Réunis en Assises nationales, 400 syndicalistes CGT sonnent l’appel à la riposte générale

Alors que le pouvoir entend éteindre toutes formes de contestations sociales, des centaines de syndicalistes CGT venus de toute la France ont écrit une page d’Histoire syndicale, se rencontrant, échangeant et soulignant ensemble et en même temps, la fonction historique de la CGT pour une vie meilleure et débarrassée du profit, de l’exploitation capitaliste et de l’impérialisme.

Les « Assises nationale de la riposte générale pour un changement de société » ont eu lieu le 29 octobre dernier à Martigues, dans les Bouches du Rhône. Rassemblant au bas mot 400 syndicalistes CGT venus de toute la France et issus de 20 Fédérations CGT et 70 départements, ces rencontres ont été l’occasion d’une large réflexion sur la situation et sur les perspectives de luttes, notamment à la suite des « marches pour l’emploi et la dignité » initiées par l’Union départementale CGT 13 et qui ont culminé à Paris le 17 octobre lors de la Marche nationale.

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Olivier Mateu, secrétaire général de l’UD CGT 13 a, dans son introduction, rejeté d’emblée tout fatalisme, et a affirmé : « il nous faut sortir d’ici, non pas avec toutes les réponses, mais avec la conviction que dans tout le pays, dans toutes nos organisations, nous avons un rôle à jouer pour empêcher le massacre, non pas à venir, mais en cours ».

« L’analyse de classe, c’est notre lumière politique, celle qui éclaire la totalité des enjeux auxquels nous sommes confrontés », a, à ce sujet, martelé Emmanuel Lépine, secrétaire général de la FNIC CGT lors du discours de clôture. « Nous avons besoin d’un sursaut de notre classe sociale, pour se placer en légitime défense. Le développement d’une autre stratégie de luttes, en particulier dans notre CGT, pour inverser la dynamique des reculs sociaux sur le plan interprofessionnel, participe de la même exigence. », a-t-il ajouté, plaidant pour un syndicalisme du « nécessaire » et non du « possible ».

Au terme de la journée, les participants ont approuvé plusieurs motions qui offrent au monde du travail et à l’ensemble des syndiqués CGT une grille d’analyse, plus que jamais nécessaire à l’heure du Covid-19, de la tentation ultrasécuritaire du gouvernement et du règne patronal.

Placer la CGT et son projet de société au cœur des priorités

Une des motions votées permet d’ailleurs de mettre les points sur les i quant au rôle et perspectives des syndicalistes CGT dans la période : « Pour le monde du travail, se défendre contre les conséquences néfastes du dogme de la concurrence est insuffisant, il faut mettre fin aux causes, à savoir le régime économique. Donner aux travailleurs des perspectives politiques concrètes de changement de société est un travail quotidien à articuler avec les revendications immédiates comme les salaires et les conditions de travail et de vie. Le moyen pour y parvenir est l’unité des travailleurs sur ce double objectif commun. »

« Les participants aux Assisses réaffirment le rôle central du syndicat et de l’Union Locale et la dimension révolutionnaire du caractère interprofessionnel de la CGT. Le syndicat, aujourd’hui groupement de résistance, sera dans l’avenir le groupement de production et de la répartition, base d’une nouvelle organisation sociale. », ajoute encore cette motion qui précise : « La démarche pour gagner ce changement de société doit être lisible pour les travailleurs : si l’attaque est globale, la riposte, pour être à la hauteur, doit l’être aussi. Il nous faut construire les cohérences revendicatives pour faire converger toutes les luttes en cours et donner envie, courage et détermination au plus grand nombre. »

Ajoutons qu’au cours de son introduction, le secrétaire général de l’UD CGT 13 a insisté : « Il faut qu’on ait bien en tête que personne ne fera le travail à notre place [et que] que notre responsabilité est de permettre au peuple de s’organiser, de permettre au travailleur de sortir de l’isolement ».

« Dans le système qu’ils nous imposent, il n’y a rien de juste, et on a besoin d’aller sur une démarche interprofessionnelle, y compris pour qu’on donne à notre organisation, la Confédération Générale du Travail, la possibilité d’être l’outil d’unification des travailleurs, l’outil de la transformation de la société. », a-t-il ajouté.

