Carrefour, Casino, Rallye… les actions des géants de la grande distribution se sont envolées après les mesures de confinement tandis que les ventes aux particuliers explosaient.
Conscient de l’importance de la communication en période de crise, Alexandre Bompard, PDG du Groupe Carrefour a claironné « depuis le premier jour, et chaque jour, notre priorité est votre sécurité sanitaire » dans une lettre adressée aux clients le 17 mars dernier.
Pourtant, la situation dramatique vécue par les salariés n’a rien à voir avec ce que peuvent affirmer Bompard ou les autres patrons. En réalité, et avec la complicité du gouvernement, le patronat n’hésite pas à sacrifier la santé et la vie des travailleurs sur l’autel du profit. Les récents décès de plusieurs salariés de la grande distribution, dont des syndicalistes CGT, sont l’illustration de ce double discours des Bompard et consorts.
Rappelons également qu’entre 2013 et 2018, Carrefour Hypermarchés a perçu 428 millions d’euros grâce au Crédit impôt compétitivité emploi, dit aussi CICE. Le groupe Carrefour, de son côté, a perçu près de 755 millions d’euros. La CGT, qui a assigné Carrefour en justice, affirme que le groupe a détourné ces aides, destinées officiellement à lutter contre le chômage, pour réaliser des investissements lucratifs, tout en supprimant des emplois.
La réalité de la situation vécue par les salariés de la grande distribution
Chaque jour, les salariés de la grande distribution (Carrefour, Auchan, Liddle, Intermarché etc…) sont obligés d’assurer une activité économique dans des conditions de travail particulièrement difficiles. Ces travailleurs, tout comme les soignants, les éboueurs, les ouvriers de la logistique et de l’agroalimentaire, des industries essentielles assurent pourtant un « service de première nécessité ».
En cette période de crise sanitaire, si les établissements sont en effet dans l’obligation légale de prendre les mesures sanitaires nécessaires pour limiter le risque de contamination et ainsi protéger la vie de travailleurs et de leurs proches, un autre son de cloche se fait entendre du côté des salariés. Chaque jour, des travailleurs partent ainsi travailler sans aucune protection : ni masques, ni gants, ni gel !
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Depuis le début de la crise, la CGT Commerce alerte sans relâche et exige des mesures immédiates de protection des salariés. Par exemple, les plexiglass pour séparer les caissiers des clients ne sont arrivés que le week-end du 21-22 Mars, – et seulement dans certains établissements – alors que les salariés étaient (et sont) en contact avec des centaines de clients chaque jour.
Pour la CGT, c’est bien la course acharnée aux profits qui a causé la mort de salariés
Même avant la crise du coronavirus, la recherche de rentabilité et la course au profit dans le système capitaliste provoquaient régulièrement la mise en danger des salariés. Cette situation se retrouve amplifiée en période d’épidémie. Plus de trois semaines après la mise en confinement du pays, des salariés continuent d’alerter : « la désinfection est toujours quasi-nulle autour des caddys et des zones de contact avec la clientèle ».
En réalité, le non-respect des règles sanitaires nationales, ainsi que le non-respect des engagements pris – et qui pourtant permettent aux entreprises de justifier officiellement leurs plans de continuation de l’activité – ne sont qu’une nouvelle illustration du peu d’estime que portent les capitalistes pour la santé, le bien-être et la vie de leurs propres salariés et des clients.
Les salariés se rebellent, la CGT Commerce porte plainte contre Carrefour et Pénicaud, et appelle à la grève
Cette situation scandaleuse de non-respect de la sécurité et de la santé des travailleurs a poussé la totalité du personnel de Carrefour Vitrolles à exercer la semaine dernière un « Droit de Retrait pour Danger, Grave et Imminent ». « La Direction de Carrefour n’a que faire de la santé des travailleurs dans l’entreprise » a notamment pointé du doigt l’Union départementale CGT 13, en soutien au droit de retrait des travailleurs.
Confrontée à la volonté patronale (et gouvernementale) de maintenir coûte que coûte la production et la vente, et donc les taux de profits, la Fédération CGT Commerce et Services a porté plainte contre le Groupe Carrefour. La CGT a également tenu à placer la ministre du Travail, celle-là même qui ose intimer l’ordre aux salariés de « reprendre le travail », devant ses responsabilités et a donc porté plainte contre Muriel Pénicaud, estimant que « la Ministre du Travail ne pouvait et ne peut ignorer qu’il existe un péril grave qui menaçait et menace les salariés-es ».
La CGT Commerce, qui a appelé à la grève pour « sauver des vies » propose notamment, pour « lutter contre l’épidémie », de fermer les rayons qui ne sont « pas de première nécessité », de réduire « l’amplitude horaire » et de fermer les magasins le dimanche.
La CGT rappelle que « lutter contre l’épidémie, ce n’est pas ouvrir les commerces 7 jours sur 7 et encore moins exposer les travailleurs jusqu’à 60 heures par semaine ». Elle exige également « l’abrogation des dernières ordonnances liées à la durée du travail. »