LA GUERRE SOCIALE EN FRANCE

LA GUERRE SOCIALE EN FRANCE

Hausse de la mortalité infantile, Des millions de pauvres en France ; Appel à la grève chez les cheminots ; Patrons et militaires main dans la main, Attaques de la Cour des Comptes contre la santé de la population… retrouvez ci-dessous nos brèves et articles publiés dans nos éditions « l’Unité au Quotidien entre le 15 et le 25 avril 2025.

Bourrage de crâne, militarisme et capitalisme. L’Etat s’est fixé comme objectif d’atteindre les 160 000 réservistes opérationnels sur le plan national d’ici 2030. Dans certaines collectivités, l’armée et le patronat sont déjà partis à la chasse aux réservistes.

A Brives-la-Gaillarde, l’armée a ainsi signé un contrat avec le Medef, la CPME (petites et moyennes entreprises) et la Chambre de commerce et d’industrie. En Nouvelle-Aquitaine, l’objectif est d’arriver à 6 750 réservistes. En Corrèze, le ministère table sur 430 réservistes dans cinq ans.

Comme le rappelle Sud-Ouest, « si la Nouvelle-Aquitaine reste l’une des principales bases arrière de notre armée avec plus 10 % des effectifs dédiés, elle est aussi la troisième région française pour l’implantation des industries d’armement. Au bas mot 40 000 emplois directs, en additionnant les activités croisées que sont le spatial et de l’aéronautique. ». Les promesses d’investissements d’Etat pour l’industrie « de défense » font, nécessairement, saliver nombre d’entrepreneurs.

Dans ce grand mouvement enclenché, le patronat se retrousse les manches et participe au « réarmement » des esprits, nouveau bourrage de crâne effectif pour bénéficier de cette manne publique et de « l’accès des entreprises locales aux marchés du ministère des Armées ».

Faisons une hypothèse supplémentaire : la casse continue de l’Assurance-chômage et le travail forcé en échange de faibles allocations seront également utilisés pour « encourager » l’engagement, notamment des jeunes, dans l’armée.

Il y a bien une guerre en cours, et elle est dirigée contre le camp des travailleurs et travailleuses. Soyons à la hauteur des enjeux !


Pillage organisé. A la veille de la conférence sur les finances publiques du 15 avril dernier, la Cour des comptes a publié une note suggérant environ 20 milliards d’euros d’économies « possibles » d’ici 2029 sur la santé de la population.

L’institution, véritable temple de l’ultralibéralisme, propose, au travers de son panel de mesures vues et revues, une aggravation brutale de la guerre sociale menée contre les travailleurs et les travailleuses, notamment les plus précaires.

Ainsi, la Cour des Comptes suggère un contrôle accru des arrêts maladie, « l’encadrement » des indemnisations, une nouvelle diminution du taux de remboursement des médicaments dits de « confort », une augmentation de la part restant à la charge des complémentaires, et donc des assurés.

L’institution dirigée par le « socialiste » Moscovici s’attaque également aux professionnels de santé et propose une énième « restructuration hospitalière » et cible ouvertement les structures de « proximité » pour poursuivre le détricotage systématique et systémique de nos infrastructures publiques.

Bien entendu, ce pillage du bien public est une nouvelle tentative de hold up qui protège les intérêts des plus riches et surtout du patronat, notamment dans les industries pharmaceutiques ou encore dans la fabrication de matériel médical.  

Ces éléments et propositions « chocs » accompagnent la grande régression sociale en cours dans notre pays matérialisé par la conférence sur les finances publiques, une grand-messe qui a rassemblé des ministres, des parlementaires, des organismes de sécurité sociale ou encore des collectivités locales pour dramatiser la situation et préparer un nouveau tour de vis extrêmement brutal pour le Peuple avec un budget 2026 qui prévoit près de 50 milliards d’euros de coupes dans les « dépenses sociales ».


 

Barbarie. Une étude l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a révélé que la mortalité infantile continuait d’augmenter en France. Le nombre d’enfants qui meurent avant l’âge d’un an a été de 4,1 pour 1000 naissances en 2024, au lieu de 3,5 en 2011.

La France est désormais au 23e rang sur 27 dans l’Union européenne alors que la mortalité infantile était une des plus faibles d’Europe dans les années 1990.

