La France en Grève
Secteur automobile, industries métallurgiques et chimiques, transports régionaux, Solvay, Sanofi, Trapil, Ubisoft, Corse, APF… quelques exemples des luttes et grèves dans notre pays.
Automobile : crash industriel en perspective, des milliers d’emplois menacés, la CGT appelle à se mobiliser
Provocation ? Carlos Tavares, directeur général du groupe Stellantis, a affirmé le mardi 15 octobre ne pas exclure la fermeture d’usines dans les prochains mois. Plus de 700 emplois directs sont menacés.
Ces propos surviennent alors qu’à l’initiative de la Fédération des Travailleurs de la Métallurgie – CGT et des syndicats du secteur, les salariés sont appelés à faire grève et manifester devant le salon de l’Automobile à Paris le 17 octobre. Une initiative à laquelle s’est notamment jointe la Fédération nationale des Industries chimiques CGT, dont certaines branches sont parties intégrantes (comme le caoutchouc, la plasturgie, le pétrole) du complexe et composite secteur industriel de l’automobile.
Plus de 1500 travailleurs se sont ainsi rassemblés à l’appel de la CGT.
Pour rappel, ces derniers mois, des salariés de sous-traitants de l’automobile se sont également mis en grève et en lutte, comme à Dumrey Powerglade à Strasbourg contre la saignée des emplois.
L’édition 2024 du salon de l’Automobile a débuté sur fond de crise systémique du secteur et ses centaines de sous-traitants et équipementiers. Le patronat, gavé d’argent public, est déterminé à « frapper un grand coup » et réorganiser le secteur et ses centaines de sous-traitants et équipementiers, notamment en supprimant des milliers d’emplois en France, comme en Europe ou encore ailleurs.
Cette tendance, chacun a en mémoire l’arrêt successifs ces deux dernières années des fonderies, notamment celles du Poitou ou encore celle de la SAM aveyronnaise, concerne un certain nombre de branches industrielles, en écho d’ailleurs aux mutations en cours dans d’autres secteurs industriels, notamment les industries chimiques confrontées à une casse industrielle et antisociale inédite.
Martinique
La colère sociale contre la vie chère ne faiblit pas en Martinique, plus de quatre morts sont à déplorer. Depuis juillet et surtout depuis le 1er septembre, et malgré les coups de menton du pouvoir, l’envoi d’unités sécuritaires supplémentaires, l’interdiction des manifestations et rassemblements (non respectés, à juste titre), le couvre-feu drastique imposé, les manifestations et actions offensives se poursuivent et se multiplient, sur fond de grève générale permanente à l’appel de la CGTM.
Etranglés par l’inflation, les manifestants exigent des mesures pour répondre aux besoins des populations ; l’écart scandaleux de prix, notamment d’alimentation : en moyenne, les prix en Martinique sont 40 % plus chers qu’en métropole pour les produits alimentaires.
« Le problème véritable, c’est celui des bas salaires », a expliqué à la presse le secrétaire général de la CGTM qui pointe du doigt également l’absence de politique industrielle sur l’île et la rapacité des grands groupes qui s’engraissent sur le dos des Martiniquais.
La CGTM revendique notamment « un blocage des prix, un contrôle, d’abord. Mais la chose la plus importante, ce qu’on met en avant, c’est l’augmentation des revenus : des salaires, des pensions de retraite et des minima sociaux. Nous voulons aussi qu’on puisse voir dans les comptabilités de ces entreprises.»
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Grève massive à Sanofi contre la vente de la filière Opella qui produit notamment le doliprane
A l’appel de la CGT, les salariés des sites Sanofi de production du doliprane, médicament produit par la filière Opella du grand groupe pharmaceutique Sanofi sont en grève notamment à Lisieux et Compiègne depuis jeudi pour protester contre la vente de cette dernière au fonds d’investissement américain CD&R.
Pour mémoire, Sanofi avait annoncé la semaine dernière négocier avec le fonds d’investissement américain CD&R, afin de lui céder potentiellement 50% d’Opella, sa filiale qui abrite une centaine de marques de produits vendus sans ordonnance dans le monde, dont le Doliprane.
La grève dans les transports régionaux paralyse la Sarthe le 15 octobre
A l’appel de la CGT cheminots, Sud Rail et de la CFDT, les contrôleurs et conducteurs de trains du Mans sont entrés massivement en grève pour dénoncer les nouveaux horaires qui leur sont proposés par la direction pour l’année à venir. La grève a entrainé la suppression de 40 trains et le mouvement est susceptible d’être reconduit à partir du 26 octobre prochain.
Cité par la presse, Julien Palleja, secrétaire général de la CGT cheminots de la Sarthe, a expliqué : « Nos revendications sont les suivantes : la création de quinze journées de service supplémentaires pour diminuer l’amplitude horaire des agents de conduite, soit l’équivalent de quatre emplois, [….], Nous demandons également qu’un contrôleur soit présent dans chacun des TER, ce qui n’est pas le cas actuellement. Cela reviendrait, pour Le Mans, à créer une vingtaine d’emplois. »
Solvay
Après 15 jours de grève, un protocole de sortie de grève a été signé le 10 octobre entre la direction de Solvay et les syndicats, actant quelques avancées sociales sur le site, dont la fermeture est toujours prévue en 2025. Avec ce protocole, 12 CDI seront sauvegardés sur les 68 emplois. Les employés licenciés bénéficieront d’une indemnité augmentée à 40 000 euros.
