A l’appel de plusieurs Comités Vérité et justice pour les victimes des violences policières, une manifestation nationale aura lieu à Paris le samedi 13 juin, au départ de la Place de la République à 14h30. D’autres rassemblements sont également prévus sur l’ensemble du territoire.
Portée par la vague d’indignation mondiale déclenchée par le meurtre en direct d’un homme afro-américain, Georges Floyd, par un policier raciste aux Etats-Unis, la marche historique du mardi 2 juin à Paris pour réclamer la Justice pour Adama Traoré et pour toutes les victimes de la police en France, a été un succès indéniable, surprenant nombre d’acteurs politiques et syndicaux. L’événement a ainsi rassemblé près de 80 000 personnes, malgré l’interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes.
Cette montée en puissance du mouvement antiraciste s’inscrit réalité dans un contexte plus large, s’ajoutant aux mobilisations hebdomadaires des personnels de santé, aux actions des syndicalistes CGT et des gilets jaunes.
Ajoutons également que la mobilisation antiraciste actuelle porte également la rupture – nécessaire – avec SOS Racisme et les tenants d’un antiracisme dépolitisé, totalement intégré dans le système politicien, soumis au clientélisme et au partage cyclique de la manne des subventions publiques aux associations.
Mettre fin à l’impunité, imposer le contrôle citoyen de la police
Aujourd’hui, la police et la gendarmerie ne semblent plus exister qu’au travers de leurs « missions » de maintien de l’ordre public. La protection politique systématique accordée, avec la complicité de l’IGPN, aux policiers responsables de mutilations, d’actes et de crimes racistes, de « bavures » a largement contribué à une situation d’impunité totale qui enferme la police et la gendarmerie dans un rôle de garde prétorienne intouchable au service exclusif d’un pouvoir illégitime.
Si la répression de classe n’est pas que l’apanage des forces de l’ordre, l’urgence impose de réaffirmer un contrôle politique et citoyen sur la police, d’obtenir la vérité et la justice pour toutes les victimes des violences policières, de désarmer et chasser tous les racistes, de mettre au pas les petits cheffaillons autoritaires, et en premier lieu le préfet de police de Paris, Didier Lallement.
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Le combat anti-raciste fait partie intégrante de l’ADN de la CGT, de l’ADN du syndicalisme de classe. Ce sont bien ces valeurs qui ont poussé nombre de cégétistes à rejoindre la mobilisation. Plus que jamais, les enjeux en cours dépassent largement les caractères particuliers de telle ou telle lutte. Fédérer nos colères, rompre le silence, déconfiner nos luttes et nos vies, voilà les enjeux réels des mobilisations à venir.
Faire front commun
Des différences et des défiances, réelles mais dépassables, existent entre les différents acteurs des mobilisations, tout comme ces méfiances réciproques existaient (et existent) entre syndicalistes CGT et gilets jaunes. Mais, on le sait, l’unité, à la base et non au sommet, est un combat nécessaire, quotidien et de longue haleine.
On peut d’ailleurs lire sur des pages Facebook tenus par des gilets jaunes progressistes : « Il n’y a que deux côtés d’une barricade. La force du pouvoir, c’est d’empêcher tous ceux qui ne sont pas de son côté d’oser s’approcher les uns des autres, pour être assez nombreux et assez forts pour le renverser. Car c’est bien de cela dont il s’agit. Pour nous, il n’y aura pas de véritable victoire sur le front du racisme sans que le pouvoir actuel soit renversé. Sans que le système actuel ne soit détruit. Pas plus qu’il ne pourrait y avoir de véritable victoire sur le front des luttes sociales sans que le pouvoir soit renversé. Sans que le système actuel ne soit détruit. »
En réalité, le déconfinement global de la démocratie ne sera que le résultat d’un rapport de force et la conséquence d’une vague de désobéissance civile, sociale et politique, premier pas décisif vers la résistance de masse aux projets du gouvernement, au capitalisme et à ses sous-produits, le racisme et le fascisme.
Dans un article paru début mars, nous incitions par exemple à la désobéissance et à la participation à la mobilisation du samedi 14 mars impulsée par des Gilets jaunes et rejoint par des syndicats CGT : « Désobéir signifie ne pas rentrer dans les cases ou dans les nasses concoctées par nos gouvernants. Dans la rue, et surtout par la grève, nous pouvons rendre notre pays ingouvernable. S’il ne faut avoir aucune illusion sur le caractère asymétrique des affrontements de rue, cette désobéissance économique, politique, civile, du moment qu’elle devient massive et hégémonique, peut faire reculer le pouvoir. »
Aujourd’hui, nous ne devons pas passer à côté de la puissante vague antiraciste qui a cristallisé une partie de la volonté profonde de changement dans notre pays. Face à un pouvoir qui rechigne à abandonner les mesures d’exception liberticides qui lui ont permis de museler le peuple pendant deux longs mois, les mobilisations imposent le « fait accompli » à la classe au pouvoir et nous préservent de la tentation dictatoriale.