Contre le Budget 2026 : “Connais ta force, Prolétariat, et déchaine là”

Contre le Budget 2026 : “Connais ta force, Prolétariat, et déchaine là”

Le projet de loi de budget 2026 pour l’Etat et la Sécurité sociale envoyé par l’Assemblée nationale au Sénat est une copie conforme des plans austéritaires proposés puis imposés, année après année, par le Président et ses Premiers ministres. Pour 2026, pas moins de 31 milliards d’euros d’économies sont envisagés, dont 4,7 milliards d’économies imposés aux collectivités locales, donc à la population, et 17 milliards que le gouvernement veut récupérer sur les dépenses de l’État.

Ce projet de budget, qui sera encore aggravé au Sénat, dévoile la conséquence du choix du Parti Socialiste de chercher à co-gouverner avec la Macronie et la droite. Comme toujours, les seules véritables mesures votées sont dirigées contre la classe ouvrière et l’ensemble des travailleurs et des travailleuses.

De même, et si le mur du silence commence à se fissurer autour de l’ampleur (et du bilan) des aides publiques aux entreprises (près du tiers du budget de l’Etat chaque année), le patronat reste protégé par ses obligés au Sénat et à l’Assemblée nationale.

Alors que les thématiques (anxiogènes) de la dette et du déficit sont instrumentalisées pour justifier la coupe massive et brutale dans les dépenses sociales, le patronat a obtenu gain de cause : aucune taxe, même minime, supplémentaire pour “mettre le Capital à contribution”. Et surtout : aucune remise en cause des centaines de milliards d’aides publiques aux entreprises annuelles sans contrepartie. Pire, les patrons ont même obtenu la diminution puis la suppression d’un des impôts de production qu’ils décriaient, la Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE).

Et pendant ce temps ? Les suppressions d’emplois se poursuivent chez Stellantis, Sanofi ou Novasco, et les salaires-pensions-allocations réels stagnent ou régressent pour la majorité des travailleurs tandis que les services publics sont asphyxiés et artificiellement dégradés par des décennies d’austérité chronique.

Le Premier ministre affirme que le projet de budget pourrait être adopté avec un nombre suffisant de députés. Le Pouvoir pourrait également passer en force avec le recours surprise au 49.3 ou la voie des ordonnances. Bien entendu, et à l’inverse, les événements peuvent aussi s’accélérer et conduire, in fine, à la chute du gouvernement Lecornu avant Noël, puis l’adoption d’une loi spéciale budgétaire “d’urgence” par l’Assemblée nationale.

Mais, en cette fin de mois de novembre, le Pouvoir a la main politique, pour le moment. Si le gouvernement est à l’initiative, il le doit non seulement au Rassemblement national et au Parti Socialiste, alliés de circonstances, mais aussi aux choix scandaleux des directions syndicales confédérales qui ont décidé en septembre et octobre de “tuer dans l’œuf” toute perspective d’une lutte prolongée, offensive et ancrée par la grève sur les lieux de travail, et qui aurait de fait remis en cause la « stratégie » menée par l’intersyndicale et les différentes Confédérations syndicales depuis 30 ans.

La classe ouvrière peut et doit riposter

Nous en sommes là : après la vague sociale de septembre contre le projet de budget 2026 version Bayrou (identique à celui proposé par Lecornu) retour au point de départ avec l’appel très institutionnel “à peser” par une seule journée “de luttes et d’actions”, à l’appel de la CGT, Solidaires et la FSU le 2 décembre prochain, sans mobilisations/impulsions confédérales constructives en amont ou en aval, calée sur l’agenda parlementaire. En un mot, nous subissons, contraints et forcés, la délégation de pouvoir des travailleurs aux “professionnels de la politique” et la poursuite de l’institutionnalisation du syndicalisme de classe et de masse. Avec le résultat et l’efficacité qu’on connait.

Bien entendu, la date du 2 décembre, constitue aussi un moment de mobilisation qui pave la voie à la construction d’un mouvement de grande ampleur contre le budget et plus largement contre la politique au service exclusif des riches et du Capital.

C’est d’ailleurs ce que nous avons écrit dans notre “bulletin national des entreprises” qui propage notamment à la grève nationale interprofessionnelle du 2 décembre : “Trois urgences : bloquer le budget, gagner les salaires, interdire les licenciements” ;  “[…] Le souffle de la rentrée sociale, avec les puissantes mobilisations pour #ToutBloquer les 10 et 18 septembre notamment, avec des milliers d’appels à la grève CGT, a illustré l’ampleur et la radicalité de la colère sociale qui  ne demande qu’à s’organiser et à s’exprimer. »

Nous écrivons aussi : « Contre le budget antisocial, pour l’augmentation générale des salaires : faisons du 2 décembre, journée de grève nationale interprofessionnelle à l’appel de la CGT, le point de départ d’une mobilisation sociale, à partir des entreprises et services, pour #ToutBloquer pour #ToutGagner !”

Car l’expérience – et nous devrions nous inspirer de l’exemple belge des trois journées consécutives de grève générale fin novembre – montre que le gouvernement ne cède que sous la pression extrême d’un mouvement puissant, prolongé, reconductible, capable de paralyser réellement l’économie. Le 2 décembre doit donc être un point de départ, pas une simple balade dans des centres-villes cadenassés par les forces sécuritaires.

Dans les assemblées générales, dans les entreprises et dans la rue, posons partout clairement la question : qui décide, qui produit la richesse, et à qui elle profite ?

Il faut, partout, ici et maintenant, imposer l’idée qu’il n’y aura pas de sortie par le haut pour les travailleurs et les travailleuses sans confrontation directe avec le patronat et sans reprise en main collective des leviers économiques. C’est d’ailleurs le seul langage que comprend vraiment le pouvoir.