LA FRANCE EN LUTTES

En parallèle de la mobilisation contre la réforme des retraites, des grèves pour les salaires éclatent dans tous les secteurs. La mobilisation s’organise aussi pour dénoncer les graves atteintes au droit de grève. Quelques récents exemples :

1300 DOCKERS EN GRÈVE LE 2 MARS A L’APPEL DE LA CGT ; LE PORT DE MARSEILLE-FOS MIS A L’ARRÊT

A l’appel de la CGT, le port de Marseille-Fos a été paralysé par la grève des 1300 dockers des bassins Ouest du Grand Port maritime (GPMM) de 6h à 13h le jeudi 2 mars.

Une centaine de dockers se sont également réunis devant les locaux de la direction pour alerter sur l’avenir de leur profession, avant de s’inviter au conseil de développement du GPMM.  « Dans un grand port, l’arrêt de certains trafics ne peut pas signifier des pertes d’emplois portuaires et dockers sous couvert de la transition écologique », a déclaré le syndicat par communiqué de presse.

Car les décisions prises dans les industries, comme à la centrale de Gardanne ou l’usine d’ArcelorMittal, ont un impact direct pour l’activité portuaire. Pour les travailleurs, il est hors de question de payer, par la suppression d’emploi et le chômage, le prix d’une « transition verte » dont chacun et chacune peut percevoir l’hypocrisie : les capitalistes se servent de ce sujet pour fermer et délocaliser la production dans des pays où les normes sociales et environnementales sont inexistantes.

D’ailleurs, rappelons ici que les premières victimes de la pollution et de l’exposition à des produits dangereux ce sont bien les travailleurs et travailleuses. Les mêmes à qui le gouvernement compte voler deux années de vie…

Cité par le journal La Marseillaise, Christophe Claret, secrétaire général de la CGT des dockers de Fos a rappelé l’exigence du  respect des engagements signés en préfecture le 4 mars et le 8 avril 2022 pour la centrale de Gardanne. Il a également pointé du doigt l’inquiétude autour de l’activité d’ArcelorMittal, à Fos-sur-Mer avec la mise à l’arrêt d’un des deux hauts fourneaux en novembre, soit disant face à la crise de l’énergie.

Christophe Claret a également dénoncé la décision du groupe Kem One de contourner les dockers dans son nouveau trafic d’importation de sel par barge sur la darse 2 du GPMM, 250 000 tonnes à l’année. « [les dirigeants de Kem One] ne veulent pas que les dockers mettent un pied dans l’usine […] Cest inacceptable, on demande qu’ils revoient leur copie pour que le métier de docker puisse faire la manutention. », a-t-il évoqué au journal La Marseillaise.

A quelques jours de la mise à l’arrêt du pays, avec la participation massive et offensive des dockers et portuaires et la perspective d’une journée « ports morts » le 8 mars, cette journée du 2 mars donne un aperçu de la force de frappe des travailleurs lorsqu’ils décident de s’unir par la grève, d’arrêter le travail, et d’élever le rapport de force.

RTE

Un rassemblement organisé par la FNME CGT devant le Tribunal correctionnel de Paris en soutien aux quatre agents de l’entreprise de service public RTE. Une vingtaine de de rassemblements de soutien ont également été organisés ce mardi dans toute la France.

Les quatre agents, déjà licenciés, sont jugés dans le cadre d’une enquête qui porte sur des faits d’« entrave à un système de traitement de données » et de « sabotage informatique » « en bande organisée ». Ils risquent quinze ans de prison.

Une telle attaque contre le droit de grève est l’expression de la volonté de l’Etat et du patronat, après les grèves offensives et victorieuses dans le secteur de l’énergie fin 2022, de tenter de reprendre la man, par l’intimidation et la terreur, en prolongeant la décision déjà inacceptable de RTE de faire interpeller et mettre en garde à vue quatre militants CGT de l’énergie par les services de l’antiterrorisme suite à une plainte de la direction de RTE.

Traités comme des terroristes, ils risquent donc la prison pour faits de grève : un exemple particulièrement éclat de la réalité du « climat social » en France. Un autre exemple récent : les réquisitions par l’Etat des raffineurs pendant les grèves à Exxon et Total à l’automne 2022. Ou encore dernièrement la répression patronale à Sanofi. L’objectif est de casser le droit de grève.

A ce titre, la séquence qui s’ouvre à partir du 6 mars au soir est importante : gagner sur les retraites, gagner sur le respect, par tous et toutes, du droit de grève. Salaires, retraite, droit de grève, etc : battons-nous pour tout gagner !

Tous et toutes solidaires et mobilisés contre la criminalisation du droit de grève !

Bostik

A Bostik, fabricant industriel de colle et filiale de la multinationale Arkema, la grève, massive et inédite sur la quasi totalité des sites de production, a fait plier une direction sourde et méprisante face aux revendications légitimes des travailleurs.

En grève reconductible depuis le 8 février, les salariés ont obtenu, avec la CGT, une hausse de salaires de 100 euros. La preuve que le groupe Bostik, notamment avec ses 40 millions d’euros de bénéfices pour l’année 2022, pouvait payer et avait, sciemment, fait le choix de ne pas augmenter les salaires de ceux qui sont pourtant à la source de la richesse du groupe. Une preuve également que seule la lutte paie !

LMB fans & motors

A Malemort, en Corrèze, les travailleurs de la société LMB fans & motors sont en grève depuis le 16 février et ont reconduit le mouvement pour lundi. Les salariés dénoncent les propositions indécentes de la direction du site dans le cadre de négociations annuelles obligatoires (NAO).

Les travailleurs de l’entreprise spécialisée dans la fabrication de moteurs et de ventilateurs pour l’aéronautique, l’aérospatial et la défense exigent notamment une hausse générale des salaires de 6 % avec un plafond à 280 euros pour les salaires les plus élevés, une prime de partage de la valeur de 1000 euros, une augmentation des primes.

Babcock Wanson

Après quatre jours de grève sur l’ensemble des sites de production du groupe Babcock Wanson, fabricant de chaudières industrielles, les travailleurs ont contraint la direction du groupe à revenir sur sa copie.

Alors que Babcock Wanson proposait 4% d’augmentation des salaires, les salariés ont gagné une augmentation de 7,2% pour les plus bas revenus (inférieurs à 1,4% du SMIC), et de 5 à 6% pour les autres salariés.

Herkel

Les travailleurs du groupe Herkel, après une semaine de grève, sur les deux sites du groupe Henkel, à Arnas, dans le Rhône, et Epernon, en Eure-et-Loir, ont également obtenu en partie satisfaction sur leurs revendications salariales.

La revalorisation salariale se situera entre 4 et 5 % ; la direction a également cédé sur la revalorisation de la prime d’habillage et de la prime de performance et de logistique.

OGF

Dans le Nord, à Saint-Pol-sur-Mer, les chauffeurs porteurs de l’opérateur funéraire OGF sont en grève, soutenus par des militants de l’union locale de la CGT Dunkerque et par l’Union départementale CGT.

Les salariés du groupe exigent un taux horaire augmenté à 13,5 € de l’heure. Cité par la presse, un travailleurs rappelle la réalité de sa base salariale : « C’est sous le SMIC. On ne s’en sort plus, et il y a l’inflation… On ne peut pas se permettre de partir en vacances avec les enfants : on ne va pas faire un crédit pour ça. »