ArcelorMittal liquide l’emploi et l’industrie, plusieurs centaines d’emplois en jeu
La liquidation de l’industrie française par le patronat se poursuit, « quoi qu’il en coûte ». Le groupe ArcelorMittal a annoncé la suppression de 636 emplois dans le nord de la France, touchant les fonctions support délocalisées de l’Europe vers l’Inde, mais aussi la production.
Le projet concerne les usines de Dunkerque, Florange, Basse-Indre, Mouzon, Desvres et Montataire, qui emploient au total quelque 7 100 salariés. Au total, en Europe occidentale, « entre 1 250 et 1 400 postes » dans les fonctions non directement liées à la production d’acier seront transférés en Inde et en Pologne.
Depuis la fusion d’Arcelor et Mittal en 2008, le groupe qui comptait 28 000 salariés en France a divisé ses effectifs par deux dans l’hexagone et multiplié les fermetures de sites.
Opportuniste et sans scrupules – même selon les standards patronaux -, le groupe Arcelor Mittal qui a largement bénéficié – comme les autres grands groupes – de l’aide publique (300 millions d’euros pour la seule année 2023), externalise, rationalise et supprime des postes, empoche les bénéfices en Europe pour investir en Asie (importe de l’acier chinois ou indien en France à prix cassé) puis délocalise la production. Une tendance générale dans le secteur de l’acier : en dix ans, la production d’acier en Europe est passée de 7 % de la production mondiale à 4 %.
Le groupe a ainsi fermé, dès 2008, l’aciérie de Gandrange en Moselle, avec un millier d’emplois en moins à la clé. En 2013, la vallée de la Fensch voisine voit sa filière liquide démantelée avec arrêt des hauts-fourneaux, de l’aciérie et de la coulée continue : 629 emplois supprimés.
Cité par la presse, Gaëtan Lecocq, le secrétaire général de la CGT ArcelorMittal Dunkerque a expliqué : « Si on veut tuer une entreprise, on ne peut pas faire mieux ». Ce projet, « incohérent » et « incompréhensible », va « déstabiliser des services stratégiques » et aussi « mettre en danger les salariés de l’usine et le territoire du Dunkerquois », car il touchera notamment des salariés chargés de la sûreté du site industriel, a-t-il ajouté.
Comme nous l’avons écrit dans notre analyse du massacre en cours dans les industries (notamment chimiques et métallurgiques), « Face à la jungle capitaliste, sa loi du profit et de la concurrence, aucun gouvernement ne nous sauvera des fermetures d’usines. Soyons convaincus que personne ne nous sauvera à part nous-mêmes. Rappelons partout que la force des travailleurs, c’est la grève ; les luttes doivent être unifiées afin de permettre une action collective de toutes les usines, ensemble et en même temps. C’est bien ce saut qualitatif et quantitatif qui est aujourd’hui nécessaire : des grèves partout en défense et en solidarité de l’emploi par la classe ouvrière elle-même. […]
La lutte « tous ensemble et en même temps » des travailleurs est pourtant une urgence ! La nationalisation, avec expropriation totale, et sous contrôle des travailleurs, est une revendication clé et unitaire, et porte un objectif très concret. Portons ensemble, face au patronat, des luttes offensives qui refusent les fermetures d’usines et les licenciements. Des solutions très immédiates se posent d’emblée : pour financer le maintien de l’emploi et de l’activité, ce sont les caisses des patrons et actionnaires de Valéo, Exxon, Renault, Yara, Stellantis, Michelin, Solvay, Arkema, Total… qu’il faut (largement) ponctionner. »