Selon cette enquête scientifique, les enfants des catégories les plus populaires, dont les mères sont sans emploi, employées ou ouvrières, immigrées, sont ceux qui ont le plus de risque de mourir en bas âge, ainsi que ceux qui naissent dans les départements d’outre-mer.

Que nous disent ces chiffres ? Tout d’abord, ces éléments illustrent la réalité de la violence meurtrière de la guerre des classes. Pourquoi ? Tout simplement parce que c’est bien le Peuple, les travailleurs et travailleuses qui payent plusieurs fois le prix du sang et des larmes pour le maintien, « quoi qu’il en coûte » des profits des grands groupes capitalistes. Car voici bien le résultat obtenu à force de pressurer et liquider, pendant plusieurs décennies, les services publics fondamentaux (notamment de « proximité »), comme les maternités (trois sur quatre ont été fermées depuis 1975), dans les services de néonatologie, les PMI (centres de protection maternelle et infantile)…

Disons-le, cette hausse de la mortalité infantile ne doit rien au hasard et constitue bien une conséquence de la destruction systémique du modèle social et de santé dénoncée inlassablement par la CGT. Face à l’émotion, le gouvernement, fidèle à sa marque de fabrique, fait encore et encore de la communication de « crise » pour laisser passer l’orage et continuer la même politique.

Il faut donc opérer une rupture radicale avec cette politique menée tambour battant, au nom d’ailleurs de la « mondialisation heureuse », par les différents gouvernements, de gauche comme de droite, qui se sont succédés. La réponse aux besoins, dont celles liées à l’enfant et à la maternité, passe par sortir l’économie hors des griffes du marché capitaliste au travers d’une expropriation totale des secteurs économiques et la direction du pays par les travailleurs eux-mêmes.


Barbarie capitaliste. En décembre 2024, le rapport de l’Observatoire des inégalités révélait que 8 % de la population vivait sous le seuil de pauvreté en 2023, soit 5,3 millions de personnes, un chiffre en constante hausse depuis le milieu des années 2000 et qui a bondi ces dernières années. Les personnes les plus touchées par la précarité sont les chômeurs, les étudiants et les femmes.

Pour rappel, une personne est considérée comme pauvre si elle touche moins de 940 euros par mois, ce qui correspond à la moitié du revenu médian des Français.

L’aggravation de la pauvreté est à la fois due à la baisse des revenus et des aides en 2022, mais également à l’augmentation brutale du coût de la vie. Les prix alimentaires ont encore augmenté de 7 % en 2023 et ceux de l’énergie de 23 %.

La précarité et le chômage joue un rôle majeur. Un quart des chômeurs sont pauvres. Les inactifs non retraités sont 22,1 % à vivre sous le seuil de pauvreté. En comparaison, 2,9 % des salariés sont pauvres, ainsi que 12,5 % des indépendants. Toutefois, comme le rappelle l’Observatoire des inégalités, « travailler ne protège pas complètement : 1,1 million de  travailleurs ont un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté, ce qui représente autour de 4 % des personnes en emploi.

« L’extrême misère » persiste également en France. 330 000 personnes n’ont pas de domicile et vivent à la rue, à l’hôtel social ou en centre d’hébergement.

Le rapport souligne également la très large solidarité professée et plébiscité par les Français, malgré le prisme déformant des médias et discours politiciens. Ainsi, seuls  12% des Français estiment que l’Etat en fait trop pour les plus démunis, selon le ministère des Solidarités (donnée 2023).

Ces 5,3 millions de personnes enfermés par le patronat et l’Etat dans la pauvreté et le dénuement vivent la guerre sociale à son paroxysme. Ces travailleurs, avec ou sans emploi, actif comme retraité, avec ou sans papiers, sont de notre camp et de notre classe. La bataille pour l’amélioration des conditions de vie fait écho à la lutte pour une vie meilleure, pour tous et toutes. Ce combat passe par la solidarité en action, l’organisation, notamment avec les Comités chômeurs et précaires CGT, la lutte contre la guerre aux pauvres et aux chômeurs menée tambour battant par le gouvernement et le Medef.

Lire aussi : loi travail forcé et liquidation de l’Assurance-chômage


SNCF La fédération CGT Cheminot appelle les contrôleurs comme les conducteurs « à agir conjointement par la grève dès le5 mai » et exige, pour les contrôleurs, une« revalorisation » de la « prime de travail » ainsi que la revue des « paramètres » des logiciels d’organisation du travail qui provoquent « d’importants désagréments dans le quotidien » des agents.

