie. À cela s’ajouterait une activité ralentie sur trois autres sites, dont un en France. Le groupe, qui construit aussi des mobil-homes au sein de sa division Habitat, compte par ailleurs fermer un de ses sept sites en France et ralentir l’activité de son site italien.
Auchan
La direction d’Auchan Retail France a annoncé le 9 septembre un plan social qui prévoit la sup pression de 1 475 postes. L’entreprise veut également fermer l’atelier de découpe de viande de Lieusaint, en Seine-et-Marne, qui emploie 57 personnes.
Cette décision est d’autant plus scandaleuse que, selon les syndicats, l’excédent brut d’exploitation des magasins du groupe Auchan a progressé de 15% au premier semestre à 1,24 milliards d’euros.
La Fédération CGT Commerce et Services a dénoncé, dans un communiqué, la casse sociale continue menée par le groupe Auchan qui annonce la suppression de plus d’un millier d’emplois, « après avoir supprimé 2 000 emplois depuis le début de l’année, alors que dans le même temps, l’entreprise a perçu des aides publiques de l’État tout en payant ses salarié.e.s au SMIC. »
« Hier, ils étaient des héros, aujourd’hui les salarié.e.s servent de variable d’ajustement. », fait remarquer la CGT Commerce qui accuse par ailleurs Macron et son gouvernement d’être « complices de ce désastre social », et exige le « remboursement de toutes les aides publiques, données en cadeau à la famille Mul-liez. », propriétaire d’Auchan.
« Le Groupe Mulliez se porte bien, il a versé plus de 2 Milliards d’euros de dividendes aux actionnaires ces dernières années », rappelle encore la Fédération CGT Commerce et Services qui appelle « l’ensemble des salarié.e.s d’Auchan à se mettre en grève le 17 Septembre 2020 dans le cadre de la journée de mobilisation interprofessionnelle. »
Rappelons par ailleurs qu’en janvier de cette année, l’enseigne de grande distribution avait annoncé 517 départs volontaires au siège et à la direction produits, après avoir fermé ou cédé 21 magasins en 2019.