Du Sénégal au Soudan, les populations sont confrontées à des inondations monstres, notamment dans le bassin du Niger (troisième fleuve d’Afrique) où vivent plus de 100 millions de personnes.
Les pluies torrentielles et les crues des fleuves ont déjà causé la mort de centaines de personnes, ainsi que des dégâts matériels considérables (digues, routes et ponts détruits, infrastructures vitales endommagées, etc…). En tout, plus d’un million de personne sont directement affectées par ces inondations.
En une semaine, 33 personnes sont mortes au Niger et plus de 80 000 civils ont dû quitter leurs habitations inondées par le fleuve en crue. Rappelons qu’à la fin du mois d’août, le fleuve Niger avait déjà débordé de son lit, causant la mort de 57 personnes et obligeant près de 295 000 personnes à quitter leur maison.
Ailleurs en Afrique, le Burkina Faso, le Ghana et le Nigeria sont également endeuillés. Au Cameroun, plus de 1 500 familles sont désormais en exil interne dans le nord du pays tandis qu’au Soudan, les crues du Nil – dont le niveau a atteint 17,57 mètres, un record depuis plus de cent ans – ont entrainé la mort de plus de 100 personnes et la destruction de 100 000 maisons depuis le mois de juillet.
L’est et le sud de la Mauritanie sont par ailleurs très affectés par le phénomène qui a coupé certaines villes du reste du pays. Nouakchott, la capitale du pays, ne dispose pas d’un réseau d’égouts, et voit en conséquence des quartiers entiers submergés lorsque les pluies s’abattent sur la ville.
Enfin, au Sénégal, l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) a lancé l’alerte à la crue, craignant des débordements du fleuve, en cas de nouvelles pluies. Dans le pays, la polémique enfle autour de la gestion de la crise. L’opinion publique et la société civile sénégalaise s’interroge en effet sur la faiblesse des mesures prises par l’Etat au regard de la dotation de plus d’un milliard d’euros attribué, dès 2012, au Programme décennal de lutte contre les inondations.
A noter aussi que l’agriculture des pays sinistrés est durement impactée par les inondations. Au Niger et au Nigeria, la récolte de riz va par exemple connaitre une crise de très grande ampleur : 450 000 hectares de rizières sont sous les eaux et ce sont, au total, deux millions de tonnes de riz qui pourraient ainsi manquer. La situation est moins grave dans d’autres pays de la zone mais demeure inquiétante. Une crise alimentaire se profile donc dans cette région du monde, ce qui ne manquera pas d’entrainer d’autres conséquences néfastes pour les populations.
Il convient de souligner que si ces inondations sont des phénomènes récurrents en cette saison, ce sont bien les absences criantes d’infrastructures pour évacuer les eaux de pluies dans les grandes villes, l’absence ou la vétusté des infrastructures vitales (comme les égouts) qu’il faut dénoncer. Tout comme il faut dénoncer l’inexistence de logements dignes, la corruption, l’ingérence étrangère sous forme « d’aides » à la coopération, l’absence de moyens humains et financiers pour l’Hôpital, les pompiers, etc..
En Afrique comme ailleurs, le choix du capital est clair : le profit passe avant la santé, la dignité, les droits fondamentaux de la population à vivre dignement.
La FSM dénonce les vraies responsables du désastre et s’affirme solidaire des populations meurtries
La Fédération Syndicale Mondiale (FSM) a réagi dans une déclaration à la tragédie en cours en Afrique, exhortant « toutes les autorités responsables à indemniser immédiatement toute la population touchée et à leur fournir un hébergement sûr et des maisons restaurées. ».
Pour la FSM, « le « changement climatique » ne doit pas être blâmé pour cette situation. Il est utilisé comme excuse pour que les travailleurs acceptent que ce soit leur « destin » d’être noyé lors d’inondations, d’être brûlé vif lors d’incendies, etc. Le manque de mesures anti-inondations et de protection adéquates, l’inexistence des logements et infrastructures appropriés pour les travailleurs et les pauvres, est la raison des conséquences des inondations. »
« Si ces mesures étaient mises en place, les conséquences des inondations seraient beaucoup plus atténuées et peut-être qu’aucun décès ne serait survenu. Par exemple, près du Nil, de nombreux arbres ont été abattus pour faire place à des zones résidentielles, affectant les vallées où l’eau pouvait se déverser. », explique encore la déclaration.
La FSM incite « les travailleurs [à] renforcer leur lutte pour la mise en œuvre URGENTE de toutes les mesures anti-inondations adéquates afin de ne pas pleurer plus de victimes et de ne pas voir leurs maisons, animaux et plantations détruits à nouveau. »
« Le mouvement syndical mondial de classe continuera et renforcera notre lutte pour la protection de la vie des travailleurs contre les phénomènes météorologiques extrêmes. », déclare encore la FSM qui appelle « les autorités à prendre des mesures immédiates de protection et de secours pour les personnes touchées et tous les travailleurs ».