Aux Etats-Unis, une grève massive et simultanée paralyse le secteur de l’automobile
Depuis le 15 septembre, l’United Auto Workers (UAW), la centrale syndicale des ouvriers de l’automobile, a engagé un bras de fer historique avec les trois grands constructeurs américains, General Motors, Ford et Chrysler (racheté par Stellantis).
Les renégociations des contrats de travail collectifs de quatre ans, arrivés à expiration le 14 septembre, sont l’enjeu majeur de cette grève. L’UAW revendique une hausse de 46 % des salaires pour rattraper l’inflation subie. Le syndicat exige aussi le rétablissement d’une allocation compensatrice de l’inflation (COLA) supprimée en 2007 ainsi que la fin du statut dérogatoire imposé aux nouveaux salariés et aux intérimaires et qui se traduit par de plus bas salaires, des montants de pension différents et une couverture médicale bien moins avantageuse.
Malgré une législation particulièrement ouvrière et antisyndicale, le contexte inflationniste et l’absence de mécanismes de protection sociale ont rendu la grève inévitable dans le secteur de l’automobile. Les salaires mirobolants des dirigeants des majors de l’automobile – Mary Barra, à la tête de General Motors, a vu son salaire augmenter de 25 % depuis 2019, à 29 millions de dollars en 2022 – ont également contribué à l’extension de la colère chez les ouvriers qui se double maintenant du sentiment d’écrire un nouveau chapitre de l’histoire sociale étasunienne.
Depuis le déclenchement de la grève simultanée dans l’automobile, la pression sur les grands groupes de l’automobile devient chaque jour un peu plus forte et s’étend progressivement à des dizaines de sites industriels. Dans un contexte de forte inflation et de résurgence d’un syndicalisme plus offensif et combatif, cette grève bénéficie d’une très forte popularité auprès de la population américaine.
Ajoutons enfin que la Fédération Syndicale Mondiale (FSM) a exprimé sa « solidarité totale et inconditionnelle » envers les ouvriers en grève et en lutte. « Des milliers de travailleurs sont en grève ces dernières semaines, exigeant des augmentations de salaires, des assurances et une réduction des heures de travail. Leurs justes revendications se heurtent à une attaque frontale de la part des employeurs, qui ont déclenché les licenciements. », a déclaré la FSM, qui « soutient pleinement les revendications en particulier à un moment où les entreprises réalisent des millions de profits et où les travailleurs souffrent des conséquences de la nouvelle crise capitaliste et de l’inflation. »