Actions « Bas les masques » ce samedi 16 Mai : rendons coup pour coup

Un appel lancé par le collectif « Bas les masques » incite à manifester le samedi 16 mai et circule sur les réseaux sociaux. À l’image des premiers rassemblements déconfinés et autres « Manifs gestes barrières » du 11 mai, cet événement pourrait faire tache d’huile. Et, surtout, encourager une rupture nécessaire avec l’ordre social et redonner confiance dans la lutte en relevant le moral du peuple et de la classe ouvrière.

« L’invitation est lancée, partout en France, samedi 16 mai, à organiser une multitude d’actions de solidarité pour participer à la libération de tous les masques que l’État n’a pas jugé bon de stocker après avoir tardé à les faire fabriquer », détaille l’appel, qui martèle des règles élémentaires à suivre : « Que ce soit par petits groupes (10 personnes maximum), ou individuellement mais toujours dans le respect TOTAL des règles sanitaires et des gestes barrières. »

« Nous vous proposons ensuite de les apporter aux soignant.es dans l’hôpital le plus proche de chez vous, dans des Ehpad, ou bien aux différents groupes d’entraide locaux, aux personnes les plus précaires, dans les entreprises, petites ou grandes, dont les salarié.e.s sont démuni.e.s de matériel de protection, chez les petit.e.s commerçant.e.s de quartier, etc ! », précise encore le collectif créé par des soignants et professionnels de la santé mobilisés.

Il est évident que l’énorme frustration que nous sommes nombreux à ressentir doit trouver un exutoire politique. Cela impose de questionner les violations à répétition de nos droits, libertés et garanties collectives, de contester les mensonges d’Etat, les violences policières, les amendes, et surtout les non-réponses aux besoins fondamentaux.

Or, la question de l’accès aux masques est un exemple flagrant de ces besoins exprimés par la population. Par la force des choses, les masques sont devenus un des symboles de la société de classe dans laquelle nous vivons.

Seul le peuple sauve le peuple : imposons, de gré ou de force, l’accès à la protection sanitaire élémentaire

La déclaration du collectif rappelle que « pendant deux mois nous avons encaissé sans broncher les épisodes de ce mauvais feuilleton. Maintenant, l’heure est proche pour les responsables de rendre des comptes : qu’ils commencent déjà par RENDRE LES MASQUES ».

« Où étaient ces masques pour les millions de salarié.e.s contraint.e.s de travailler avec des précautions sanitaires insuffisantes? Où étaient les masques pour les personnes précaires et vulnérables et pour l’ensemble de la population que l’État a pour obligation de protéger ? », questionne encore le collectif, soulignant : « L’enjeu des masques est le symbole de l’hypocrisie des gouvernements, de ce système qui sacrifie nos vies au nom des logiques financières. NOUS DISONS STOP ! ».

Le collectif « Bas les masques » relève, entre autres, que « la grande distribution a lancé depuis début mai la mise en vente de plus de 100 millions de masques chirurgicaux – sur les 515 millions annoncés. ». Toutefois, déclare l’appel, « l’attitude indécente de la grande distribution ne fait pas oublier les mensonges et manipulations du gouvernement. »

Ainsi, et comme nous l’écrivions il y a quelques jours, la polémique concernant les masques est loin, très loin, d’être terminée. La CGT et plusieurs partis politiques et associations exigent également la gratuité des masques refusée par le patronat, par le gouvernement et par les députés LREM.

La CGT Commerce avait par exemple exigé la gratuité des masques et la création d’un Pôle public du Commerce. « Faut-il rappeler la hausse des marges bénéficiaires de ces enseignes depuis le début de cette crise sanitaire qui frappe notre pays, ainsi qu’une augmentation des prix sur certains produits alimentaires de première nécessité ? », avait souligné la CGT Commerce dès le 4 mai, estimant que le prix individuel du masque pouvait dissuader « les plus précaires alors que ces masques ont une durée de protection très limitée. »

« La CGT demande la gratuité des masques pour tous les usagers ; masques pour le grand public et, dès lors qu’ils sont au travail, masques fournis par les employeurs. C’est une question de santé publique et de justice sociale qui doit être prise en charge par l’État et les employeurs. », a par ailleurs déclaré la CGT dans un communiqué confédéral.

« Tous les stocks doivent être réquisitionnés afin d’en assurer une gestion publique. D’ailleurs, les stocks apparus soudainement dans les grandes surfaces doivent être distribués gratuitement. Ils ne doivent pas être l’objet de gain commerciaux ou d’appel d’offres (carte de fidélité, « vente liée », etc.). », explicite encore la CGT.

Une seconde vague, sociale, dans la rue et par la grève ?

Le déconfinement est en réalité à peine entamé que déjà les serviteurs du pouvoir croient pouvoir pavoiser, comme si de rien n’était, comme si rien ne s’était passé, comme s’il fallait à toute vitesse « passer à autre chose ». Pour ces confinés « de luxe », l’heure est désormais à « sauver, reconstruire l’économie ».

Mais, qui veulent-t-ils sauver ? Les travailleurs et travailleuses étranglés par le confinement, le télétravail, le chômage, la précarité, la faim et la misère ? Les commerçants écrasés par les banques ? Les soignants et le personnel de santé épuisés par le combat contre le Covid19 ? Non, bien sur que non.

Ce que les serviteurs du pouvoir veulent, c’est sauver les riches, sauver les patrons, sauver ceux qui refusent de payer l’ISF, sauver les criminels en col blanc, sauver les responsables des désastres sanitaires, sociaux, économiques.

C’est bien parce que cette colère larvée monte en puissance que se multiplient les appels au dialogue social, en même temps que les éditocrates à la botte du pouvoir et les directions des syndicats-traitres se déchainent contre la CGT, coupable et responsable d’avoir protégé les travailleurs de l’usine Renault de Sandouville en saisissant la justice.

Comment pourront-t-ils d’un côté minimiser de manière scandaleuse les entassements forcés de travailleurs dans les métros, RER, et bus bondés, et de l’autre côté juger et condamner des droits de retrait et des grèves légitimes ainsi que des rassemblements effectués, non seulement en toute connaissance de cause mais également avec le respect le plus strict des gestes barrières ?

Cette infantilisation insupportable de nos vies et de nos luttes doit cesser. Combien de temps encore allons-nous rester les bras croisés alors que la colère sociale gronde et ne demande qu’à s’organiser pour pouvoir, enfin, écraser ce pouvoir illégitime et lui rendre la monnaie de sa pièce ?

Balayons les appels au pseudo dialogue social. Espérons, et surtout agissons, pour que les mois de mai, juin, juillet soient l’occasion d’un retour en force du mouvement social, dans toute sa diversité.

Le feu couve encore sous la cendre. Soufflons sur les braises.

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