Michelin liquide l’emploi ; les ouvriers en lutte avec la CGT

Michelin liquide l’emploi ; les ouvriers en lutte avec la CGT

L’annonce, enfin rendue officielle le mardi 5 novembre par le groupe Michelin après des mois de dénégations mensongères, de la fermeture des usines de Cholet et de Vannes et la suppression programmée de plus de 1600 emplois a eu l’effet d’une bombe. Cette annonce a dynamité les tentatives de la presse et les autorités de cacher la grande vague de désindustrialisation, organisée par le patronat, qui s’abat en France. 

La colère ouvrière, sur les sites Michelin concernés, a immédiatement explosé, par la grève avec les syndicats CGT et dans l’action avec notamment des blocages routiers. Les salariés comme les syndicats avaient tous constaté la mise en sous-capacité des usines françaises ; la multinationale organise en réalité depuis des mois et des années un transfert progressif de ses capacités de productions en dehors de l’hexagone.

Le site du Prat à Vannes (Morbihan), qui compte 299 salariés, produit principalement des renforts métalliques pour les pneus de poids lourds. Le site de Cholet emploie, avec les sous-traitants-, entre 1200 et 1300 salariés. Pour rappel le groupe Michelin emploie plus de 132 000 salariés dans le monde dont 19 000 en France répartis dans une quinzaine d’usines.

Sur le site de Vannes, dès l’annonce de la fermeture une opération coup de poing a été organisée autour du site industriel et de la ville. Une centaine de salariés de Michelin, avec leur syndicat CGT, ont bloqué des axes routiers avec le renfort de l’interpro notamment des syndicalistes CGT de Guéret, des ports et docks, de l’arsenal de Lorient, mais aussi de la santé ou de la fonderie de Bretagne.

A Cholet, malgré une politique d’intimidation patronale contre les grévistes et la signature d’un accord pour lever le blocage, la grève reconductible a été suivie pendant plus de trois semaines sur le site, où une manifestation et plusieurs rassemblements ont été organisés.

En réaction également aux annonces du groupe Michelin, une manifestation nationale, combative et offensive, a été organisée le 13 novembre dernier devant le siège de la multinationale à Clermont Ferrand.

Michelin, comme les autres groupes des industries chimiques, bénéficie chaque année d’aides publiques massives qui financent le train de vie de ses actionnaires et riches propriétaires et, la délocalisation et la désindustrialisation de notre pays. Rappelons encore que ce groupe, fleuron historique de l’industrie française, s’illustre déjà par les bas salaires qui prédominent dans l’entreprise tandis que le groupe réalise des profits record. Le leader mondial a enregistré par exemple un bénéfice record de 3,6 milliards d’euros en 2023. Autant dire que le groupe a plus que largement les moyens de maintenir l’emploi, et même, d’augmenter les salaires et embaucher des travailleurs supplémentaires.

« Grève, grève et encore grève » contre la politique patronale d’éradication de l’emploi ouvrier

Michelin, comme Vencorex ou encore Exxon ou Stellantis ou Auchan, ne cherche en réalité que le profit immédiat et à court terme et ira, sans intervention des travailleurs en grève et en lutte avec leurs syndicats CGT, au bout de sa logique de liquidation des sites industriels en France et de casse de l’emploi.

Les industries chimiques, comme les industries métallurgiques, subissent un plan inédit de destruction d’activités industrielles. L’objectif des patrons, avec la complicité du gouvernement et de l’Etat, est simple : réduire encore et encore les « coûts », empocher des aides publiques au nom du chantage à l’emploi, délocaliser et maximiser les profits.

Tout le monde le voit, les appels du président et du gouvernement à la « réindustrialisation » sont une sinistre farce qui n’a aucune consistance réelle. Il faut sortir nos industries fondamentales des griffes du marché ; il faut exproprier et nationaliser, sous contrôle ouvrier, les grands groupes industriels, des donneurs d’ordre aux sous-traitants.

A quelques jours de la mobilisation du 12 décembre pour la défense de l’’industrie, la FNIC CGT explicite dans un tract fédéral, les mots d’ordre nécessaires au combat : « plus que jamais l’assaut contre la citadelle du banquier Macron et contre tous les exploiteurs et fossoyeurs des entreprises est nécessaire. »

« Grève, grève et encore grève : ces mots doivent résonner dans tous les foyers, dans les réfectoires, dans toutes les têtes et dans toutes les discussions. Pas seulement une grève ici ou là isolée, coupée des autres, mais une grève d’ensemble avec le même objectif : vaincre le Capital et son laquais Macron ! »

« Pour une vie digne, la seule perspective qu’il nous reste c’est le combat » déclare encore la FNIC qui dénonce la vague de fermetures d’usines et de suppressions d’emplois. « D’abord les gouvernants e dirigeants politiques ont ouvert le front contre nos droits, nos libertés et notre dignité. Vient maintenant le tour du patronat qui a ouvert le deuxième front de la destruction systémique des sites industriels et donc une vague sans précédent de suppressions d’emplois par dizaines de milliers. »

En conséquence, la FNIC CGT appelle à la mobilisation générale, par la grève, pour exiger et obtenir « la suspension immédiate de toutes les fermetures d’entreprises » et le « retrait de toutes les réformes scélérates de Macron et de ses prédécesseurs ».