Bataille des retraites : pourquoi les taux de grévistes et l’engagement des salariés sont-ils si forts ?

Entamé le 5 décembre, le mouvement social contre la réforme des retraites a ouvert une nouvelle page d’histoire sociale dans notre pays.

Le taux exceptionnel de grévistes, tout secteurs confondus, la reconduction immédiate de la grève dans plusieurs secteurs structurants (SNCF, RATP…), les actions coup de poing, la détermination des travailleurs en lutte, le nombre très élevé de manifestants traduit à bien des égards la compréhension par le plus grand nombre des enjeux de la bataille qui se joue.

Notons, par exemple, qu’il faut remonter à 2010 et le mouvement social contre la réforme des retraites menées sous la présidence Sarkozy pour retrouver un nombre comparable (voire inférieur !) de manifestants. Or, ce mouvement social avait été mené par une intersyndicale comprenant aussi la CFDT. Rien de tel dans la mobilisation actuelle, du moins jusqu’à maintenant. Ce fait traduit l’entrée de centaines de milliers de travailleurs non syndiqués dans le combat de classe.

Pourquoi le mouvement est-t-il si déjà si puissant,  une semaine après le « début » du conflit social ?

Tout d’abord, parce que la CGT est unifiée, garde son cap et maintient un discours clair. Parce qu’on regarde tous dans la même direction. Parce que la CGT reste au cœur du mouvement social, contrairement à ce que certains ont pu dire sur la « fin » du syndicalisme de transformation sociale. En particulier lors de l’agitation médiatique autour des gilets jaunes et la tentative des politiciens et des médias de déposséder la CGT de l’agenda social.

Et pourquoi la CGT est-elle unie ? Parce qu’on a une seule revendication, claire et précise : le retrait de la réforme ! La clarté du mot d’ordre et l’engagement résolu et sans compromis de toute la CGT dans ce combat ne peut qu’amener les travailleurs à se reconnaitre dans le syndicalisme de lutte de classe.

Autrement dit, c’est la question revendicative qui est le moteur de l’engagement. Donner des perspectives revendicatives, lisibles, claires et radicales (et non pas « certains aspects de la réforme sont mauvais, d’autres moins ») est bien la condition nécessaire de la réussite de la lutte. Certains peuvent bien qualifiées ces revendications « d’utopiques », nous avons l’Histoire avec nous.

Ensuite, la recherche de perspectives de luttes par les travailleurs trouve un écho dans les actions de blocages de la production menée par la CGT ainsi que dans les propositions de structures CGT qui appellent, à l’instar de la FNME CGT ou de la FNIC CGT, à la réappropriation des lieux de travail et leurs transformations en « zones de luttes ». Voilà des exemples de débouchés immédiats qui donnent un sens à la lutte et redonnent confiance aux travailleurs en leurs propres forces.

L’unité des travailleurs dans le mouvement social sera l’œuvre de la CGT elle-même

L’engagement massif des syndiqués CGT dans la grève et les manifestations contre la réforme des retraites et la participation active de centaines de milliers de non syndiqués dans la lutte révèlent le sursaut de la classe des travailleurs en situation de légitime défense.

Les sentiments de colère, de frustration, d’impuissance, perceptibles chez de très nombreux travailleurs, peuvent ainsi être dépassés par les travailleurs eux-mêmes. L’envie de riposter à un pouvoir qui écrase tout sur son passage, doit toutefois avoir un but, une perspective, un sens.

C’est tout le but des actions collectives et organisées. C’est tout l’objectif de l’existence même de la CGT : permettre, par l’organisation, le dépassement de l’isolement, la recherche de la confrontation collective, la confiance dans la lutte.

Aujourd’hui, la puissance du mouvement social, que nous vivons et que nous devons amplifier et généraliser, révèle la force d’impulsion de la CGT, inégalée dans le pays. Et plus encore, de l’aura dont la CGT dispose encore : on n’efface pas 150 ans d’histoire du mouvement ouvrier d’un trait de plume ou par l’opération du Saint-Esprit.

Avec la réforme des retraites, c’est le choix de société des patrons qu’ils veulent nous imposer. Ce pouvoir (et ceux qui l’ont précédé) précarise nos vies à toutes les étapes : naissance, études, travail, retraite… Lutter pour une retraite digne, c’est lutter pour la dignité, pour un autre choix de société, pour un projet CGT de transformation sociale.

Installer la mobilisation dans la durée, élargir le mouvement au-delà des transports, confédéraliser les luttes, défendre et promouvoir notre vision CGT de la société, voilà ce que nous devons réaliser si nous voulons gagner. Cela passe notamment par l’amplification du rapport de force, non pas en paroles, mais en actes, par la généralisation de la grève illimitée. Ce n’est qu’un début, poursuivons le combat !

Lire aussi : Généralisons la grève illimitée jusqu’au retrait de la réforme des retraites

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