« On ne paie plus » : et si la grève des loyers faisait tâche d’huile ?

« Nous, signataires, décidons de suspendre le paiement de notre loyer durant l’épidémie, par solidarité avec les locataires en difficulté et pour la mise en place d’un moratoire pendant la pandémie et ses suites » : alors que le mouvement de grève des loyers prend de l’ampleur en Espagne et aux Etats-Unis, des associations et des syndicats ont appelé à la suspension du paiement des loyers en France pendant la durée de la pandémie, exigeant un moratoire des loyers.

Nous écrivions, dans un précédent article, que le coronavirus et le confinement n’avaient certainement pas aboli la vie chère et les situations de précarité. Malgré la multiplication des licenciements et l’utilisation massive du mécanisme de chômage partiel, le gouvernement continue d’exiger que les travailleurs paient rubis sur ongle leurs quittances de loyer, les factures d’énergie, les achats de produits de première nécessité.

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Dans ce contexte social aggravé par le confinement, le report de deux mois de la fin de la trêve hivernale, des expulsions et des coupures d’électricité, annoncé par le gouvernement, est largement insuffisant et ne répond pas aux besoins fondamentaux de la population, qui s’exprimaient d’ailleurs bien avant la crise sanitaire, sociale et économique.  Comme souvent avec le pouvoir en place, la communication prime sur les actes réels et concrets.

« Nous ne demandons pas l’aumône, nous voulons des mesures indispensables pour éteindre l’incendie qui s’annonce » : précisent ainsi les associations et syndicats qui exigent la suspension de toute sanction à l’encontre des locataires, une baisse des loyers, l’augmentation des APL et la réalisation massive de « vrais logements sociaux ».

Le lancement de cette campagne d’envergure nationale « Loyersuspendu.org », initié par l’association Droit au Logement (DAL) est co-signé, entre autres, par ATTAC, la CGT Chômeurs et précaires, l’UD CGT Paris etc.. qui relèvent que le confinement fait porter aux ménages populaires une « charge financière supplémentaire » et une « hausse de la charge alimentaire » en raison, notamment, de la fermeture des cantines scolaires ou d’entreprises.

Les signataires dénoncent ainsi l’urgence sociale dramatique et les difficultés économiques, qui précédent la crise du coronavirus mais explosent avec le confinement : « dispositifs de chômage partiel qui ne compensent pas la diminution du salaire, absence totale de revenus pour beaucoup de travailleurs parmi les plus précaires ou du secteur informel, risque de licenciements économiques accru ».

A l’opposé de l’actuelle gestion, capitaliste, autoritaire et cacophonique, des hommes et des biens, un gouvernement au service du peuple, et non du profit, aurait immédiatement annoncé la suspension des loyers, la collectivisation, centralisation et planification des activités économiques pour répondre aux besoins fondamentaux de la population en matière de santé, logement, travail, alimentation, énergie, etc…

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