Fermeture des cantines scolaires, chômage partiel massif, précarité et licenciements : le confinement a plongé des milliers de foyers populaires dans la misère tandis que certains prix d’aliments de base s’envolaient.
Si certaines collectivités locales, ou des organismes caritatifs comme le Secours populaire, le Secours catholique ou encore les Restos du Cœur tentent d’éviter « le naufrage social » en multipliant les distributions de milliers de colis alimentaires ou en distribuant des chèques services, la situation est plus que dramatique et continuera de s’aggraver.
Réunies au sein du collectif Alerte, ces associations de lutte contre la pauvreté ont par ailleurs réclamé, sans que le gouvernement n’accède à leur revendication, le versement d’une « prime exceptionnelle » de 250 euros par mois et par personne.
Le pouvoir politique qui a dégainé des centaines de milliards d’euros pour éviter le « naufrage économique » des grands groupes déjà gavés d’argent public, ne veut rien faire, et ne fera rien.
Soulignons au passage que la situation de précarité alimentaire précède la crise. En 2018, le baromètre Ipsos-Secours populaire mettait par exemple en lumière le lien entre précarité et malnutrition. Parmi les personnes interrogées, 21 % déclaraient ne pas pouvoir se procurer de quoi faire trois repas sains par jour et 27 % expliquaient avoir des difficultés financières les empêchant de manger des fruits et des légumes frais quotidiennement.
Crise sanitaire et économique : les stocks alimentaires des grands groupes de l’agro débordent
Au-delà du scandale de laisser la malnutrition se développer dans notre pays, du côté des grands groupes industriels de l’agroalimentaire l’heure est au stockage de tous les entrepôts, dépôts, hangars qui sont remplis de lait, de viande, de beurre, de produits alimentaires de base.
La fermeture des frontières et la paralysie économique mondiale a en effet entrainé une chute brutale des exportations. Or, la France exporte par exemple 40 % de sa production de lait. « Bloquée » en France, cette production engorge désormais les bâtiments de stockage.
Ainsi, les tours de séchage, qui permettent de transformer le lait en poudre et de le stocker sont par exemple d’ores et déjà saturées. Pour la Confédération paysanne, « l’accumulation des stocks va faire s’effondrer les prix ». Fin mars, il y avait ainsi 40 millions de litres de lait en trop sur les 220 millions collectés par semaine.
Si une partie du trop-plein a donc été réorienté vers le stockage sous forme de beurre et de poudre, une grande partie de ce trop-plein sera purement et simplement détruite. Pourquoi ? Tout simplement pour garantir des marges de profit élevé au seul bénéfice des grands groupes industriels, et de leurs actionnaires.
Cette situation concerne également l’ensemble des viandes, fruits et légumes produits en France. Comment le gouvernement et le Medef peuvent-ils justifier d’un côté cette situation de surabondance des produits alimentaires de base, et de l’autre le développement de la faim, et de la malnutrition, dans notre pays ?
En clair, la France déborde de produits alimentaires, mais les familles populaires n’en verront jamais le moindre fruit, viande ou légume. La France, réputée « puissance agroalimentaire de premier rang dans le monde » laisse crever de faim ses propres enfants.
La collectivisation de l’industrie agroalimentaire : nourrir le peuple, protéger les travailleurs, punir les spéculateurs
La réalité est que la France déborde de nourriture, mais que ces produits sont jalousement gardés par les grands groupes capitalistes, au détriment des consommateurs et des paysans pauvres.
Au nom de quoi des organismes caritatifs ou des collectivités locales seraient-elles capables d’organiser des distributions alimentaires, et pas l’Etat ? Au nom de quelle absurdité capitaliste doit-on détruire des stocks titanesques de nourriture tout en laissant des familles populaires souffrir de la faim ?
Un pouvoir au service du peuple aurait immédiatement répondu aux besoins fondamentaux de la population en réquisitionnant l’ensemble des stocks, en collectivisant toute la filière agroalimentaire et en organisant la planification de la production, du stockage, du transport et de la distribution.
Un pouvoir au service du peuple aurait puni les spéculateurs capitalistes qui détruisent la production pour ne pas perdre leurs marges de profit. Un gouvernement au service du peuple aurait placé ces entreprises, devenues publiques, sous le contrôle des ouvriers de l’agroalimentaire, en première ligne dans cette bataille pour nourrir la France, et de leurs organisations syndicales.
S’agit-il d’une utopie ? Non, au contraire. La vraie dystopie, c’est celle que nous vivons actuellement. La mise sous contrôle ouvrier de la filière agroalimentaire est la seule solution concrète pour nourrir le peuple, protéger les travailleurs de l’agroalimentaire exposés par le patronat à la maladie, et remettre l’économie toute entière au service des besoins de la population.