« 600 jours ! Il reste 600 jours avant les prochaines élections présidentielles ! » : voici le nouvel horizon mis en avant par l’ensemble des partis politiques et des médias en cet été post-crise sanitaire.
Si cette affirmation est factuellement correcte, la ficelle est assez grosse. Les élites voudraient que nous attendions les élections pour exprimer notre volonté de rupture. En clair, la caste au pouvoir ne veut pas que nous confiions notre avenir entre nos propres mains, dans la lutte quotidienne contre l’oppression et l’exploitation.
Faut-il y voir une renonciation de notre part à peser dans la « politique » ? Non, au contraire ! La politique ne doit plus être la chasse gardée de « professionnels » coupés de la réalité et qui osent, malgré la hausse constante de l’abstention active, prétendre à des vagues artificielles « bleues » ou « vertes ».
En tant que travailleurs, nous aspirons à une société des Egaux, nous nous nous organisons au sein de notre CGT qui, depuis plus d’un siècle, prône une perspective politique radicale de transformation sociale.
Emploi, libertés, santé : la seule priorité c’est la lutte
La méthode En Marche, véritable machine à recycler du politicien, de gauche comme de droite, a accouché d’un gouvernement équipé de pied en cap pour étouffer les revendications populaires. Les masques sont bel et bien tombés : exit le « jour d’après », adieu les « Jours heureux ».
Les médias aux ordres ont quant à eux poussé le ridicule jusqu’à saluer l’« accent chantant » du nouveau Premier ministre, Jean Castex, son soi-disant « goût du dialogue social » et son prétendu lien à la « province ».
Réforme des retraites, destruction de l’Assurance-chômage, mise en avant d’un nouveau CPE pour les jeunes de moins de 25 ans, augmentation de la durée légale du temps de travail, restrictions du droit de manifester, nos gouvernants sont déterminés à aller jusqu’au bout de leur projet de remise à plat de l’ensemble de nos conquis.
Les annonces gouvernementales portent ainsi la marque de fabrique d’En Marche : « On fonce, on détruit, on ventile, et malheur à ceux qui se dressent sur notre route. » Les dizaines de Gilets jaunes éborgnés et mutilés et les centaines de travailleurs mis en prison pour leurs idées peuvent d’ailleurs témoigner de la brutalité de la méthode dite du « nouveau monde », qui correspond en tout point à de vieilles pratiques patronales et gouvernementales dignes du 19e siècle.
De quel syndicalisme confédéral avons-nous besoin ?
Face à un pouvoir qui ne lâche rien, seul un rapport de force particulièrement élevé pourra nous permettre de les faire reculer. Mais pour cela, nous devons, collectivement, aller encore plus loin que la grève de cet hiver contre la réforme des retraites qui a fait vaciller le pouvoir.
Ce mouvement social, qui a permis de remettre la grève au centre du jeu et des enjeux, doit redémarrer, à condition qu’un élargissement interprofessionnel important des secteurs en lutte puisse mettre en mouvement les pans entiers de la population qui ont fait défaut pendant la grève de décembre-janvier.
Nous n’aurons rien sans rien. Pour gagner les batailles qui s’annoncent, la mobilisation a besoin d’un syndicalisme confédéral et interprofessionnel offensif. La CGT doit se réinventer, non pas pour devenir un appendice de la collaboration de classe, mais en prenant exemple sur les moyens d’action qui nous ont permis, par le passé, d’obtenir satisfaction sur nos revendications.
A ce sujet, l’appel « Agissons maintenant pour que le jour d’après soit le début des Jours heureux » lancé dès le 19 mars par Unité CGT rappelle la nécessité pour notre syndicat de retrouver la radicalité qui a fait défaut ces trente dernières années.
Pour que la journée de grève et de mobilisation du 17 septembre puisse lancer un mouvement social de grande ampleur, les choses doivent ainsi être dites : il faut un plan de bataille précis, des propositions de transformations sociales radicales, et des initiatives de type nouveau afin de reprendre pied dans les boites et retrouver dans nos rangs les millions de chômeurs et de précaires que compte notre pays.
Pourquoi ne pourrions-nous pas imaginer, par exemple, des occupations d’usines et d’entreprises, des marches pour l’emploi convergeant à Paris, en parallèle d’un blocage du pays par la grève pour exiger et obtenir la transformation sociale du pays ?
Pourquoi lancer un magazine numérique ?
L’objectif de notre magazine, numérique aujourd’hui, en format papier peut-être demain, est de participer au lent, tenace et nécessaire travail de reconstruction de notre syndicalisme de classe, de masse, démocratique, internationaliste.
Ce magazine, qui paraitra de manière régulière, en parallèle de notre site internet et d’autres publications, permettra de poursuivre la mise en place de notre collectif de travail.
Nous ajoutons ainsi une corde à notre arc, confiant dans la lutte des classes et dans cette vérité : par l’exercice patient, mais inflexible, de la grève, de la désobéissance, de la résistance à l’arbitraire, nous montrerons « qui » commande dans notre pays : le Peuple et non une élite coupée des réalités.