La grève des ouvriers de Boeing paralyse le géant américain de l’aéronautique
Le bras de fer se poursuit entre les travailleurs de Boeing et la direction du géant américain de l’aéronautique. Plus de 33 000 ouvriers syndiqués (sur 150 000 salariés Boeing aux Etats-Unis) dans la région de Seattle, dans le nord-ouest des Etats-Unis, sont en grève depuis dix jours, dans le cadre de la négociation de leur nouvelle convention collective.
La grève a notamment entraîné la fermeture de deux grandes usines d’assemblage de Boeing et paralysé la production du 737, son avion le plus vendu, du 777 et du 767 cargo.
La direction de l’entreprise, après une première proposition d’augmentation salariale de 25% (au lieu des 40% réclamées par les salariés avec leur syndicat), a fini par proposer une nouvelle offre d’hausse salariale de 30% qu’elle présentait comme « finale et définitive », « à prendre ou à laisser ».
Mais, « Boeing reste loin du compte avec cette proposition », a déclaré l’International Association of Machinists and Aerospace Workers (IAM). Dans un communiqué, l’IAM a décliné l’offre et prépare le vote des ouvriers syndiqués après avoir également dénoncé les manœuvres de la direction du groupe qui cherche à casser le mouvement social et tente de court-circuiter le syndicat.
La grève des salariés, dont la radicalité et la détermination a en réalité dépassé une partie des responsables du syndicat, va sans doute se poursuivre, voire s’amplifier. Et ce, alors que la direction du groupe propose une prime de 6 000 dollars à chaque salarié gréviste pour qu’il vote la reprise du travail ; cette méthode de corruption n’est pas passée.
Il faut comprendre ici que les 25% ou les 30% promis par Boeing ne permettent même pas au travailleur du groupe de rattraper l’absence d’augmentations de salaire de ces seize dernières années, notamment au regard de l’inflation depuis 2020. La situation sociale au sein du géant de la construction aéronautique s’est considérablement aggravée ces dernières années notamment après les licenciements massifs imposés par la direction lors de la pandémie.
Alors que Boeing se répand dans la presse pour y distiller ses éléments de langage sur son groupe en difficulté financière, rappelons que le constructeur a distribué ces dernières années pas moins de 31 milliards de dollars en dividendes et gaspillé 43,5 milliards en rachat de ses propres actions. Et ce alors que la multiplication d’incidents et plusieurs crash d’avions (plus de 346 morts) a mis à mal sa réputation et son carnet de commande, conséquence directe d’un modèle économique uniquement fondé sur la généralisation de la sous-traitance, la mise à mal de protocoles pourtant élémentaires de sécurité et la réalisation de profits immédiats.
La grève des ouvriers de Boeing et la paralysie quasi complète du groupe démontre le caractère parasitaire des patrons et des actionnaires : rien ne tourne, rien n’est produit ou construit lorsque les travailleurs s’organisent, revendiquent et cessent le travail.