L’autre virus à combattre c’est le capitalisme : tous ensemble, marchons pour l’emploi et la dignité !

Pour beaucoup de travailleurs le sentiment de sidération éprouvé pendant la crise sanitaire à désormais laissé place à une forme aiguë de crispation. Les autorités veulent en effet maintenir le « chacun contre chacun », la peur de « l’autre », l’isolement tandis que la crise économique et la menace du chômage sont utilisés par les patrons pour museler les revendications légitimes des travailleurs et les faire s’opposer les uns aux autres.

🔴 SUPPLÉMENT UNITÉ CGT MAGAZINE 🔴
En attendant notre magazine numérique n°2 prévu pour le 10 octobre, découvrez notre…

Publiée par Unité CGT sur Jeudi 24 septembre 2020

En réalité, la période que nous vivons est placée sous le signe de l’exacerbation de la lutte des classes. A l’opposé de tout attentisme et autre défaitisme, notre média militant Unité CGT promeut une riposte générale du mouvement ouvrier organisé.

Nous avons ainsi réalisé durant l’été une série d’interviews mettant en valeur les organisations CGT qui s’apprêtent à lancer des « marches pour l’emploi et la dignité » sur l’ensemble du territoire. Nous revenons dans cet article sur le constat et les perspectives tirés par ces dirigeants syndicaux.

Après la crise sanitaire, une « thérapie de choc » contre les travailleurs ?

Alors qu’on annonce plus d’un million de chômeurs supplémentaires d’ici à la fin de l’année, le gouvernement vient récemment d’offrir les 100 milliards d’euros du fameux « plan de relance » aux grands groupes capitalistes déjà surgavés de subventions publiques.

Les médias aux ordres ont quant à eux poussé le ridicule jusqu’à saluer l’« accent chantant » du nouveau Premier ministre, Jean Castex, son soi-disant « goût du dialogue social » et son prétendu lien à la « province ».

Nos gouvernants entendent bien profiter au maximum des effets d’aubaine « libérés » par la crise du Coronavirus : état d’urgence sanitaire ; musèlement de l’opposition sociale, plein pouvoirs, contrôle social et physique de la population ; mise sous haute pression psychologique et infantilisation du peuple ; interdiction des manifestations de plus de 5 000 personnes ; augmentation brutale de la durée légale du travail ; licenciements massifs, notamment dans l’industrie ; chasse aux syndicalistes et aux inspecteurs du travail dans les entreprises et services…

Pour les dirigeants syndicaux interviewés par Unité CGT, le constat est clair. « Les secteurs du Commerce et des Services sont durement touchés par la crise. On est face à un patronat qui va continuer, malgré la crise, de détruire les emplois, de s’enrichir sur le dos des travailleurs. La question de la répartition des richesses de notre pays est toujours d’actualité », a ainsi expliqué Amar Lagha, secrétaire général de la Fédération CGT Commerce et Services.

« Des emplois sont menacés dans tous les secteurs, dans la distribution de la presse mais aussi dans l’industrie lourde, dans les services publics. La crise qu’on a vécu avec le coronavirus a fait la démonstration que sans les travailleurs, le système ne tourne pas. Aujourd’hui toute l’économie est concentrée dans les mains de quelques-uns », a renchérit pour sa part Olivier Mateu, secrétaire général de l’Union départementale CGT des Bouches du Rhône.


De son côté, Emmanuel Lépine, secrétaire général de la FNIC CGT confirme également la stratégie du « choc » social : « Les employeurs annoncent des licenciements partout, par dizaines de milliers, y compris dans nos industries. Michelin, Total, Sanofi, etc… C’est un raz de marée. Il y a des opérations juteuses entre les grands groupes dont certains utilisent l’argent public pour licencier, restructurer ».

La situation actuelle impose une réaction syndicale et politique à la hauteur des enjeux.

Alors, que faire ? Pour chaque syndicaliste CGT de ce pays, la réponse semble évidente : le syndicat doit contribuer à réveiller et organiser l’esprit de résistance et de désobéissance.

« Il faut que la riposte [du monde du travail] soit à la hauteur des attaques massives et générales contre l’ensemble des intérêts de notre classe », précise ainsi Samuel Meegens, responsable à la communication de l’UD CGT 59. « La lutte n’est pas quelque chose qui s’improvise. La lutte doit être organisée […] à tous les échelons de notre CGT pour combattre et pour gagner, c’est une idée maitresse dans le travail quotidien qu’on mène dans notre département », ajoute-t-il.