Cette nécessité du « tous ensemble », de l’interprofessionalisation et de la confédéralisation des luttes, a également été soulignée par le secrétaire général de la FNIC CGT. Selon Emmanuel Lépine, « Organiser le syndicalisme interprofessionnel et intergénérationnel, cela signifie ne pas recréer ou laisser perdurer un syndicalisme de spécificités que l’histoire sociale nous a conduits à mettre en œuvre. Agir toutes les professions ensemble […] C’est se doter d’un objectif unique et commun et partagé. Cet objectif unique, c’est le projet de société CGT. Il existe, il est interprofessionnel, il trace les lignes d’une société basée, non sur le capitalisme, mais clairement sur ce qu’il est convenu d’appeler le socialisme, débarrassé des chaines de l’exploitation. »

« Cette démarche est profondément unitaire, unitaire dans la CGT, elle vise à l’unité des travailleurs et non l’addition de sigles syndicaux ni la coïncidence des luttes mais leur convergence. », a encore rappelé le secrétaire général de la FNIC CGT.

Face aux restrictions sanitaires et politiques : un refus clair de la résignation et du fatalisme

Les syndicalistes de classe ont également répondu, d’une seule et même voix, à l’annonce du reconfinement par une motion accusant le gouvernement de « distiller insidieusement la résignation par la peur et par la répression, seuls poisons à leur disposition pour cacher et compenser leur incapacité à répondre aux vrais besoins vitaux d’un pays développé et 6ème puissance mondiale. ».

La motion ajoute que « ces méthodes, dignes d’un régime dictatorial, ont un but ultime : nous réduire à néant, réduire notre existence à une seule fonction productive et annihiler ainsi toute interaction humaine qui risquerait d’alimenter et de déclencher la prise de conscience et la mise en mouvement d’un peuple lassé des nombreuses privations de liberté et de confiscations des droits. »

« Les centaines de militants de la CGT réunis à Martigues ce jour, déclarent solennellement refuser et combattre cette tentative d’anéantissement de la classe ouvrière au profit de la voracité, devenue sans limite, des tenants du capitalisme. », précise encore la motion, affirmant avec force que « ce confinement à géométrie variable n’aura aucun effet anesthésiant sur notre détermination à lutter contre toutes les formes d’attaque contre les droits et les conquis sociaux des travailleurs. Bien au contraire, nous sommes plus que jamais résolus à insuffler le vent de révolte pour faire cesser ce massacre social. »

Un syndicalisme internationaliste et conséquent réaffirmé lors des Assises nationales

Alors que le discours médiatique encourage et magnifie le repli sur soi, les syndicalistes présents aux Asssises ont également replacé le combat syndical à l’échelle internationale : « Partout ou presque, le capitalisme impose sa loi, celle du choix du détournement des richesses créées par les travailleurs et de leur accumulation dans les mains d’une ultraminorité de privilégiés. Cette caste parasitaire est en guerre et elle porte un nom : la guerre sociale ! »

« Le mouvement ouvrier international a toujours été traversé par des débats entre ceux qui cherchaient à accompagner les choix du capital dans un vain partenariat social et ceux qui, comme nous, faisons le choix de transformations radicales. », ajoutent les syndicalistes qui réaffirment : « Nous nous sentons proches de ceux qui, dans leurs pays respectifs, leurs régions et internationalement cherchent à en finir avec la dictature du capital. Leur combat anticapitaliste et antiimpérialiste est le nôtre. »

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Enfin, quelques premières pistes d’action immédiates ont également été vivement discutées, les participants pointant du doigt la nécessité absolue de relance globale de la machine CGT ainsi que la prise en compte de la manifestation nationale annuelle des chômeurs CGT et qui aura lieu cette année le 5 décembre 2020.

« Un plan de travail a été adopté au travers de la motion d’actualité et des perspectives d’action validées par ces Assises, avec l’objectif de bloquer l’économie capitaliste de notre pays, l’arrêt de la machine à profit et à broyer l’Humain. », a, à ce sujet, déclaré Emmanuel Lépine. « Dans cette période particulière de reconfinement dû à la situation désastreuse de notre système de santé, l’heure n’est pas au repli ni à courber l’échine, mais au contraire à élargir, dans les têtes, l’analyse de classe. L’urgence absolue se situe dans la réouverture des lits et services hospitaliers fermés, elle se situe aussi dans un moratoire immédiat de tous les licenciements projetés. », a-t-il ajouté.