Cet appel, qui converge avec des appels à la grève chez les contrôleurs pour les 9, 10 et 11 mai (en plein pont du 8 mai), effraye le gouvernement et le patronat par son potentiel et sa (très souhaitable)extension à d’autres secteurs sur des sujets différents mais convergents.

Pour les conducteurs, la CGT revendique la« réouverture des négociations sur la refonte de la prime traction »,un « élément de rémunération important chez les conducteurs. ». En Ile-de-France, les syndicats CGT souhaitent également que cette prime ne soit plus « amputée en cas de maladie » ou « inaptitude » ainsi que le versement d’« une prime de technicité en fonction des trains conduits. »

Dans un communiqué, plusieurs secteurs CGT Cheminots d’Ile de France explicitent à juste titre la nécessité d’une élévation du rapport de force avec la direction de la SNCF et avec l’Etat : « une grève de 24h isolée ne suffira pas »,appellent à construire un mouvement « sur la durée jusqu’à satisfaction des revendications » et proposent à « tous les agents de conduite de faire de la semaine du lundi 5 mai le point de départ de ce mouvement, sous la forme d’une semaine NOIRE en Ile de France. »

Par ailleurs, la CGT envisage également « d’ores et déjà une journée d’action nationale tous services dès début juin ».

Désindustrialisation Avec le choix d’attribuer Vencorex au chinois Wanhua, l’Etat et le gouvernement seront allés au bout de leur logique défiant, en apparence du moins, toute rationalité au sujet de l’usine Vencorex de Pont-de-Claix, acteur majeur de la chimie dans le bassin grenoblois produisant du chlore, de la soude, de l’hydrogène et des isocyanates, et menacée de fermeture.

Après avoir laissé pourrir la situation sociale dans le bassin industriel grenoblois, écarté sans raison les projets de nationalisation (même temporaire), raillé le projet de SCIC porté par les salariés avec la FNIC CGT, abandonné en rase campagne les différentes collectivités impactées par la fermeture de l’usine et les conséquences sur l’emploi (6 000 postes menacés dans le bassin d’activité sud-isérois), l’Etat et le gouvernement auront également encouragé de fait une parodie de « justice » commerciale.

Comme le rappelle la FNIC CGT dans un communiqué, « La décision rendue ce 10 avril 2025 par le tribunal de commerce de Lyon concernant la reprise de la société Vencorex aura de lourdes conséquences, tant sur le plan social et environnemental que pour la souveraineté nationale. Le tribunal a en effet validé une reprise très partielle du site de Pont-de-Claix, ne préservant que quelques dizaines d’emplois liés à la production de tolonates. »

« Pourtant, face à la faillite organisée de Vencorex, les salariés, accompagnés par la FNIC-CGT, avaient élaboré un projet de reprise solide sous forme de SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif). Ce projet réunissait des investisseurs publics — notamment des collectivités locales — ainsi que des acteurs privés, avec des promesses d’investissement dépassant 44 millions d’euros pour le privé, et plus de 20 millions pour les collectivités, sans compter les engagements des OS CGT. », ajoute la FNIC CGT.

Ecouter notre podcast de décembre 2024 au sujet des grèves et luttes engagées par les salariés de Vencorex avec la CGT


Guerre sociale. ● La « restructuration », véritable massacre social,se poursuit dans le secteur du commerce. Fin mars, l’enseigne de jeans Kaporala été mise en liquidation judiciaire : 85 magasins fermés et282 salariés licenciés. Début avril, le groupe Gifi a annoncé la fermeture de 11 magasins et le licenciement de 302 salariés. Et chez Intermarché, 28 hyper et supermarchés ex-Casino vont définitivement fermer. Au total des milliers de salariés font face à cette politique brutale et prédatrice. Ces groupes capitalistes, ou en tout cas leurs actionnaires, qui n’ont pourtant pas de « manque à gagner », sont des broyeurs de vies.

A Saint-Nazaire, les travailleurs de Soprema, entreprise spécialisée dans les travaux de toiture, façade,étanchéité, bardage et couverture en Loire Atlantique, ont engagé la grève le 10 avril ce jeudi et revendiquent une augmentation des salaires.  La CGT revendique une  augmentation générale de 300 € et un salaire de départ à 2 000 € ; un treizième mois pour tous en dehors du calcul du salaire minimum annuel. Le syndicat veut également revenir sur un accord datant de 1993 sur les jours non travaillés,qui doivent encore être récupérés en cas d’intempéries.

