Un courrier a été adressé aux ministères de l’Economie, du Travail et des Solidarités et de la Santé par les Fédérations CGT de la Santé et de l’Action Sociale, Nationale des Industries Chimiques (FNIC-CGT), du textile (CGT THCB), de l’industrie du livre, papier et communication (Filpac), et des travailleurs de la Construction, du Bois et de l’Ameublement (FNSCBA).
Ces fédérations CGT dénoncent « le manque intolérable de matériels de protection nécessaires pour faire face à la pandémie Covid19 […], tant dans les établissements qui prennent en charge les malades que dans d’autres secteurs d’activité jugés utiles pour répondre aux besoins de la population ».
Le courrier commun, signé par les secrétaires généraux de ces fédérations, s’indigne également du « manque de masques et d’autres matériels de protection « barrière », de tests, de respirateurs, d’équipements, de médicaments en général » et pointe du doigt « le risque de rupture d’approvisionnement dans les prochaines semaines », notamment […] « dans les services ou les unités de réanimation et de soins palliatifs ».
Dans ces conditions de pénurie, les organisations CGT soulignent le caractère « insupportable » de l’utilisation du « matériel de protection vitale aux soignants, aux malade », au profit de la reprise des activités économiques non-indispensables « dans le BTP, la production industrielle, non essentielle et dans d’autres activités de 3ème ligne. »
« D’ores et déjà, des consignes ont été données dans certains services hospitaliers pour utiliser avec « parcimonie » et dans un souci d’économie certains médicaments tels que la morphine, ou pour rationner l’usage des curares. », s’indignent les fédérations CGT qui s’alarment sur l’extension de cette « rationalisation » à d’autres médicaments et produits.
Pour les organisations CGT, il s’agit là d’une « atteinte grave à l’éthique professionnelle des personnels que d’exercer dans ces conditions » et représente un danger « pour la sécurité, la dignité et la bonne prise en charge des patient.e.s. »
Les Fédérations CGT exigent la « réquisition, relocalisation et mise sous contrôle de l’Etat d’entreprises stratégiques »
Face à l’incurie du gouvernement et son incapacité manifeste à gérer la crise sanitaire, la CGT Santé et Action Sociale, la FNIC-CGT, la Fédération CGT du textile, la Filpac et la CGT Construction proposent de répondre à la pandémie et aux urgences sociales et sanitaires par la réquisition, la relocalisation et la mise sous contrôle de l’Etat d’entreprises stratégiques.
Pour les organisations CGT, c’est « la logique aveugle du critère des coûts de production les plus bas sur les marchés publics et les choix financiers qui ont fait perdre à notre pays son indépendance thérapeutique, mettant à mal notre sécurité sanitaire et nos industries de santé. »
« 80% des principes actifs sont aujourd’hui fabriqués en Asie. Nous sommes passées de 450 entreprises du médicament sur notre territoire il y a 30 ans à 250 aujourd’hui, de 40 ruptures de médicaments en 2008 à 540 en 2018 et 1200 en 2019. », rappelle ainsi le courrier.
« Notre pays dispose […] des capacités et des outils de production qu’il serait possible de réquisitionner pour répondre aux besoins que nous exprimons. », affirment les fédérations CGT qui demandent « la relocalisation et la mise sous contrôle de l’Etat de certaines entreprises, jugées stratégiques sur le plan sanitaire. »
Pour les organisations CGT, il est donc urgent de réquisitionner immédiatement « des entreprises de masques en activité dans plusieurs unités de Macopharma, de Kolmi-Hopen, près d’Angers, de Paul Boyé, près de Toulouse ou de Fiberweb à Biesheim, ou encore de l’entreprise Luxfer à Gersat, seul et dernier fabricant d’Europe de bouteilles d’oxygène médical en liquidation judiciaire, ou de l’entreprise Famar à Lyon, en liquidation également, qui produit douze médicaments « ITM » (intérêt majeur thérapeutique) dont la chloroquine. »