En région parisienne, la mobilisation simultanée et inédite des salariés de l’énergie, des agents de propreté de la ville de Paris et des éboueurs, en grève depuis dix jours, se fait toujours ressentir dans les rues. Depuis le 23 janvier, toute la chaîne de gestion des déchets ménagers est perturbée par la grève et la mise à l’arrêt des trois plus grands sites de la région parisienne.
Après un deuxième arrêté du préfet de police de Paris multipliant les réquisitions des personnels en grève, les deux fours d’Issy-les-Moulineaux, destinés à valoriser les ordures ménagères en les brûlant, ont redémarré dans la nuit de mercredi 5 au jeudi 6 février.
Toutefois, malgré l’interdiction de facto de la grève par le préfet, ce redémarrage partiel des fours ne permettra pas un « retour à la normale » avant plusieurs jours.
Impulsée par la CGT Énergie, l’arrêt des 3 unités d’incinérations de Saint-Ouen, Isséane-Issy-Les-Moulineaux et Ivry-sur-Seine, qui traitent 6000 tonnes de déchets par jour, a sérieusement perturbé le ramassage des poubelles dans plusieurs arrondissements parisiens.
« La majorité des bennes ne peuvent plus être vidées. Malgré la mobilisation du service, toutes les ordures ménagères des Parisiens ne peuvent être collectées », précisait ainsi dimanche dernier la ville de Paris sur son compte Twitter. 84 communes d’Ile-de-France sont également touchées par cette grève, qui a été reconduite par les grévistes en Assemblées générales jusqu’au 7 février.
A l’instar des égoutiers, dont l’espérance de vie est réduite de dix-sept ans par rapport à la moyenne nationale, les éboueurs ont une espérance de vie réduite de sept ans. La réforme des retraites prévoit de supprimer la reconnaissance de la pénibilité de leur métier, qui leur permet actuellement de prendre leur retraite anticipée.
Les centres de traitement des déchets sont à l’arrêt depuis le 23 janvier
Plus de dix jours après le vote par les salariés grévistes de l’arrêt des trois incinérateurs d’Île-de-France, six des sept fours sont toujours éteints et seul un des fours de Saint-Ouen fonctionne au ralenti.
La CGT organise également le filtrage des bennes entrantes à Saint-Ouen et un arrêt de la gestion des fosses à Isséane et Ivry-sur-Seine. Ainsi, les bennes ne peuvent plus déverser leurs déchets et repartir faire la collecte.
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Selon Julien Lambert, responsable syndical à la Fédération nationale CGT Mines et Energie, la grève a non seulement provoqué « l’accumulation des déchets » mais également entraîné « l’arrêt de la production d’énergie verte pour la compagnie parisienne de chauffage, qui permet de chauffer 300 000 logements quotidiennement ». La production quotidienne de « 250 mégawatts d’électricité pour EDF a également cessé depuis le 5 décembre ».
Réquisitions des grévistes et collaboration entre le préfet Lallement et la maire de Paris
A la demande du Syctom, qui gère les déchets de 6 millions de Franciliens et reconnaît que « la situation devient critique », le préfet a annoncé la réquisition de salariés pour casser la grève en gérant de manière minimale l’amoncellement de poubelles en dirigeant notamment les contenus des bennes vers des centres d’enfouissement.
La CGT Énergie ne compte pas s’opposer à la réquisition « pour ne pas mettre en difficulté les salariés réquisitionnés », a par ailleurs expliqué à l’AFP Julien Lambert. La CGT a également rejeté la responsabilité sur le gouvernement qui « refuse d’entendre les revendications des travailleurs et le mécontentement de la population ».
De son côté, le syndicat CGT Filière Traitement des Déchets Nettoiement Eau Egouts Assainissement (FTDNEEA) a haussé le ton dans un tract paru le 4 février. Appelant à continuer le combat et à amplifier le mouvement, le syndicat a appelé les travailleurs à « cesser le travail et à s’emparer de [leurs] outils de travail ».
De plus, et selon la CGT FTDNEEA, la maire de Paris, Anne Hidalgo et le préfet Lallemand travaillent « main dans la main pour briser la lutte des travailleurs qui se battent contre la réforme des retraite ».
« Nous ne sommes pas payé pour faire la campagne d’Hidalgo. […] La mairie de Paris est responsable du licenciement de deux syndicalistes CGT qui ont été les premiers à payer le prix fort pour avoir lutter contre la politique de ce gouvernement. », précise le communiqué du syndicat, avant d’ajouter : « La Maire de Paris est responsable des évacuations par les forces de police de nos blocages, la police a indiqué systématiquement qu’elle était réquisitionnée par la Maire de Paris ».