Budget : il faut mettre fin au pillage de l’argent public par le secteur privé
Le gouvernement Barnier prépare un tour de vis austéritaire brutal. Le Premier ministre le plus faible et minoritaire de l’histoire de la 5e république prévoie ainsi d’imposer une baisse dans les dépenses publiques de l’ordre de 40 milliards d’euro dans le cadre du projet de budget 2025 :
> L’Etat réalisera lui-même des économies de plus de 20 milliards d’euros, le gouvernement prévoit notamment une baisse des effectifs de la fonction publique.
> La Sécurité sociale sera également saignée. D’une part, les retraites vont être gelées pendant six mois. Elles ne seront revalorisées du niveau de l’inflation qu’au 1er juillet 2025, et non au 1er janvier. D’autre part, les dépenses de l’Assurance-maladie ne devront augmenter que de 2,8 % en 2025.
> Les collectivités locales, qui encaissent le choc du désengagement massif de l’Etat depuis plus de 20 ans, sont incitées par un Etat pillé, à maitriser leurs dépenses.
> En parallèle, les impôts vont être augmentés de 20 milliards d’euros. La contribution « exceptionnelle » au redressement des finances publiques, qui sera demandée par le gouvernement aux Français « les plus fortunés » dans le cadre du projet de budget 2025, concernera 0,3 % des ménages, soit 65 000 foyers fiscaux.
Présentée depuis des mois comme la donnée essentielle à trancher dans l’immédiat par les gouvernants, la question du budget illustre la continuité des politiques pro-patronales, notamment la sanctification des aides publiques directes au secteur privé. C’est ainsi l’occasion, notamment au travers des communiqués des fédérations patronales, de (re)découvrir l’ampleur de l’assistanat d’Etat en direction des entreprises dans le même temps qu’il coupe dans les dépenses publiques et brutalise les chômeurs.
> Les capitalistes vivent sous perfusion d’argent public et profitent des multiples aides, CICE et crédit impôt recherche en particulier, qui se comptent par centaines de milliards chaque année. Ce fonctionnement très opaque de l’aide publique au secteur privé est l’illustration du grand pillage qui a cours dans notre pays, singulièrement depuis l’arrivée de Macron au pouvoir en 2017. Selon les calculs de Mediapart, au moins le tiers du budget de l’Etat partirait chaque année dans les caisses du patronat, nourrir et gavé les actionnaires.
Saviez-vous, pour citer l’exemple du secteur pharmaceutique, qui s’illustre également par la politique de destruction d’emploi au sein de plusieurs grands groupes dont Sanofi, que le crédit d’impôt recherche (CIR) permet à une entreprise de se voir rembourser par l’Etat 30 % de ses dépenses en recherche et développement, jusqu’à 100 millions d’euros, et 5 % au-delà ? Le CIR coûte ainsi 7,1 milliards d’euros par an, au seul bénéficie des patrons.
Par ailleurs, et selon la Cour des comptes, institution néolibérale et antisociale, les baisses d’impôts depuis 2018 ont contribué à augmenter le déficit public : « l’impact est estimé à 62 milliards d’euros en 2023 ». Dans le détail, les réductions ou suppressions d’impôts ont plutôt profité aux plus riches et aux entreprises en particulier les plus grosses. Et ce, alors que l’immense majorité des ménages a dû se contenter de quelques miettes en faveur du pouvoir d’achat, en pleine période d’explosion de l’inflation.
Quelques exemples des diminutions des recettes de l’Etat :
> la transformation de l’impôt sur la fortune (ISF) en en impôt sur la fortune immobilière (IFI), excluant de cet impôt tous les placements financiers ; l
> La diminution de 33,3 à 25 % de l’impôt sur les sociétés,
> La diminution (et la suppression programmée d’ici 2027) de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises a été diminuée, et devrait disparaître d’ici à 2027.
On le voit, ce gouvernement veut nous imposer, dans une continuité totale avec les politiques menées jusqu’à maintenant, une restriction générale et une dégradation globale de nos conditions de vie et des services publics.
Le budget de l’Etat devrait pourtant être avant tout destiné à répondre aux besoins, notamment en réponse à la vie chère, et bénéficier à tous et toutes au lieu d’engraisser une ultra-minorité gavée à hauteur du tiers du budget de l’Etat. Nous avons besoin de mettre de l’ordre dans les comptes publics : c’est-à-dire mettre fin au pillage des caisses publiques par le secteur privé, placer les grandes entreprises et leurs filiales sous le contrôle des travailleurs.