La CGT exige la vérité et la transparence de l’Etat sur l’explosion de l’usine chimique Lubrizol et ses effets sur les salariés, l’environnement, la population. Une manifestation, à l’appel de la CGT, aura lieu le mardi 1er octobre à Rouen pour obliger les autorités à ne rien dissimuler.
Lubrizol : une catastrophe industrielle, écologique et sanitaire
Un violent incendie s’est déclaré dans la nuit du 25 au 26 septembre dans l’usine Lubrizol, située en zone SEVESO, à proximité du centre-ville de Rouen, et qui fabrique des additifs pour carburants et lubrifiants.
Au lendemain de cette catastrophe, des signes inquiétants se sont multipliées : oiseaux morts, dépôts de suie, coulée noire… Des retombées toxiques d’hydrocarbures ont déjà été retrouvées jusqu’à des dizaines de kilomètres autour de l’usine.
Largement diffusées sur les réseaux sociaux, les images spectaculaires de l’explosion, des nuages de fumée noires et de ses conséquences ont mis à mal la stratégie de communication minimale de la préfecture et du gouvernement.
Devant l’évidence et le tollé suscité par son inaction, le pouvoir a fini par prendre quelques mesures : des établissements scolaires (écoles, collèges, lycées) et les crèches à Rouen située sur la rive droite de la ville, ainsi que dans douze autres communes avoisinantes, ont été fermées, Les maisons de retraites ont également fait l’objet d’une mesure de confinement,
Les syndicats CGT contre les mensonges et omissions d’Etat !
Dans un communiqué, l’UD CGT de Seine Maritime a dénoncé l’absence de « mesures de protection en dehors du périmètre interdit y compris dans la zone du dégagement des fumées. » et précisé qu’il était impossible de faire confiance à [la] communication étatique qui se veut rassurante. »
L’UD CGT a également précisé : « Par le passé, la préfecture de Rouen puis la Ministre de l’Ecologie avaient déjà caché des informations sur les risques encourus notamment lors de l’épisode du nuage de MERCAPTAN en 2013 sur le même site industriel classé SEVESO, en ne diffusant pas les informations nécessaires sur la composition du nuage et sur les risques pour la population. ».
« Plus récemment, c’est au plus haut sommet de l’État qu’a été prise la décision de cacher les risques liés aux conséquences de l’incendie de Notre Dame de Paris concernant les 450 tonnes de plomb parties en fumées. », a ajouté la CGT.
La CGT à l’initiative d’une manifestation le 1er octobre à Rouen
La CGT au niveau confédéral a appelé à une manifestation le mardi 1er octobre à Rouen à 18h pour exiger « la transparence complète et une information sur les suivis sanitaires mis en place pour suivre les conséquences de cet événement (captages d’eau potable, état sanitaire des animaux d’élevage et des cultures…) »
La confédération a notamment dénoncé l’absence de communication de la préfecture et revendiqué l’obligation de transparence totale de l’Etat sur la liste des produits brulés sur les résultats complets d’analyse des fumées, de l’air, des résidus et de l’eau.
« La préfecture tait le fait que le secteur où l’incendie s’est déclaré est confié à une entreprise sous-traitante, qu’au moins une toiture amiantée est partie en fumées », a accusé la CGT, ajoutant : « la Préfecture fait silence sur les animaux morts (oiseaux, poissons…), [sur] que les maux de têtes et nausées […] à l’université comme dans les entreprises, les services et l’ensemble de la population ».
Rappelons également que l’UD CGT de Seine-Maritime a exigé dans son communiqué,:
– La communication immédiate sur le site internet de la préfecture des résultats d’analyses effectuées et leurs mises à jour au fil de l’eau.
– La communication de la liste des produits présents sur la partie du site en feu ainsi que l’ensemble des études toxicologiques sur ces mêmes produits.
– La transparence sur les raisons de ce nouvel incendie.
– L’organisation d’un suivi médical spécialisé pour tous la population exposée aux fumées
– Un renforcement des moyens humains de contrôles des entreprises industrielles (inspection du travail, CARSAT, services des installations classées) et un renforcement des sanctions pénales contre les employeurs délinquants qui mettent en danger les salariés et la population.
– Le rétablissement des CHSCT supprimé par le gouvernement MACRON
Industrie et climat… anxiogène
L’explosion, l’incendie et les retombées d’hydrocarbures ont entrainé une vague d’anxiété, légitime face aux non-dits de l’Etat, au sein de la population. Comme le précise l’UD CGT de Seine-Maritime, « cet incendie démontre plus que jamais la nécessité de renforcer les moyens du service public d’incendie et de secours comme le réclame à juste titre les agents de ces services. N’oublions pas que les premières victimes des accidents dits industriels sont des salariés, comme à AZF ou à SAIPOL Dieppe plus récemment. »
Récemment, les manifestations pour le climat ont été rythmées par des slogans pointant du doigt le système capitaliste comme responsable des catastrophes climatiques que son mode de production provoque. Comme pour le climat, ce n’est pas l’industrie qui doit être mis en cause mais bien son utilisation au service du profit par des grandes entreprises gavées de subventions publiques et qui n’hésitent pas à mettre en danger leurs salariés et la population.
Pour la Fédération Nationale des Industries Chimiques – CGT, « on ne travaille pas pour perdre la vie mais pour la gagner. […] Pas de prévention sans sanction : Seule la perspective d’une sanction (financière, pénale, etc..) garantit que les employeurs mettent en œuvre une prévention des risques, qu’ils ne voient que comme un coût qu’il faut réduire. La FNIC-CGT revendique en conséquence des sanctions exemplaires pour les patrons délinquants, qui sont nombreux. »
Dans ses positions, la FNIC-CGT soutient que la crise écologique provient du mode de production capitaliste, « autant prédateur de travail humain que des ressources naturelle ». Selon la fédération CGT, « l’épuisement et le gaspillage des ressources humaines et naturelles dépendent d’un système fondé sur la concurrence et non la coopération, sur la recherche du profit maximal, le plus rapide possible, sans aucune cohérence ni planification. La FNIC-CGT se prononce pour l’éradication de ce mode de production. »