Depuis le lundi 16 septembre, près de 50 000 ouvriers de l’entreprise automobile Général Motors aux Etats-Unis sont en grève , à l’appel du syndicat United Auto Workers (UAW). Au total, ce sont 31 usines, réparties dans 10 Etats américains, qui sont concernées par cette grève massive.
Ce mouvement social d’une ampleur exceptionnelle touche un secteur industriel essentiel aux Etats-Unis. Ainsi, et selon le lobby patronal Alliance of Auto Manufacturers, l’industrie automobile soutient 9,9 millions d’emplois directs et indirects aux Etats-Unis et compte pour environ 3% du produit intérieur brut (PIB).
L’an dernier, le groupe General Motors dirigé par Mary Barra a dégagé un bénéfice net de 8 milliards de dollars. Pour rappel, GM avait été « sauvé » in extremis par le gouvernement américain en 2009 qui l’avait nationalisé temporairement pour éviter une faillite aux conséquences catastrophiques.
Que veulent les grévistes de General Motors ?
De manière générale, les ouvriers de General Motors estiment que le temps est venu de « toucher leur dû » après avoir accepté, le couteau sous la gorge, des sacrifices et contribué indirectement (en tant que contribuable) au renflouement du géant de l’automobile par l’Etat fédéral.
L’United Auto Workers a rejeté les propositions du groupe GM sur les salaires, les prestations de soins de santé, le statut des travailleurs temporaires et la sécurité de l’emploi. Le syndicat appuie les revendications de salariés contre le travail précaire, pour des augmentations de salaires, notamment pour les nouveaux ouvriers embauchés par GM. Le syndicat revendique par ailleurs une meilleure couverture médicale, et demande la réactivation de quatre usines mises à l’arrêt par le groupe américain.
It begins, the largest strike in over a decade as 49,000 workers walkout st General Motors nationwide pic.twitter.com/7UHbMXeVpe
— Mike Elk (@MikeElk) September 16, 2019
En déclenchant cette grève – la plus massive depuis 2007 – l’UAW répond aux demandes de sa base et cherche à imposer un rapport de force favorable aux salariés de GM dans le cadre des négociations autour d’une nouvelle convention collective qui doit s’appliquer aux salariés pour les quatre prochaines années. Il est à noter que ce nouveau contrat de travail servira également de base aux négociations chez Ford et Fiat Chrysler, deux autres constructeurs automobiles majeurs.
La FSM aux côtés de la classe ouvrière américaine
Le déclenchement d’une lutte sociale dans un secteur comme celui de l’automobile, dans une entreprise comme General Motors semble traduire un aiguisement de la lutte des classes aux Etats-Unis.
UAW General Motors Strike Is Rooted in Decades-Long Struggle for Dignity https://t.co/iUYNoG1bJO pic.twitter.com/rV1ngUmFEq
— Democracy Now! (@democracynow) September 18, 2019
Confronté à l’échec de la stratégie de modération revendicative, et accusés d’avoir été corrompus par General Motors et d’autres constructeurs en 2015 lors de la précédente négociation de la convention collective, les cercles dirigeants de l’UAW ont en réalité été débordés par les actions opiniâtres et courageuses de syndicalistes de « base ».
Bien que le syndicat UAW ne soit pas affilié à la Fédération Syndicale Mondiale, l’internationale syndicale a apporté son soutien aux 48 000 ouvriers de General Motors en lutte.
Dans son communiqué, la FSM a ainsi déclaré soutenir « fermement les luttes des personnes travaillant dans la plus grande entreprise automobile des Etats-Unis. », et exigé « la satisfaction [des] revendications justes pour l’amélioration [des] conditions de travail. »