SANOFI, GEODIS, PIZZORNO, HEINEKEN : LA FRANCE EN LUTTES

La France en luttes : quelques exemples des grèves et mobilisations menées par les travailleurs, avec la CGT, ces dernières semaines en France.
>>> Grève à Sanofi pour les salaires et l’emploi
Les travailleurs du géant pharmaceutique Sanofi, en grève à l’appel de la CGTdepuis le 21 novembre – pour l’augmentation des salaires, et pour l’embauche et l’emploi stable – font monter la pression sur le groupe avec l’appel à la grève reconductible lancé par la CGT sur l’ensemble des sites. Un rassemblement a été organisé par la CGT Sanofi devant le siège du groupe, à Gentilly dans le Val-de-Marne le 23 novembre. D’autres actions et rassemblements ont été organisés la semaine dernière.
Comme l’explique la Coordination CGT Sanofi, la direction du groupe “fait mine de ne pas entendre les plus de 2500 grévistes et les 400 rassemblés devant le siège de Sanofi France hier 23 novembre” et “s’arrange pour que [les manifestants] soient gazés et frappés par les forces de l’ordre”, déployées en grand nombre autour du siège.
« La hauteur du mépris de Sanofi, se mesurera à la force de mobilisations des travailleurs », a rappelé la CGT Sanofi dans un tract. Le syndicat exige non seulement le rattrapage de l’inflation en 2022 et donc l’augmentation collective de 5% rétroactif à janvier 2022, mais aussi une augmentation collective de 10% avec un talon de 500 euros pour 2023.

La CGT revendique aussi une prime exceptionnelle sur les résultats du groupe, une prime d’ancienneté, l’embauche en CDI des précaires du groupe. Pour le syndicat, la semaine de 32h et la semaine de 4 jours constituent également un axe revendicatif majeur.

>>> Geodis : victoire des travailleurs précaires dans la logistique

Après plus d’un mois de grève reconductible, les travailleurs de la plateforme logistique de Geodis à Gennevilliers ont arraché des augmentations de salaires.

La grève, menée par la CGT depuis le 17 octobre avec pas moins de 80% salariés grévistes, a a mis quasiment à l’arrêt les lignes de production été paralysé la plateforme chargée du triage des colis spécialisée dans la distribution Express, mettant en importante difficulté cette filiale de la SNCF spécialisée dans le transport routier.

Les travailleurs de Geodis ont ainsi gagné une augmentation des salaires de 4% pour l’ensemble des salariés sous forme « d’avance NAO », 17,50 euros supplémentaires pour les salariés avec une paie inférieure à 1800 euros bruts, ainsi qu’une prime de 600 euros bruts sous forme d’une « avance de complément d’intéressement » et de « prime qualité ».

A ces augmentations, s’ajoutent la revalorisation de 6% des minimas de branche à partir du 1er décembre 2022 pour les salariés rattachés à la convention collective des transports routiers de marchandises – comme les travailleurs de Geodis –  suite à la signature d’un accord le 25 octobre dernier.

Cette grève, pour les salaires et contre les cadences infernales et les mauvaises conditions de travail, dans un secteur particulièrement dominé par le patronat, est un gage d’espoir pour tous les travailleurs précaires, et de la logistique et des autres secteurs. Cité par l’AFP, Mouloud Sahraoui, secrétaire général CGT Geodis-Calberson, a expliqué : « « Nous sommes satisfaits mais il reste encore beaucoup de choses à faire ».

Rappelons que Geodis, leader de la logistique en France et filiale de la SNCF, assure la distribution par camion de colis en France. La plateforme de Gennevilliers fait partie des plateformes de Geodis «express», particularité qui impose une cadence plus rapide. Environ 300 tonnes de colis y transitent chaque jour.

>>> Retour sur la victoire des grévistes de Pizzorno

La grève massive des ripeurs de Pizzorno fin octobre, à Paris et dans le Val-de-Marne est une démonstration exemplaire de la force dont disposent les travailleurs lorsqu’ils décident d’arrêter le travail.

Pendant plus d’une semaine, Pizzorno Environnement, un des délégataires propreté de la ville de Paris et de plusieurs communes du Val-de-Marne, dont l’un des centres se trouve à Vitry-sur-Seine, a ainsi été paralysé par la grève.

Cité par la presse, Abdelkader Mekhti, délégué central CGT Pizzorno relevait la tentative de l’entreprise de casser la grève : « Des intérimaires font le travail que nous ne faisons pas. Ils sont mandatés par d’autres sociétés. Ainsi, ils brisent la grève. » Le syndicaliste expliquait également la crainte des grévistes de voir l’entreprises faire venir des conducteurs de camion de la vingtaine d’autres centres logistiques du groupe en France”.

Malgré ces manœuvres du patron, les grévistes ont obtenu gain de cause : « les salariés ont obtenu 5 camions-bennes hebdomadaires de plus alors que 2 avait été retirés en septembre 22 ce qui avait déclenché le mécontentement, indique entre autres l’Union locale CGT de Vitry-sur-Seine. Une prime encombrant a été obtenue pour les salariés travaillant dans le territoire du T12 et la direction s’est engagée à négocier les revendications des salariés aux prochaines négociations obligatoires dans l’entreprise de février 2023 ».

A noter que les travailleurs de Pizzorno et leur syndicat CGT ont pu compter sur la solidarité interprofessionnelle dans le Val de Marne, avec notamment le soutien de l’Union départementale CGT, d’Unions locales du département et de syndicats de la CGT, venus aider et soutenir, ou encore alimenter la caisse de grève.

>>> Les travailleurs en lutte contre la fermeture programmée de la brasserie Heineken de Schiltigheim

Heineken a annoncé la fermeture de la brasserie de Schiltigheim (Alsace), provoquant le licenciement de 220 personnes d’ici 2025. En réponse, les travailleurs se sont mis en grève le mardi 15 novembre.

Citée par Rue89 Strasbourg, une travailleuse du groupe, cariste en CDI depuis 5 ans explique : « J’ai été intérimaire pendant 12 ans avant d’obtenir ce poste fixe. Il fallait toujours refaire ses preuves dans les nouvelles entreprises, prendre un nouveau rythme. J’étais souvent stressée, avec la pression de ne pas travailler assez, la peur de ne pas réussir à payer les factures. Là, j’ai enfin une situation plus confortable. J’habite à Cronenbourg, je viens à vélo, j’aime mon équipe, je gagne 1 800 euros nets. C’est dur de se dire que je vais certainement replonger dans ma vie d’avant, et avoir une baisse de revenu. »

Le géant néerlandais explique sa décision de fermeture de l’usine par la « baisse des parts de marché ». Pourtant, le groupe a réalisé plus de 3,32 milliards d’euros de bénéfices rien que sur l’année 2021.