La Histadrout et la CSI, complices de l’Occupation israélienne et du génocide en Palestine ?
Israël pourrait-il commettre un génocide à Gaza et en Palestine sans la protection/soutien qu’il reçoit des puissances occidentales ? La réponse à cette question est évidente et connue de tous et de toutes : non, trois fois non, le premier génocide du 21e siècle ne peut pas avoir pas lieu sans le soutien direct, actif et complice des Etats occidentaux et de leurs alliances, au premier rang desquels on trouve notamment les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, sans oublier l’Union européenne et l’OTAN qui en émanent.
Ce soutien prend de nombreuses formes : économique et militaire bien entendu, Israël est constamment réalimenté en bombes, armes, munitions par ses alliés occidentaux qui font tourner à plein régime leurs complexes militaro-industriels. Mais, ce soutien est également moral ; chacun a pu constater la partialité médiatique et le « soutien inconditionnel » accordé à Tel Aviv sur toutes les ondes médiatiques et dans toutes les bouches des portes paroles d’Etat ou des experts de plateaux télévisés.
Ce soutien moral n’est pas le fait uniquement des Etats, mais peut également prendre des formes détournées particulièrement sournoises et perverses. Par exemple, les positions, au mieux ambiguës, au pire pro-sionistes, de la Confédération Syndicale Internationale et de la Confédération Européenne des Syndicats, posent questions et interrogent sur le sens de la participation/affiliation de notre Confédération CGT.
Bien sûr, chacune de ces structures s’est « couverte » en publiant çà et là, tel un Emmanuel Macron ou un Joe Biden, quelques communiqués ou déclarations, en paroles, dénonçant la souffrance des populations civiles palestiniennes. Quelques arbres qui cachent mal une bien sombre forêt.
Il faut en effet comprendre ici que la CSI et la CES servent en réalité de blanchisserie syndicale aux crimes commis par Israël. Autant dire que ces organisations ont sauté à pieds joints dans le nouveau narratif écrit par les Occupants après le 7 octobre.
Pire, ces confédérations jouent bien souvent un rôle de blocage des initiatives syndicales de solidarité internationale avec la Palestine.
Comment cela pourrait-il en être autrement ? D’une part, la CSI et la CES sont des structures historiquement proches des puissances impérialistes, des anticommunistes et des opposants aux mouvements de décolonisation. Ce n’est un secret pour personne : la CSI est la fusion de la CMT (Internationale chrétienne pro-Vatican) et de la CISL (Internationale pro-Washington dirigée par les Syndicats américains AFL-CIO) ; et que la CES est issue de la CISL (son nom original est en effet CESL, comme « branche Europe » de la CISL. Une CISL qui s’est illustrée dans l’Histoire par son soutien au blocus de Cuba, au coup d’Etat de Pinochet au Chili, aux guerres coloniales, à l’Afrique du sud de l’Apartheid, aux mouvements anti-communistes du monde entier, etc…
D’autre part, les directions de la CSI ont toujours été un relais direct du puissant syndicat fasciste israélien Histadrout. Et enfin, la CSI et la CES ont toujours été des soutiens directs du processus dit d’Oslo.
A propos des accords d’Oslo
Il convient ici de rétablir certains faits. La solution à deux Etats, compromis effectué avant tout par les Palestiniens, portée par le processus d’Oslo est apparue pour ce qu’elle était : un piège pour les Palestiniens. De même, ce processus a ouvert la voie à de graves dispositifs en termes sociaux et de droits et libertés syndicales.
Saviez-vous que ces accords ont permis la mise en place de mesures économiques et financières néo-libérales qui ont aggravé, qui plus est dans un contexte colonial, les conditions de travail et de vie des travailleurs palestiniens ?
Saviez-vous aussi que ces accords, sur lesquels une partie de la gauche et du monde syndical – en déni de la réalité, continue pourtant de s’accrocher, ont organisé la mise en place de permis de travail, indispensables aux travailleurs palestiniens pour pouvoir circuler ?
Pire : (et toujours une conséquence des accords d’Oslo signés par les Palestiniens avec un pistolet sur la tempe), le contrôle des syndicats et travailleurs palestiniens par la Histadrout qui collecte automatiquement les cotisations (obligatoires) des travailleurs palestiniens en Israël (y compris des 2 millions « d’arabes israéliens » vivant en territoires occupés), avant de les « reverser » au syndicat palestinien officiel, la PGFTU, sous la coupe de l’Autorité palestinienne.
