Après Conflans

Dix jours après le meurtre sordide à Conflans-Sainte-Honorine, le 16 octobre dernier d’un enseignant, décapité par un jeune islamiste de 18 ans fanatisé et à la recherche d’une victime depuis plusieurs semaines, l’espace médiatique et politique est toujours autant saturé par des attaques tout-azimuts, souvent contradictoires les unes aux autres, mélangeant tout et son contraire.
Traités de parias, des millions de Français de confession musulmane se retrouvent, par un mécanisme médiatique désormais bien huilé, mis au ban de la Nation pour un crime qu’ils n’ont pas commis.
 
En plein désastre sanitaire, économique et sociale, la désignation par le pouvoir et les élites d’un pseudo ennemi de l’intérieur ne cherche qu’à désigner un bouc émissaire fantasmé. Les prises de paroles en continu et les gesticulations ridicules du ministre-violeur de l’Intérieur libèrent, légitiment et sanctifient la parole raciste et les discours haineux.
 
Évidemment, les éditorialistes et les politiciens taisent toute remarques sur les alliances politiques, stratégiques et militaires de notre pays avec les pires puissances réactionnaires et obscurantistes du monde.*
 
La suffisance morale avec laquelle se drapent les discours haineux est particulièrement hypocrite et inquiétante. Car elle survient dans un contexte d’état d’urgence sanitaire, de couvre-feu, de restrictions drastiques des libertés (de circulation, de réunion, et… d’expression) amenées à perdurer dans le temps et qu’elle se situe dans un contexte où la classe parasite qui a porté Macron au pouvoir est fébrile car elle se sait colosse aux pieds d’argile.

Quel rôle pour les militants ouvriers et syndicalistes CGT, dans la période ?

La CGT porte des valeurs, des principes et un projet de transformation radicale et émancipatrice de la société, basée sur le partage du travail et des richesses produites par la classe ouvrière et sur la satisfaction de l’ensemble des besoins sociaux immenses du peuple. Il est temps de rappeler à ceux qui nous gouvernent que la classe ouvrière est une et indivisible et que nous nous opposons frontalement aux frères jumeaux que sont le racisme et l’intégrisme.
 
Nous devons resserrer les rangs : il n’y pas de place pour le racisme dans notre CGT. S’il n’y a pas de place pour les discours obscurantistes religieux, il n’y a pas de place non plus pour ceux qui désirent un nouvel apartheid au nom de valeurs qui empruntent davantage aux Obscurités qu’aux Lumières.
 
Soulignons d’ailleurs que face à la récupération de l’attentat, ignoble et indécente, par des charognards qui n’ont même pas respecté le deuil et la souffrance de la famille de Samuel Paty, ce sont bien les syndicats CGT de l’éducation qui ont soutenu, accompagné les enseignants meurtris et organisé la plupart des rassemblements de commémoration. Ces syndicalistes CGT ont été exemplaires dans leur manière de vouloir répondre à l’émotion et à la colère, tout en clarifiant immédiatement qu’ils et elles n’accepteraient aucune attaques contre les musulmans.
 
En réalité, nombre de politiques (tous partis confondus), de faux intellectuels « radicaux » et vrais opportunistes, et d’intégristes religieux poursuivent le même objectif : la racialisation et l’essentialisation de la question sociale et ouvrière. Ils veulent diviser le peuple et la classe ouvrière sur des bases culturelles et religieuses, séparer les musulmans du reste de la population en créant de facto une polarisation qui ne bénéficiera qu’aux seules élites.
 
A l’heure où va s’accentuer la chasse et la stigmatisation des musulmans, dans les entreprises, dans la rue, dans les transports en commun, etc… allons-nous prêter main forte à ceux qui dominent et écrasent ? Ou au contraire, allons-nous tendre la main à nos propres frères et sœurs, peu importe la couleur du gilet, de la peau, peu importe les vêtements, peu importe la confession ?
 
Pour notre collectif militant, la réponse est évidente : nous ne laisserons pas faire ceux qui veulent la division de la classe ouvrière. Plus un pas en arrière !
 
* Rappelons au passage que ce sont ces mêmes pays celles-là même qui, aux côtés d’ailleurs de la France, les États-Unis, la Turquie, ont armé, soutenu et financé pendant des années les pseudo rebelles et vrais djihadistes en Syrie, comme ils avaient armé Ben Laden et les talibans en Afghanistan pour embourber l’intervention soviétique venue prêter main forte au gouvernement socialiste et progressiste afghan de Mohammad Najibullah.

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