En Kanaky comme ailleurs, le Pouvoir récoltera ce qu’il aura semé

En Kanaky comme ailleurs, le Pouvoir récoltera ce qu’il aura semé

Le saviez-vous ? Cette année, le préfet de Nouvelle-Calédonie a interdit la manifestation du 1er Mai dans les rues de Nouméa. Preuve d’un régime d’exception coloniale, les manifestations ont été interdites en Nouvelle-Calédonie pendant près d’un an après l’explosion de colère du 13 mai 2024. Elles n’ont cessé de l’être que depuis le 17 avril, après un recours de la Ligue des droits de l’Homme.

Il y a quelques jours, l’échec des négociations politiques a plongé un peu plus l’archipel dans l’incertitude, un an après les soulèvements en Nouvelle-Calédonie, inédits depuis les années 1980 et fruit du pourrissement de la situation par l’Etat français et les forces « loyalistes ». De l’avis exprimés par la plupart des experts, la situation de blocage politique et l’aggravation de la guerre sociale ne pourront que susciter, d’ici peu, de nouvelles vagues d’explosions sociales et de soulèvements.

En effet, si le projet de modification du corps électoral mené tambour battant par Emmanuel Macron a cristallisé la colère, les raisons du mécontentement chez les travailleurs et au sein de la population sont nombreux.

La Kanaky est une pièce maitresse du dispositif maritime, notamment économique et militaire français dans le Pacifique. Héritage colonial et impérial, 93 % des gigantesques Zones économiques exclusives (ZEE) françaises se situent dans les océans Indien et Pacifique, où abondent zones de pêches et ressources minérales : fer, zinc, cuivre, manganèse, cobalt, platine et terres rares.L’archipel possède d’ailleurs les plus importantes réserves de nickel au monde. On comprend mieux pourquoi l’armée française dispose, après les Américains, de la plus grande présence militaire dans l’Indo-Pacifique.

Dans le même temps, la population ne voit pas ses conditions de vie et de travail progresser. Pire, pendant que l’État français et les élus locaux valident un budget d’austérité tout en soutenant à bras le corps le patronat, le chômage et la misère frappent les travailleurs de l’archipel. N’oublions pas également l’arme du chantage utilisé par l’Etat et les gouvernements métropolitains qui bien souvent conditionnent les financements publics à un apaisement social et politique.

En réalité, la captation des richesses par une minorité et l’héritage colonial demeurent à l’ordre du jour. En témoigne d’ailleurs la nature de la répression, très coloniale, sécuritaire et militarisée, imposée par l’Etat français qui continue de « quadriller le terrain » avec des milliers de gendarmes (des militaires donc) aux côtés des forces sécuritaires mais aussi de centaines de miliciens « caldoches » aux allures paramilitaires.

Rappelons également que le 19 juin 2024, onze figures des mouvements indépendantistes ont été interpellées par la police française en Nouvelle-Calédonie. Trois jours plus tard, sept d’entre elles étaient transférées brutalement et dans des conditions indignes, dans des prisons de France métropolitaine. Récemment, le mardi 8 avril, la Cour de cassation a rejeté le pourvoi de Christian Tein, leader du mouvement indépendantiste kanak qui contestait sa détention provisoire en métropole.

Nous ne pouvons qu’apporter notre solidarité à ces prisonniers politiques, exiger leurs libérations et la satisfaction des revendications exprimés par les peuples et travailleurs de Kanaky. Comme nous l’écrivions dès le 13 mai 2024, « il appartient aux différentes composantes de la population de Nouvelle Calédonie de décider, seules, de leurs avenirs. Joignons nos forces, faisons entendre notre entière solidarité aux travailleurs et travailleuses de Kanaky !

L’Avenir de l’Archipel passe par la fin du colonialisme qui place les peuples dans une situation de dépendance, soit totale, soit larvée. Le nickel et les ressources de Nouvelle-Calédonie appartiennent aux travailleurs qui produisent les richesses. Les nationalismes ne sont pas des solutions réelles mais une illusion ; l’unité sociale de tous les travailleurs de Kanaky, indépendamment de leurs origines, est la voix du progrès et de la paix. »