La loi Pacte, promulguée le 22 mai 2019 par le président de la République, a déclenché une vague de privatisations inédite depuis le début des années 2000. Initiée et soutenue par la CGT, la bataille contre la privatisation d’ADP peut permettre d’empêcher la vente des biens du peuple.
Dans un communiqué publié le 13 juin, la CGT a affirmé que l’avenir d’Aéroport de Paris était un « enjeu national » et posait « la question des biens publics et des services publics ». La Confédération a par ailleurs rappelé que « 55 entreprises nationales ont été privatisées […] » de 1986 à 2017.
Pour aller plus loin : lire le communiqué de la CGT
Salariés comme usagers, nous avons TOUS payés pour voir les conséquences des privatisations à la Poste, EDF-GDF, Air France, autoroutes et autres : elles sont toujours synonymes de purges dans les effectifs, de casse des salaires et des conditions de travail, de fermetures de site, de baisse du niveau de service et d’augmentations drastiques des prix pour satisfaire la voracité des actionnaires privés, au détriment du service rendu aux populations.
Promulguée fin mai 2019, la loi Pacte vise, entre autres, à faire disparaître le seuil de détention minimale de l’Etat. Trois entreprises sont concernées par le dossier « privatisations loi Pacte » : Engie (ex GDF-Suez), Aéroports de Paris (AdP) et la Française des Jeux (FdJ).
A la différence du groupe ADP et d’Engie, la Française des jeux n’est pas (encore) cotée en bourse. L’Etat possède actuellement 72% du capital de la FDJ et la privatisation pourrait avoir lieu « fin novembre, voire même début novembre », selon les propos tenus le 1er septembre par le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire. D’après la loi, l’Etat restera « actionnaire minoritaire » de la FDJ, à hauteur de 20%.
Objectif RIP : faire signer 4,7 millions de Français contre la privatisation d’ADP avant le 13 mars 2020
Rappelons tout d’abord quelques chiffres, Aéroports de Paris c’est :
- 105 millions de voyageurs en 2018, qui passent en moyenne 3 heures dans les terminaux
- 200 compagnies aériennes clientes
- 150 millions de bagages qu’il faut scanner, embarquer ou débarquer.
- Un chiffre d’affaires de plus de 4,5 milliards d’euros, pour un résultat net de 600 millions d’Euros et 10% de croissance par an !
- 6 500 salariés directs, 50 000 emplois permanents avec les fournisseurs, agents de service et les partenaires commerciaux.
L’Etat possède actuellement 50,63% du capital du Groupe ADP, pour une valeur d’environ 8 milliards d’euros. La privatisation du groupe Aéroports de Paris (ADP), l’exploitant d’Orly, Roissy, du Bourget et d’une dizaine d’autres aéroports, est toutefois suspendue provisoirement par la procédure du Référendum d’Initiative Partagée (RIP).
Obtenue après plus de 2 ans de mobilisation de la CGT auprès des citoyens et des élus, la pétition contre la privatisation d’ADP a en effet été ouverte du 13 juin 2019 au 13 mars 2020 (https://www.referendum. interieur.gouv.fr/soutien/etape-1).
Très limitée dans sa forme actuelle, la procédure du RIP a été introduite dans la Constitution en 2008 et suppose la collecte préalable de 4 717 396 signatures (10% du corps électoral) pour tenter d’obtenir un référendum.
Le 29 aout dernier, le Conseil Constitutionnel annonçait « 713 000 soutiens » à la proposition de loi référendaire « visant à affirmer le caractère de service public national de l’exploitation des aérodromes de Paris ». Si ce nombre de signataires reste insuffisant pour le moment, cela témoigne d’un engouement, et d’un engagement certain, de la part de très nombreux Français pour sauvegarder le caractère public de nos infrastructures.
Signer, faire signer, et surtout… lutter !
Véritable marathon, le RIP est loin d’être gagné. Malgré les habituels écrans de fumée gouvernementale et les tracasseries administratives, cette procédure a toutefois le mérite de placer l’Etat et le groupe ADP sous le feu des projecteurs. Et de remettre en cause le principe, sacro-saint selon nos gouvernants, des privatisations.
Cette procédure est importante, elle vise à rallier les citoyens à la lutte des salariés pour la défense de leur outil de travail, de leur statut et de leurs conditions de travail, face au vampirisme de l’actionnariat privé. Mais elle ne peut, en aucun cas, se substituer à la lutte !
Le référendum contre la privatisation de la Poste avait lui aussi été un succès, mais n’avait pas été pris en compte par le gouvernement ! De plus, l’exemple du refus des politiques, de gauche comme de droite, de reconnaitre le vote majoritaire contre le Traité Constitutionnel Européen nous a bien appris que les gouvernements au service du capital n’ont que peu faire du respect pour la démocratie lorsque les choix du peuple vont à l’encontre de l’agenda du marché.
Le référendum est un fantastique outil de propagande, qui dépasse même la question d’ADP pour poser la question des privatisations et revendiquer un bilan et la renationalisation des entreprises stratégiques, des autoroutes, etc… Si chaque organisation professionnelle et territoriale de la CGT doit s’en emparer, il ne saurait se substituer à la nécessité de la lutte, du blocage des profits par la grève pour repousser les attaques du patronat et de son gouvernement.
1 thought on “Référendum contre la privatisation du groupe Aéroports de Paris : un « enjeu national », historique et populaire”
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