Au Kenya, la contestation antigouvernementale ne faiblit pas malgré une répression meurtrière
Le Kenya est secoué par de puissantes manifestations et un mouvement social contestataire déterminé. L’irruption de plusieurs milliers de manifestants au sein du parlement kenyan le 25 juin dernier a contribué à l’élévation spectaculaire du niveau du rapport de force malgré une répression d’Etat particulièrement meurtrière et le tir à balles réelles de la police sur une foule désarmée.
Au total, 39 personnes ont été tuées et 361 blessées depuis la première manifestation, le 18 juin, avec au moins 22 morts le 25 juin, selon l’agence officielle de protection des droits humains (KNHCR), qui a également fait état de 32 cas de « disparitions forcées ou involontaires » et 627 arrestations de manifestants.
Déclenchée à la mi-juin en réaction à un projet de budget 2024-2025 taillé sur mesure pour répondre aux exigences du Fonds Monétaires Internationale et prévoyant de nouvelles taxes, la mobilisation sociale et politique a fait tache d’huile dans l’ensemble du pays. Si le président kenyan a annoncé le retrait du projet de budget, les appels à se mobiliser se poursuivent.
Présenté par la presse occidentale comme un pays modèle en Afrique pour les « investisseurs », le Kenya est en réalité saigné à blanc par les capitalistes locaux comme par les capitalistes étrangers.
Un exemple parmi d’autres : élu en août 2022 en promettant de défendre les plus modestes, le chef de l’Etat kenyan, cible des manifestations, a immédiatement pris des mesures d’austérité, créé et augmenté plusieurs impôts et taxes qui ont durement paupérisé de larges franges de la population kenyane.