Pour Olivier Mateu, « la solution c’est la mise en commun de toutes les luttes et des intérêts revendicatifs. ». « La nécessité est dans l’union des travailleurs, et dans l’unité d’action de tous les travailleurs », insiste-t-il.

Ces propos trouvent une résonance dans le constat formulé par le secrétaire général de la Fédération CGT Commerce et Services qui explicite : « On ne peut pas se contenter de réunions et de négociations. Le rôle de notre organisation, la CGT, est d’apporter des perspectives, l’espoir aux travailleurs de ce pays. La CGT peut créer les conditions pour que la peur change de camp. »

Le dirigeant de la FNIC CGT explique pour sa part la nécessité de ne pas reproduire les erreurs « des luttes chacun chez soi, les soignants en grève pour l’hôpital, les pétroliers pour le raffinage, les cheminots pour la SNCF [ou] des journées d’action sans lendemain ». « Si on repart avec cette stratégie qui n’a jamais fonctionné en interprofessionnel on va droit à l’échec. […] Face à une attaque globale, il faut une riposte générale. », insiste encore Emmanuel Lépine.

Les marches pour l’emploi et la dignité, premières pierres pour la reconstruction d’un syndicalisme de classe, tout terrain, combatif et ancré dans l’entreprise et le quartier ?

Initiée par l’UD CGT 13, l’initiative des « marches pour l’emploi et la dignité », s’est élancée le 10 septembre à partir d’Aix-en-Provence. Complémentaires de la journée de mobilisation du 17 septembre, ces marches se dérouleront bien évidemment dans les Bouches du Rhône mais aussi dans les départements du Nord et du Cher ainsi que dans d’autres villes du pays jusqu’à la mi-octobre pour une manifestation nationale à Paris le 17 octobre.

Interviewé le 1er aout, Olivier Mateu avait déjà précisé : « On a proposé de travailler à une marche pour l’emploi et la dignité. D’autres professions et départements s’y inscrivent. Ça grandit petit à petit. Bien entendu on s’inscrira dans toutes les initiatives prises par la CGT, dont le 17 septembre. » Une démarche partagée par Amar Lagha qui a insisté : « Il faut que chaque organisation s’associe à la marche pour l’emploi et la dignité proposée par des organisations au sein de la CGT. Notre fédération en sera partie prenante ».

En tout état de cause, la mise en branle de cette mobilisation d’un genre nouveau correspond, selon Emmanuel Lépine, à « un plan de lutte, sur la durée, sous la forme de marches pour l’emploi et la dignité, [et qui permet] de s’ancrer dans la réalité, et d’ouvrir des perspectives avec une manifestation nationale à Paris. Il faut, se battre sur du concret et trouver des solutions beaucoup plus générales à ce qui nous y est opposé. On doit se mobiliser contre la cause : le système économique. Ça peut paraitre ambitieux et politique, mais c’est nécessaire. »

« Ça n’a jamais été facile de mobiliser les travailleurs. […] Nous on est volontaires, et on sert de notre outil, le syndicat, pour essayer de mobiliser partout où c’est possible, dans les entreprises en premier lieu, mais aussi dans les quartiers populaires. » a également déclaré Samuel Meegens, soulignant par ailleurs que l’un des objectifs de ces mobilisations est clairement d’inciter les privés d’emploi à se rapprocher de l’organisation syndicale.

Pour savoir où aller, il faut savoir d’où partir. Notre ennemi à tous et à toutes doit être nommé : c’est le capitalisme, libéral ou non, financiarisé ou non, français comme européen comme mondial. Notre horizon et les moyens pour y parvenir – la révolution sociale et la transformation radicale de la société – sont les seules perspectives viables pour répondre à nos besoins, imposer et assoir nos « Jours heureux » dans la réalité.

Dans cette période troublée, les responsabilités qui incombent à chaque syndicaliste CGT, à chaque travailleur, syndiqué ou non, avec ou sans emploi, sont donc énormes. Et doivent être assumés. L’état initial de sidération doit être dépassé. Le moment est ainsi venu de vivre et de lutter !

Découvrir le supplément d’Unité CGT Magazine