Vente à perte des carburants : une mauvaise solution
La Fédération nationale des Industries chimiques CGT a réagi dans une déclaration à l’annonce par le gouvernement de l’autorisation de vente à perte des carburants à partir de début décembre « sur une période limitée de quelques mois ».
Cette mesure sera incluse dans le projet de loi sur les négociations commerciales entre les supermarchés et leurs fournisseurs de l’agro-industrie. Celui-ci sera examiné début octobre à l’Assemblée nationale.
Pour la FNIC CGT, « autoriser la vente à perte sera aisément supportable par les pétroliers, où les profits sont générés ailleurs que dans la distribution, mais aussi par les grandes surfaces qui utilisent les carburants comme produits d’appel, et qui sont déjà distribués très souvent à prix coûtant. ». A l’inverse, « ceux qui vont trinquer sont les indépendants, qui risquent d’être nombreux à mettre la clé sous la porte, diminuant encore le nombre de stations-service en chute libre depuis des années et en poursuivant la concentration dans le secteur. », rappelle encore la fédération CGT.
Pour le moment, aucun acteur de la grande distribution n’a encore réagi aux annonces gouvernementales. Même le cabinet patronal Asterès se montre moins optimiste que le pouvoir. « Même si les distributeurs vendaient légèrement à perte, le gain ne serait au mieux que de quelques centimes par litre », peut-on lire dans une note publiée le dimanche 17 septembre.
La « vente à perte » des carburants est ainsi un mécanisme qui, sans apporter de soulagement financier substantiel aux automobilistes, donne l’illusion d’une « mesure forte » alors que les grands groupes ne rogneront pas leurs marges, verront le nombre de clients augmenter, et seront, si besoin, subventionné par de nouvelles aides publiques. Le gouvernement a d’ailleurs déjà fait entendre que les distributeurs indépendants pourraient faire l’objet d’aides publiques.
Il y a lieu, également, de s’interroger sur le rôle joué par le patronat du transport routier dans la série de mesures décidées par le gouvernement.
Les syndicalistes des industries chimiques pointent du doigt un tour de passe-passe gouvernemental inacceptable : « nos impôts doivent-ils servir à subventionner les distributeurs de carburants, alors que l’hôpital et l’école sont en manque désespéré de moyens, telle est la question ! ». En effet, d’autres moyens, bien plus efficaces et justes, existent pour faire baisser les prix de l’essence et du gazole qui étranglent les travailleurs.
Par exemple, les profits gigantesques engrangés par les grands groupes pétroliers peuvent être confisquées et expropriés pour financer la réponse aux besoins des populations. Au-delà de la confiscation des profits, il convient bien, comme le proposait la FNIC CGT et la FNME CGT, d’établir la nationalisation des énergies (gaz, pétrole, électricité). L’échelle mobile des salaires, indexée sur l’inflation, est évidemment indispensable.
Ou, comme le propose encore la FNIC CGT pour faire face à l’inflation : bloquer les prix, c’est-à-dire « fixer réglementairement le prix des carburants, comme avant 1986 en période de forte inflation, et comme dans beaucoup de pays dans le monde aujourd’hui, DOM-TOM compris. Baisser les taxes sur les carburants, taxes injustes qui frappent indistinctement les pauvres comme les riches. Pour mémoire, la France fait partie des pays les plus taxés au monde sur les carburants. ».
Rappelons le rôle joué par le prix du carburant dans l’explosion sociale qu’a connu notre pays fin 2018 avec le mouvement des gilets jaunes et qui a fait tache d’huile et entrainé une mobilisation de masse sur des sujets sociaux et démocratiques fondamentaux.
Pour la FNIC-CGT, « la question de la mobilisation se pose avec force. Les salariés doivent débattre dans les entreprises pour imposer des négociations salariales partout, seule réaction pérenne à l’inflation des prix et aux mesures d’opérette dictées par le président des riches ! »