Solvay/Syensqo : grève contre la suppression d’emplois et le démantèlement industriel
Un plan de licenciements (103 dans le monde, dont 47 sur le seul site de Saint Fons) a été annoncé par le groupe Syensqo. La CGT appelle l’ensemble des salariés à la grève pour imposer « l’ouverture de discussions avec la direction pour le maintien d’un maximum de postes, notamment à l’atelier DPHE, à la maintenance, au procédé ou en logistique. »
Les mauvais coups n’auront donc (vraiment) pas tardé. Le 8 décembre 2023, Solvay, multinationale de la chimie, a été scindé (avec de juteux profits pour les actionnaires) en deux entreprises distinctes (Solvay/Syensqo). La première conserve le nom de Solvay et réunit les métiers de chimie de base. La seconde, Syensqo, recouvre les activités de chimie de spécialités.
« Nous sommes sur le point de sacrifier un outil industriel et un savoir-faire qui se perfectionnent depuis des années alors même que la Vanilline que nous fabriquons est abondamment consommée autour de nous. », déplore la CGT du site qui tance le double discours « écologique » du groupe.
En effet, Syensqo/Solvay dépensent, comme les autres groupes, mille efforts de communication pour se « verdir » et dans le même temps, organise une aberration écologique et sociale. « Les dirigeants ont plein la bouche de discours écologique et de « décarbonation », mais la Vanilline consommé en Europe devrait maintenant parcourir des milliers de kilomètre poussée par les moteurs diesel des cargos ? », ironise encore la CGT du site, qui rappelle : « Avec la fermeture de l’atelier HQPC de Bâton Rouge, nous devrions maintenant faire traverser l’océan Atlantique à des centaines de conteneurs de Catéchol, un produit cancérigène qui doit être manipulé fondu puisqu’il gèle à température ambiante ».
« Syensqo, parle d’écologie avec le programme Climate Impulse (avion à hydrogène) mais s’apprête à faire circuler des produits, pour certains écotoxiques, sur des milliers de kilomètres, d’un continent à l’autre, poussés par les moteurs diesel des cargos. », renchérit la Fédération nationales des Industries chimiques CGT dans une déclaration de soutien aux salariés en lutte. « Un choix à rebours de tous les enjeux et discours environnementaux où c’est le business avant tout. », explicite encore la FNIC CGT.
Pour la CGT du site de Saint Fons, « les salariés ne sont pas responsables des stratégies industrielles de la direction et de cette économie malade, gouvernée par des requins pour leurs seuls profits. ». D’ailleurs, comme le rappelle le syndicat : « Il y a largement assez d’argent pour qu’aucun emploi ne soit supprimé ! Les bénéfices du groupe Solvay ces dernières années se montent à plusieurs milliards. 400 millions d’euros, c’est ce qui a été versé aux actionnaires chaque année, soit 2 milliards sur les 5 dernières années. Combien d’emplois cela fait-il ? »
Le spectre d’un démantèlement industriel total
Au-delà de la défense évidente de l’emploi et de l’activité économique de l’atelier HQPC, « plus généralement, comment ne pas s’inquiéter de l’avenir de notre usine qui perd plus de 20% de son effectif et une de ses fabrications historiques ? Quel avenir en réalité pour la chaîne diphénols, écartelée sur plusieurs continents ? », interroge la CGT, en écho aux inquiétudes légitimes et logiques des salariés.
Des questions qui font tâche pour un groupe qui licencie, « réorganise sa production à l’échelle de la planète pour faire face à la guerre économique que se mènent ces multinationales de la Chimie » et est, comme tant d’autres groupes privés, biberonnés à la subvention publique. « Ces mêmes groupes prélèvent des millions d’euros d’aides publiques versées par l’Europe et l’État avec notamment le plan France Relance ou encore par les régions et la Métropole pour Lyon, sans contrepartie en termes d’emploi. »