Depuis le 14 novembre, soit plus de deux semaines, les salariés de Sanofi, avec la CGT, sont en grève reconductible pour arracher l’augmentation des salaires et l’embauche des précaires.
Cette grève qui paralyse la multinationale française est une grève de masse : on parle ici de plusieurs milliers de salariés (plus de 4 000 salariés grévistes) en grève depuis 15 jours. C’est aussi un mouvement simultané sur pas moins de 15 sites. La grève, qui avait touché quelques sites au début du mouvement, a donc fait tache d’huile. Certains sites sont également bloqués par les grévistes.
Cela ne doit évidemment rien au hasard. C’est bien la stratégie patiente et coordonnée d’élévation des consciences et du rapport de force organisée par la CGT Sanofi qui a rendu possible l’émergence d’un mouvement de grève aussi fort et soudé.
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Plusieurs camarades de la CGT Sanofi nous ont ainsi fait part de l’importance du « tour de France des sites Sanofi » impulsé il y a un an et demi par la Coordination CGT Sanofi dans la diffusion d’un esprit de luttes dans l’entreprise et la prise de conscience que tous et toutes à Sanofi sont écrasés et par le patron et par la vie chère.
Répression patronale, étatique, et silence médiatique
Il faut souligner une nouvelle fois le rôle de l’Etat et des médias dans la tentative de briser la grève. Alors que Sanofi, qui a obtenu de gigantesques profits, refusait de céder, la multinationale voit bien que la grève se poursuit (et s’amplifie) malgré les coups de matraques et les gazages, malgré le silence médiatique scandaleux autour de cette grève.
Les pressions sur les salariés et sur la CGT se sont ainsi multipliées tandis que la direction du groupe envoyait les forces de l’ordre brutaliser les manifestants, notamment lors du rassemblement devant le siège du groupe à Gentilly.
Si la presse quotidienne régionale se rend bien sur les sites en grève, force est de constater, pour quiconque recherche l’information, que la grève à Sanofi est clairement boycottée par la presse nationale et les médias de masse, tant du service public que des chaines appartenant à nos oligarques français.
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La CGT à la pointe du combat
« La hauteur du mépris de Sanofi, se mesurera à la force de mobilisations des travailleurs », a rappelé la CGT Sanofi dans un tract. Le syndicat exige non seulement le rattrapage de l’inflation en 2022 et donc l’augmentation collective de 5% rétroactif à janvier 2022, mais aussi une augmentation collective de 10% avec un talon de 500 euros pour 2023.
La CGT revendique aussi une prime exceptionnelle sur les résultats du groupe, une prime d’ancienneté, l’embauche en CDI des précaires du groupe. Comme le rappelait Jean-Louis Peyren, coordinateur CGT du groupe : « Sanofi use et abuse de l’emploi précaire. La revendication de la CGT sur l’embauche des deux tiers des précaires correspond au nombre de postes occupés sur plus de 18 mois par des précaires. »
Par ailleurs, pour le syndicat, la semaine de 32h et la semaine de 4 jours constituent également un axe revendicatif majeur.
Soulignons que depuis plus d’un an, et singulièrement depuis septembre, les grèves pour les salaires se sont démultipliées partout dans le pays, dans tous les secteurs et professions. La grande grève dans les raffineries Total et ExxonMobil et le secteur pétrochimique en octobre dernier a visibilisé, de par le caractère structurant du secteur pétrolier pour l’économie et la vie quotidienne de dizaines de millions de Français, toutes les luttes en cours et à venir contre la vie chère.
La grève à Sanofi, dont le caractère massif n’est plus à démontrer, donne un nouvel élan à toutes nos luttes et grève. Il s’agit bien d’une mobilisation qui, en réalité, nous concerne tous et toutes : une victoire à Sanofi, sans parler de l’exemple de combativité adressée à l’ensemble de la classe ouvrière française, serait une victoire de l’ensemble du monde du travail car cela prouverait, une nouvelle fois, que seule la lutte (organisée) et le rapport de force payent.
Généralisons les grèves pour les salaires : l’enjeu du moment est bien la confédéralisation de toutes ces luttes qui demeurent encore trop isolées les unes des autres alors qu’elles convergent pourtant toutes vers les mêmes objectifs : gagner le rattrapage des salaires pour 2022, l’augmentation immédiate à hauteur de 10% des salaires, pensions et minima sociaux, le rétablissement de l’échelle mobile des salaires indexée sur l’inflation.