Les salariés de Radio France et de France télévisions sont appelés à la grève contre la réforme de l’audiovisuel public par l’intersyndicale du jeudi 10 avril 14h jusqu’au matin du samedi 12 avril. Les syndicats des deux groupes de médias publics appellent les salariés à cesser le travail, pour la deuxième fois en deux semaines, face à l’arrivée du projet de loi en séance publique à l’Assemblée nationale


Barbarie capitaliste 49 Français sont présents dans le classement du magazine américain Forbes qui recense 3 000 milliardaires dans le monde entier. Les dix personnalités les plus riches de France détiennent pas moins de 365 milliards d’euros (une somme supérieure au PIB de la Colombie ou encore du Portugal), dont 143,6 milliards pour le seul Bernard Arnault,patron de LVMH et consorts.

Pour donner un ordre de grandeur, le budget de la sécurité sociale pour 2025 est de plus de 666 milliards d’euros,toutes branches confondues… Ainsi, 10 Français possèdent l’équivalent de la moitié du budget de la Sécu. Cette situation n’est pas « lunaire »,mais simplement la conséquence logique de la prédation sans limites du capitalisme « triomphant ».

Ces sommes colossales, sans oublier (surtout) les entreprises,doivent être confisquées et expropriées pour être rendu, avec la démocratie ouvrière et par la réponse aux besoins collectifs, aux travailleurs et travailleuses, seuls créateurs des richesses et spolié par les patrons.


Leurs guerres, nos morts. 5 milliards d’euros sont volés aux Français les plus pauvres pour financer l’effort de guerre. « Mobilisation générale »: le gouverneur de la Banque de France a appelé, sans avoir peur du ridicule, les Européens à maintenir et amplifier une politique brutale d’austérité et de réduction drastique des « dépenses sociales » pour, entre autres, financer l’effort de guerre impérialiste.

Le même jour, la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a annoncé un effort supplémentaire de réduction de la dépense, de 5 milliards d’euros, dont une partie pourrait être réallouée au secteur défense. « Ces 5 milliards d’euros que nous allons soit annuler, soit repousser, soit réorienter, c’est notre réponse à un monde instable. C’est la manière de faire face quoi qu’il arrive à ce monde instable », a déclaré la ministre sur RMC, citant notamment la nécessité d’avoir « les moyens de soutenir l’Ukraine, de réarmer notre pays ». Pour rappel, la France est le second exportateur mondial d’armements…

En clair, « la meilleure manière de faire face au monde instable », dixit De Montchalin, est donc de faire la guerre aux pauvres en France pour préparer la guerre à l’étranger… Tout un programme qu’il nous appartient, et à nous seuls, de faire dérailler.


Guerre sociale. ● L’entreprise Owens-Illinois, géant américain du verre d’emballage, a annoncé la suppression de 316 postes en France, soit près de 15% de ses effectifs français. La CGT « refuse l’hécatombe sociale », « appelle à la mobilisation générale » et accuse le groupe de « sacrifier une fois de plus l’humain sur l’autel de la rentabilité […] Ce ne sont pas moins de 556 postes qui sont touchés, dans une logique de restructuration brutale ».

● A Saint-Etienne, la CGT, seul syndicat au sein du service métropolitain de collecte des déchets, a déclenché une grève pour 15 jours, renouvelable. Cette grève, qui a pour principal enjeu le maintien d’un rythme de collecte des déchets plus soutenu (et donc avec des moyens humains et matériels à la hauteur des enjeux de salubrité) déborde de Saint-Etienne et touche également d’autres communes ligériennes.

● Plus d’une centaine de salariés se sont rassemblés avec la CGT le 8 avril devant l’usine Domo Chemicals, entreprise belge spécialiste des polyamides, qui veut fermer la partie nord du site Belle-Etoile de la Vallée de la chimie, à Saint-Fons, près de Lyon. 150 postes sur 500 devraient être supprimés, soit le tiers des effectifs. « Chez les salariés du site, il y a beaucoup d’inquiétude, de la colère, de l’incompréhension. On va essayer coûte que coûte de défendre nos emplois, on ne va rien lâcher », avait expliqué David Marquez, délégué syndical CGT sur la plateforme de Belle-Etoile.