Grèves pour les salaires dans l’énergie, vers un hiver nucléaire ?
Après l’échec des négociations salariales à EDF et le refus de l’employeur de revaloriser les salaires à hauteur des besoins des agents électriciens et gaziers, un mouvement social de grande ampleur est en construction dans le secteur de l’énergie, en particulier du côté des centrales nucléaires.
Un préavis de grève national intersyndical court en effet depuis lundi 15 janvier. Le 18 janvier, l’intersyndicale a annoncé une «mobilisation sociale massive» le 30 janvier pour exiger des «mesures salariales à la hauteur du travail fourni et de maintenir le pouvoir d’achat de tous face à l’inflation».
Entretemps, des salariés de certains sites, avec les syndicalistes CGT, ont déjà amorcé – à raison ! – le début de cette grève qui s’annonce massive, continue et puissante.
Comme le rappelle un tract de la CGT EDF Penly, des arrêts de réacteurs sont en cours ou déjà effectifs. C’est notamment le cas à la centrale nucléaire de Cruas depuis le 29 décembre, et à celle du Bugey depuis le 16 janvier, et depuis quelques jours de la centrale nucléaire du Tricastin.
Aux revendications de l’intersyndicale s’ajoutent d’ailleurs des exigences supplémentaires. Ainsi, la CGT Cruas « demande une augmentation collective des salaires de l’ensemble du personnel du CNPE de Cruas-Meysse de 100€ net par agent et par mois pour l’année 2024 ».
Par ailleurs d’autres réacteurs, mais aussi des barrages hydrauliques ou des centrales thermiques pourraient entrer en grève, à l’appel de la CGT, en amont ou à partir de la journée de grève nationale du 30 janvier. Selon un article du Parisien daté du 14 janvier, « 7 centrales, sur les 18 du parc, se disaient prêtes à rejoindre le mouvement. » Dix jours plus tard, le mouvement a confirmé son extension progressive, s’étend de centrale en centrale.
Ces grèves et luttes, porteuse d’espoir et qui pourraient servir de locomotive à d’autres secteurs, se situent dans un contexte d’inflation généralisée auquel il faut ajouter la décision portée par le ministre de l’économie d’augmenter le prix de l’électivité de +9,8% au 1er février 2024. Rappelons ici que la FNME-CGT, qui lutte pour l’augmentation des salaires dans l’énergie et la sortie de l’énergie hors des griffes du marché, « s’oppose à cette nouvelle augmentation qui creuse les inégalités. Elle s’additionnerait aux insoutenables +25 % en 2023 et au +4 % en 2022, alors que d’autres solutions sont possibles. Le juste prix de l’électricité c’est 0,1748 €/kWh TTC, abonnement inclus, POUR TOUS ! »
Pour la FNME-CGT, « la maîtrise publique de l’énergie doit être rétablie, les factures doivent être transparentes, et les usagers doivent payer le juste prix ! ».