Mayotte martyrisée par le cyclone et la gestion coloniale

Mayotte martyrisée par le cyclone et la gestion coloniale

L’île de Mayotte, dans l’océan Indien, a été rasée en décembre dernier à 90% par le cyclone Chido. Un mois après, Mayotte a subi la nouvelle tempête tropicale, Dikeledi, qui a surtout touché le sud de l’île. Les semaines se sont donc écoulées sans que la population mahoraise ne soit soutenue par l’Etat, malgré les visites – tardives et insultantes – de hauts représentants de l’Etat et du gouvernement. Les besoins – en eau, électricité, produits de première nécessité – sont immenses et les autorités absentes.

Un mois après la catastrophe, il est encore trop tôt, selon les représentants de la 6e puissance mondiale, pour avoir un chiffre des personnes décédées après le passage de Chido… Les rumeurs persistent à parler de dizaines de milliers de morts. Pour beaucoup, il s’agit bien de la catastrophe naturelle la plus importante en France depuis 1902 avec l’éruption de la Montagne Pelée, en Martinique où on avait dénombré entre 25 000 et 30 000 personnes décédées.

Et pourtant, tout ce passe comme si cet événement n’avait pas eu lieu. Un tel traitement médiatique et politique n’aurait jamais été accepté en territoire métropolitain. Sommes-nous à l’aube d’un nouveau scandale et d’une ampleur inégalée ?

Le préfet a évoqué dans un premier temps des centaines, voire des milliers de morts. Selon les estimations, quelque 100 000 personnes, soit un tiers de la population de Mayotte, vivaient dans des habitats délabrés balayées par les vents. On sait aussi qu’au plus fort de la tempête seulement 10 000 personnes, une sur dix, a trouvé refuge dans les centres d’hébergement. 

Pourtant, le bilan officiel du cyclone Chido à Mayotte s’élève à moins de quarante morts. En décembre dernier, le ministère de l’intérieur précisait déjà que le nombre de morts enregistrés à ce stade « n’est pas en adéquation avec la réalité des 100 000 personnes qui vivent dans un habitat précaire ».

Rappelons-le : avant la catastrophe, Mayotte manquait déjà de tout : d’eau potable, d’électricité, d’écoles, de moyens sanitaires, de logements décents. Cette année, elle a même été frappée par le choléra. Plus de 50% de la population de l’île a moins de 20 ans ; autant d’enfants abandonnés par la République. Après le passage du cyclone Chido, les enfants mahorais vivent dans des conditions encore plus déplorables.

L’Etat n’a jamais pensé et réfléchit un développement concret à Mayotte, notamment en termes d’infrastructures et de logements. Les racines et causes de l’ampleur de la tragédie sont en effet avant tout sociales : la destruction et la mort proviennent de la misère, du sous-développement, du manque d’investissements de l’État dans les infrastructures.

La gouvernance de l’île, officiellement un département et de fait placé sous tutelle, est un mélange d’oubli et de gestion coloniale; rappelons les opérations coloniales Wushambushu (avril 2023 et avril 2024, renommée « Place nette ») et la nauséabonde campagne de presse politico-médiatique actuelle contre les migrants comoriens à Mayotte pour détourner l’attention de l’opinion.

Le gouvernement, dans la pure logique du macronisme qui ne connait que le tout sécuritaire, a ordonné un couvre-feu et dépêché des milliers de policiers et autres forces sécuritaires. Pire, les autorités, de concert avec le RN, inondent les flux médiatiques pour dénoncer un bouc-émissaire : l’immigré comorien. La farce succède ainsi à la tragédie, ceux-là mêmes qui ont le plus souffert de la tempête se retrouvent au banc des accusés.  

Une proposition de loi visant à restreindre le droit du sol à Mayotte sera, par ailleurs, examinée le 6 février. Elle prévoit notamment d’allonger la durée de résidence des parents pour l’accès de leurs enfants à la nationalité française.

Comme toujours, « seul le peuple sauve le peuple » : chacun peut voir la réalité de la « solidarité » gouvernementale et étatique en action. Nos frères et sœurs de Mayotte, avec ou sans papier français, doivent recevoir une solidarité maximale. La lumière doit être faite sur le nombre de morts.