Chacun peut ici clairement percevoir non seulement le vol mais aussi l’humiliation des travailleurs palestiniens, victimes d’extorsion, de la part des institutions israéliennes. Ces dernières, et à travers elles le gouvernement israélien, disposent, avec la mainmise sur les finances syndicales palestiniennes, d’un énorme moyen de pression et de chantage.
Ce contrôle financier est perçu, à juste titre, par les travailleurs palestiniens comme l’illustration d’une collaboration de fait de l’Autorité palestinienne avec l’Etat d’Israël et l’Occupation.
A noter par ailleurs que l’appel d’Israël à l’émigration en provenance des pays asiatiques vise à remplacer la main d’œuvre palestinienne toujours suspectée.
A propos de la Histadrout… et de la CSI
La Histadrout, centrale syndicale israélienne historique fondée en 1920, n’est pas un « syndicat » comme les autres. Bras syndical du sionisme, cette organisation fait partie du processus de domination et d’oppression en Palestine. Présentée comme une organisation de gauche, la Histadrout est un acteur majeur du processus colonial et de la désinformation sur la réalité en Israël-Palestine, et présente un visage « social » de l’occupation israélienne.
« Nous soulignons que nous ne comptons pas une seconde sur la fédération des syndicats de l’occupation, l’« Histadrout » pour faire cesser la guerre ou y contraindre le criminel de guerre Netanyahou. Cela s’inscrit dans le contexte de conflits internes et surtout de l’alignement de ce syndicat sur les partis israéliens d’opposition, dont les mains sont entachées du sang de notre peuple, et qui soutiennent la continuité de l’état d’occupation. », a déclaré le 30 septembre dernier la Fédération générale des Travailleurs palestiniens – Ville de Gaza.
Et cela ne date pas d’aujourd’hui : dès sa création en 1920, la Histadrout se s’est pas fondée sur des bases « de classe », mais bien sur les bases racistes de la « défense du travail juif », et recrute sur des critères racistes en groupant des salariés, certes, mais aussi un grand nombre de petits patrons juifs de Palestine, mais en excluant les arabes.
Elle œuvre à la destruction méthodique des syndicats mixtes, qui regroupaient travailleurs juifs et arabes notamment dans les chemins de fer de Palestine.
Après la création de l’Etat d’Israël, elle œuvrera à la ségrégation, en organisant des piquets de grève contre le recrutement de travailleurs arabes. Sa « section syndicale arabe », à l’attention des « arabes israéliens vivants en territoires occupés », ne verra le jour que des décennies plus tard, au vu de l’interdiction de créer des syndicats arabes, et restera « étanche » du reste de l’organisation.
Elle devient le 2ème employeur du pays et soutient activement l’expulsion de commerçants, paysans et artisans arabes de Palestine pour favoriser la colonisation, dont elle est un instrument, comme l’armée. Bref, comme l’a bien résumé Golda Meir en 1928 quand elle devient Secrétaire du Bureau du travail féminin de la Histadrout : « ce n’est pas seulement un syndicat, mais aussi un instrument important de colonisation ».
Liée au parti travailliste, la Histadrout donnera de nombreux dirigeants à l’Etat, comme Ben Gourion qui en a été le premier Secrétaire Général, Golda Meir et même plus récemment Amir Perez, qui a été son premier dirigeant (mais aussi vice-Président de la CSI !), avant de devenir ministre de la défense, conduisant la guerre au Liban en 2006, ayant ravagé le sud-Liban et tué plus de 1200 civils libanais.
Dans le génocide en cours, la Histadrout a officiellement soutenu les opérations militaires israéliennes à Gaza, en Cisjordanie, au Liban. Liée historiquement, sur le modèle anglo-saxon, au parti travailliste israélien, la Histadrout s’est bornée à appeler à la libération des otages, organisant même une pseudo grève nationale pour « peser » sur le gouvernement israélien, sans un mot pour le peuple de Palestine et la cité-martyre de Gaza. Rien de surprenant quand on sait que ce « syndicat » reconnait l’annexion par Israël du Golan et de Jérusalem-Est, a soutenu la guerre menée au Liban en 2006 et a également promu le blocus et la guerre menés par Israël contre Gaza en 2008-2009.
Quelques années auparavant, la centrale syndicale israélienne avait même soutenu le plan Sharon de réoccupation/colonisation de la Cisjordanie (à partir de 2002). La Histadrout s’est aussi prononcée en faveur de la construction du mur de l’Apartheid.
Ce syndicat est bien évidemment en première ligne contre la campagne de boycott impulsée par les syndicats palestiniens. En 2011, la coalition des syndicats palestiniens pour le BDS a condamné la Histadrout et appelé les syndicats internationaux à rompre tous les liens avec elle « en raison de sa complicité historique et actuelle avec les violations par Israël du droit international et des droits des Palestiniens. La Histadrout a toujours joué un rôle clé dans la poursuite de l’occupation, de la colonisation et du système de discrimination raciale pratiquée par Israël ».