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Cité par la presse, Damien Olry, délégué central CGT Solvay explique : « C’est clairement insuffisant, on a essayé d’avoir un montant assez élevé pour permettre aux salariés de se retourner, car dans le nord du Gard, il n’y a rien, niveau industriel et surtout en chimie […] Il va donc falloir partir loin, alors que certains ne sont pas mobiles, car leur conjoint ou conjointe travaille ici ou alors des enfants scolarisés. C’est pourquoi on avait essayé de négocier une indemnité supralégale conséquente. »
« Outre les employés, il y a aussi tous les sous-traitants et les commerces alentour qui vont en pâtir en cas de fermeture du site. », ajoute le responsable CGT. La manifestation du samedi 5 octobre, très suivie par les salariés comme par les habitants, avait témoigné du soutien de la population aux grévistes.
Les syndicats continent d’exiger la suspension de la fermeture du site et demandent désormais que Solvay reconnaisse la dangerosité de l’exposition d’une substance appartenant à la famille des Pfas, produite par l’usine et à l’origine d’un scandale de pollution des eaux.
Egalement cité par la presse, Cédric Cozo, délégué syndical CGT, explique aussi : « On avait fait voter une expertise il y a quelques mois sur les Pfas, suite à différents reportages qu’on avait vus, et le rapport qui nous est parvenu est accablant […] On se rend compte qu’on travaillait dans des conditions qui n’étaient pas bonnes du tout, car ce produit était nocif depuis des années. On craint que ça évolue en scandale sanitaire similaire à celui de l’amiante, avec des maladies et cancers qui se déclarent tardivement. On demande donc à Solvay de prévoir de l’argent pour ça. »
Une semaine de grève chez Seqens à Roussilon
A Roussillon, les salariés du service fabrication du site du groupe Seqens ont fait grève pendant une semaine, à partir du lundi 7 octobre à l’appel de la CGT. Les travailleurs revendiquent « une revalorisation de la prime de poste 5×8 à 31% alignés sur celles de leurs collègues de Saint-Fons », et dénoncent notamment une dégradation des conditions de travail et la mise en danger des salariés.
Grève à Trapil le 11 octobre
A l’appel du syndicat CGT du groupe Trapil, gigantesque réseaux de pipelines de produits raffinés, les salariés se sont mobilisés par la grève le vendredi 11 octobre lors de la « journée sécurité » pour exiger une prime de gratification annuelle (en octobre pour 2024) et une augmentation générale de tous les salaires.
Dans un tract, la CGT rappelait la décision de l’employeur d’exclure 800 salariés d’une prime croissante de 1000 euros minimum. « La loi est claire : à travail égal, salaires égal. Nul doute que les techniciens d’exploitation continus percevront également 21% de prime liée à la pénibilité », estime encore le syndicat.
Opérateur indispensable dans le transport d’hydrocarbure, les principaux actionnaires du groupe sont Total et le stockiste Pisto, ainsi que les groupes Esso et BP. Autant dire que le groupe a plus que largement les moyens de payer ses salariés
Les salariés d’Ubisoft en grève
Plusieurs syndicats ont appelé, mardi 15 octobre, les salariés d’Ubisoft à une grève de trois jours, la deuxième cette année, après l’annonce par le groupe mi-septembre d’imposer au moins trois jours de présence au bureau par semaine.
Plusieurs piquets de grève sont organisés devant les différents studios de l’éditeur de jeux, notamment à Paris, Lyon, Montpellier et Annecy,
Grève totale en Corse pour réaffirmer le refus d’une privatisation de la gestion des ports et aéroports
Un mouvement social spontané, une grève éclaire mais totale, a mis à l’arrêt complet, jeudi 3 octobre, les quatre aéroports et les six ports de l’île.
A l’origine de la mobilisation contre le spectre d’une main mise de multinationales sur les infrastructures portuaires et aéroportuaires corses : les propos du secrétaire général aux affaires corses, représentant de l’État, qui a induit la recherche par le gouvernement d’un bouleversement des équilibres.
Ce mouvement social spontané est inédit par sa force depuis la grève contre la privatisation de la compagnie maritime SNCM de 2005.
Grève à l’entreprise adaptée des APF, association des paralysés de France
Les salariés d’APF Entreprises 21, à Longvic, sont entrés en grève avec la CGT le 8 octobre suite à l’annonce de la direction de licencier environ 300 personnes en France dans la cadre d’un plan de restructuration.
Les entreprises adaptées des APF (association des paralysés de France) emploient des travailleurs handicapés moteurs, dans des secteurs d’activité différents (mécanique générale, câblage, saisie informatique, traitement du courrier…). À Longvic, 70% des effectifs sont des travailleurs handicapés.
