Directions syndicales confédérales et intersyndicale :
UNITECGT ACCUSE
L’accélération de la crise de régime politique en France est l’occasion pour notre collectif de revenir sur la séquence sociale des 10 – 18 septembre et du 2 octobre dernier.
Pourquoi ? Déjà, pour ne pas permettre à l’intersyndicale et aux directions syndicales confédérales de « s’en sortir si facilement ». Oui, ces derniers ont des comptes à rendre à l’ensembles des travailleurs et des travailleuses.
La parole doit se libérer : nous sommes nombreux et nombreuses à ressentir une profonde colère doublée d’une amertume certaine. Alors, disons les choses telles qu’elles sont.
Le reflux de la mobilisation le 2 octobre, après la pantalonnade du fameux « ultimatum » et les deux semaines de latence entre le 18 septembre et du 2 octobre était largement prévisible. Pire, elle était voulue. Et maintenant, voilà que l’intersyndicale et ces directions syndicales confédérales prétendent, comme le patronat ou le gouvernement, siffler la fin du mouvement #OnBloqueTout : mais pour qui se prennent-ils ?
En conséquence :
> UnitéCGT accuse les directions syndicales confédérales et l’intersyndicale d’avoir tenté, dès l’éclosion du mot d’ordre #ToutBloquer, de saborder tout mouvement qui dépasserait le cadre étroit de la mobilisation « acceptable ».
> Nous accusons les directions syndicales confédérales et l’intersyndicale d’avoir sciemment torpillé une mobilisation qui leur échappait en « reprenant la main » pour mieux tuer la dynamique. Avec, à la clef, sur le fond des revendications minimales et inconséquentes, et sur la forme, un mépris inacceptable contre les travailleurs mobilisés, avec ou sans les syndicats.
> UnitéCGT accuse les directions syndicales confédérales et l’intersyndicale d’être incapables de se « réinventer », de penser la mobilisation différemment après l’échec lamentable de la stratégie de l’intersyndicale contre la réforme des retraites,
> Nous accusons les directions syndicales confédérales et l’intersyndicale d’avoir voulu protéger les gouvernements des Premiers ministres Bayrou puis Lecornu, ainsi que le président de la République.
> UnitéCGT accuse les directions syndicales confédérales et l’intersyndicale d’avoir choisi la « stabilité institutionnelle » plutôt qu’une mobilisation radicale porteuse d’espoir.
> Nous accusons les directions syndicales confédérales et l’intersyndicale de ne pas faire confiance à l’intelligence collective ouvrière.
> UnitéCGT accuse les directions syndicales confédérales et l’intersyndicale de jouer à la confusion et de mentir sur la réalité de la mobilisation, dans un moment trumpien incompréhensible. Ca suffit ! Dites la vérité aux travailleurs et aux travailleuses !
Ces accusations, qui paraissent bien légères au regard de la colère immense qui balaye le pays, n’auront bien sûr pas vraiment de « réponses », hormis peut-être de la part de dirigeants syndicaux confédéraux qui perdent leur temps en insultes sur les réseaux sociaux. Nous recommandons chaudement à ces derniers de se concentrer, boire frais, et organiser correctement les grèves et mobilisations. L’urgence du moment commande cet esprit de responsabilité !
Oui, il n’existe pas de « bouton magique » mais, oui, il existe la possibilité de construire un processus de grèves reconductibles gagnantes et qui peuvent se généraliser, notamment au travers de la confédéralisation des luttes ! Et oui, c’est à l’ensemble de notre CGT, de la base au sommet, de prendre nos affaires main. C’est bien à l’ensemble du monde du travail de s’insurger, à tous les syndicats de base de répondre et amplifier cette volonté collective, aux UL, UD, fédérations, et à notre Confédération de coordonner et impulser, au niveau national et interprofessionnel pour gagner.
D’ailleurs, la réalité prouve que les directions syndicales confédérales peuvent être bousculées par les bases syndicales et surtout par la mise en mouvement des travailleurs et travailleuses. Cela a notamment été le cas dans l’appel, du bout des lèvres, de la Confédération CGT à la journée de grèves et actions offensives du 10 septembre.
Huit suggestions :
1/ Comprendre que la séquence ouverte par le mouvement global #OnBloqueTout, dans lequel UnitéCGT prend toute sa place, n’est pas terminée. Admettre que c’est bien ce mouvement qui a permis une rentrée sociale explosive et provoqué la chute de deux gouvernements.
2/ Percevoir l’aspect positif des Assemblées générales de citoyens et citoyennes qui se tiennent partout en France et qui répondent à une soif de débats, de politique, de démocratie : toutes ces initiatives, syndicales comme citoyennes sont complémentaires dans la lutte d’une même classe pour des causes communes.
3/ S’extirper des calendriers gouvernementaux, patronaux, institutionnels. Cessons de nous arrimer systématiquement aux agendas de nos ennemis – à l’image de l’intersyndicale qui attendait la rencontre avec le Premier ministre puis son discours de politique générale -. Cessons d’être sur la défensive en permanence, passons à l’offensive pour les contraindre à suivre notre rythme et notre propre agenda.
4/ La date du 9 octobre, journée de grève par secteurs (dans la santé, les organismes sociaux, les industries chimiques…) à l’appel des fédérations CGT, peut permettre de relancer la construction du rapport de force.
5/ Arrêter la stratégie perdante de l’intersyndicale, quitte à ce que la seule CGT – première, et de loin, organisations syndicale militante – appelle à une mobilisation d’ampleur, à partir des lieux de travail, par la grève, notamment en reconductible.
6/ Arrêter le mépris envers les travailleurs et travailleuses qui ne sont pas « des bons petits soldats » et qui parfois se mobilisent en dehors, malgré, voire contre l’avis des directions syndicales confédérales.
7/ Comprendre les enjeux du moment : le Pouvoir est affaibli, minoritaire et illégitime. Plus que jamais, et notamment après ce mois de septembre noir, c’est bien le moment d’agir !
8/ Construire un processus de grèves et de luttes, à partir des cahiers revendicatifs CGT, cohérent, radical et intransigeant. Notamment sur l’interdiction des licenciements sous peine d’expropriation, l’augmentation des salaires, pensions, allocations, la retraite à 60 ans (55 ans pour les métiers pénibles). Ce n’est qu’un début, continuons le combat !
Enfin, un mot sur la délégation de pouvoir, notamment parce que l’actualité politique est susceptible de s’accélérer encore davantage dans les heures et jours qui viennent. A ce stade, des élections anticipées sont possibles.
Gouvernements à répétition, affaires sans fin, 49.3, alliances de circonstance… la magouille politique permanente est un facteur très important dans la colère populaire. A nos yeux, vraie démocratie, celle des travailleurs et des travailleuses, se construit dans les luttes, les AG de grévistes, mais aussi dans les syndicats de base, et prime sur les coups de menton des directions, patronales comme confédérales. Cette démocratie ouvrière, par les mobilisations des travailleurs avec les bases syndicales est la clé du succès du mouvement populaire, de sa résistance face à l’emprise du réformisme et contre les tentatives de confiscations et récupérations de toutes sortes.
De la même manière que nous récusons et refusons toute délégation de pouvoir à des « experts » en syndicalisme, nous refusons toute délégation de pouvoir à des « professionnels de la politique. »
A ce titre, nous annonçons, d’avance, notre refus (similaire à notre position en juin 2024) d’alimenter les illusions électoralistes ou d’un changement de politique par les urnes, par un remake du NFP ou encore de toute coalition électorale bigarrée, contre-nature et qui comporterait en son sein des traitres et des collaborateurs de classe. A bon entendeur !