«La colère couve, il y a les braises sous les braises» : plusieurs milliers de personnes se mobilisent pour l’Acte 43 des Gilets jaunes

Des milliers de gilets jaunes ont manifesté dans plusieurs villes du pays, le 7 septembre dernier, pour le 43e samedi consécutif. La répression policière a été une fois de plus au rendez-vous. La persistance du mouvement dit « gilet jaune » doit amener les organisations CGT à s’emparer et proposer la convergence des luttes.

Malgré des mois de lutte, malgré une répression d’une violence sans précédent depuis plusieurs décennies, le mouvement des Gilets Jaunes n’est pas mort. La braise est visiblement toujours chaude sous les cendres…

A l’occasion de la 43e journée de mobilisation, près de 3 000 personnes ont ainsi défilé à Montpellier et contredit les propos tenus la veille par le président du groupe LaREM à l’Assemblée nationale Gilles Le Gendre qui affirmait « […]  la crise des Gilets jaunes […] est plutôt derrière nous […] parce que nous avons apporté les réponses appropriées ».

Acte symbolique, les statues de la fontaine de la place de la Comédie ont été recouvertes d’un gilet jaune et d’une banderole «ADP-FDJ, La France n’est plus à vendre », en référence à la lutte contre la privatisation, promulguée par Emmanuel Macron en mai 2019, des Aéroports de Paris et de la Française des jeux.

Des défilés ont également été organisés aussi à Lille, Strasbourg et Toulouse. A Bordeaux, pompiers et gilets jaunes ont défilé ensemble près du Parc des Expositions où se tenait, sous très haute surveillance policière, la rentrée politique de LaREM.

Soutenue par l’Union départementale CGT de Seine-Maritime, 500 personnes ont défilé à Rouen malgré l’arrêté du préfet de la région Normandie interdisant les manifestations et rassemblements en centre-ville le samedi. L’UD CGT de Seine-Maritime avait appelé à cette manifestation « pour l’unité des salariés et des jeunes afin de résister à Macron, aux patrons et à leurs plans destructeurs ». Vingt-six personnes ont été interpellés au cours de cette journée. Au total, 111 personnes ont également été verbalisées pour avoir manifesté dans le périmètre interdit.

À Paris, 55 personnes ont également été verbalisées tandis que d’autres étaient nassées et interpellées. Le secrétaire général de la CGT Paris, Benoit Martin, a lui aussi été interpellé avant d’être relâché dans la soirée. L’union départementale CGT de Paris avait entre-temps condamné cette nouvelle entrave au droit de manifester et appelé au rassemblement immédiat pour exiger la libération de tous les manifestants.

« La colère couve, il y a les braises sous les braises », affirmait encore Philippe de Veulle, avocat de Gilets jaunes, le 6 septembre. Si Emmanuel Macron pensait avoir réussi à éteindre la grogne sociale et les rassemblements hebdomadaires du samedi, force est de constater que les Gilets jaunes n’ont pas disparu, tout comme n’ont pas disparues les raisons profondes qui ont conduit à l’éclosion de cette forme de contestation sociale composite et multi forme en novembre 2018.

Les Gilets jaunes, la classe ouvrière et la CGT

Il est évident que le mouvement des Gilets Jaunes a amené de nombreux débats dans la CGT. Mouvement spontané, protéiforme, parti d’une fronde contre la hausse des taxes sur l’essence : nul ne pouvait savoir ce que la première journée de mobilisation, le 17 novembre dernier, entrainerait comme mouvement plus large.

L’ambigüité du mot d’ordre originel pouvait conduire à toutes les impasses, à toutes les dérives. Au début, les libéraux de tous poils soutenaient le mouvement, de même que de nombreuses franges des milieux patronaux, entretenant un flou malsain entre « taxes » et « charges », mais aussi de nombreux éléments ou groupes fascistes qui introduisaient les thématiques de l’immigration et du concept théorique raciste et mensonger du soi-disant « grand remplacement ». Mais très vite, sur les ronds-points et dans les manifs du samedi, la classe ouvrière a trouvé son chemin et s’est mise à parler SMIC, retraites, privatisations, ISF, démocratie, justice sociale.

Et si nombre d’entre eux vomissaient les syndicats (bien aidé par les éléments d’extrême droite), les considérants comme partie du « système », les recherches de convergences se sont fait jour très rapidement. De nombreuses Unions Locales CGT dans toutes la France et même certaines Unions Départementales CGT comme celles des Bouches du Rhône, du Val de Marne, de Haute Garonne, du Nord et de Paris ont rapidement pris le pli de la convergence sans suivisme, avec des actions fortes comme le blocage du MIN de Rungis.

Cette logique a même permis l’appel commun à manifester à Paris le samedi 27 avril, lancé par 8 UD CGT (13, 94, 59, 41, 66, 95, 18), 2 fédérations CGT (Chimie et Commerces) et des Gilets Jaunes. Cet appel a été par rallié par d’autres fédérations (Services publics, organismes sociaux), UD (82) et des dizaines de syndicats CGT locaux et nationaux. Plusieurs milliers de gilets rouges ET jaunes ont donc battus le pavé parisien ensemble, ce jour-là !

Une convergence nécessaire, dans le respect mais sans se cacher qu’il va falloir passer des ronds-points aux entreprises et passer des manifs aux grève pour paralyser l’économie !

Car enfin, ces dizaines de milliers de prolétaires, de précaires, de retraités inorganisés, qui cherchent à lutter pour la justice sociale, auraient vocation à s’organise à la CGT. Ce mouvement est AUSSI le produit du recul, de l’affaiblissement de notre syndicalisme de classe et de masse.

Les organisations de la CGT doivent donner un débouché gagnant à ce mouvement dans les entreprises sur tout le territoire ! Cela AUSSI doit être un point d’appuis pour le mouvement ouvrier dans la grande bataille pour le salut de notre système de retraite et de la Sécurité Sociale !