Nous avons vu plus haut que les accords d’Oslo ont sanctifié la mise sous tutelle des travailleurs palestiniens et de leurs organisations. En 2009, le rapport d’un économiste israélien intitulé « Vol d’État » démontrait que la Histadrout était « complice de la politique du gouvernement israélien consistant à déduire environ 20% du salaire des travailleurs palestiniens pour une prétendue contribution aux prestations d’aide sociale, prestations qui pour la plupart ne sont pas accordées aux travailleurs palestiniens. »
Le rapport démontrait que « seuls environ 8% de cet argent collecté ont été effectivement utilisés au bénéfice des travailleurs palestiniens, alors qu’autour de 90% ont été transférés au Ministère des Finances israélien pour financer des projets d’infrastructures, y compris les colonies illégales de Cisjordanie. »
La Histadrout est bien complice des mesures de contrôle des travailleurs palestiniens par les autorités israéliennes. Ce « syndicat » qui est aussi patron et employeur de multiples entreprises, appelle même à la délation (y compris de façon anonyme), auprès de ses services, des travailleurs sans permis afin de les faire radier.
Nous l’avons vu, la Histadrout est un acteur majeur de la société israélienne et de l’Occupation, jouant le rôle de courroie d’intoxication raciste et de transmission du sionisme – idéologie suprémaciste qui justifie la colonisation, l’apartheid et l’extermination des Palestiniens.
Dans le même temps, ce syndicat exerce une influence considérable sur des structures syndicales internationales.
Nombre de vice-présidents de la CSI ont été et sont directement issus de la Histadrout. Cette réalité, qui crève pourtant les yeux, est sciemment ignorée ou pire silenciée par la direction confédérale et le secteur international de la CGT.
Chacun aura pu remarquer que la Confédération CGT évitait, autant que possible et avec le plus grand soin, depuis quelques mois, de mentionner après des années de cécité, la tristement célèbre Histadrout. Et pour cause ! Nul doute que les syndiqués et syndicalistes de la CGT seraient épouvantés et révoltés de savoir que la CGT entretient des relations d’amitié avec ce syndicat fasciste. A la place, et après des années de « circulez, rien à voir », et du bout des lèvres, la direction confédérale mentionne un syndicat palestinien minuscule et lui aussi sous la coupe financière des sionistes déguisés en dirigeants syndicaux. De même, l’affiliation de la PGFTU, pseudo syndicat palestinien sous la coupe de la Histadrout, à la CSI, ne saurait être un gage de respectabilité envers la cause palestinienne de la Confédération Syndicale Internationale.
Ce risible sectarisme – car les syndicats palestiniens indépendants et combatifs sont tous affiliés à la Fédération Syndicale Mondiale (et pour cause ! là encore) ne fait pas honneur à notre Confédération CGT.
Rappelez-vous, il y a près de deux ans, la direction confédérale de la CGT et son secteur international, en plein congrès et après les révélations de corruption au plus haut sommet de la CES, la Confédération CGT instrumentalisait les paroles d’une militante politique iranienne dans une manœuvre désespérée et malhonnête visant à salir et diffamer la Fédération Syndicale Mondiale et, à travers elle, ses affiliés en France.
Aujourd’hui, le silence radio sur les relations entre la CGT et la Histadrout doit être brisé. Nous demandons des comptes : pourquoi la CGT ne rompt-elle pas ses liens avec la Histadrout ? Pourquoi cette absence de clarté ? Pourquoi la CGT ne dénonce-t-elle pas cette organisation indigne, dangereuse et toxique ? Rappelons-ici qu’une des demandes traditionnelles des syndicats palestiniens indépendants est justement la rupture des liens avec la Histadrout…
Hypocrisie ou complicité du secteur international : pourquoi les syndiqués et syndicalistes de la CGT ne connaissent-ils pas la place prépondérante de cette organisation au sein de la CSI ?
Pourquoi la CGT, membre de la CSI, n’a jamais publiquement dénoncé les positions de la CSI sur la Palestine (comme sur le blocus de Cuba ou le néo-colonialisme) ?
Comment la Confédération CGT peut-elle encore tolérer le soutien de facto accordé aux autorités israéliennes par la Confédération Syndicale Internationale et la Confédération Européenne des Syndicats, relais « syndical » institutionnel de la Commission européenne ?
Autant de questions jusque maintenant sans réponses…