Si le mouvement social contre la réforme des retraites cherche un second souffle à la SNCF et à la RATP (après plus de 50 jours de grève ininterrompue), les perspectives d’élargissement à d’autres secteurs deviennent peu à peu, secteur par secteur, une réalité.
Alors que le gouvernement distille dans la presse la possibilité d’un recours au 49-3 pour faire passer en force (et le surtout le plus vite possible) la réforme des retraites, la mise en mouvement des travailleurs des ports et docks, les travailleurs de l’énergie, les éboueurs, prouvent que la bataille n’est pas terminée.
La CGT Ports et docks a impulsé une nouvelle « opération ports morts » le 6 février
Dans un communiqué paru le 30 janvier dernier, la Fédération nationale des ports et docks, affiliée à la CGT, a annoncé une nouvelle « opération port mort » d’une durée de 24 heures pour le 6 février, journée de mobilisation nationale et interprofessionnelle contre la réforme des retraites.
Impulsées par la CGT, les grèves des dockers et portuaires affectent depuis le 5 décembre l’ensemble des terminaux des sept grands ports maritimes français : Dunkerque, Le Havre, Rouen, Nantes Saint-Nazaire, La Rochelle, Bordeaux et Marseille-Fos.
Les dockers et transporteurs qui se relaient pour faire grève, ont par ailleurs réaffirmé leur hostilité au projet de réforme des retraites. « Ce système de retraite dit « universel » se résume en deux points : allongement de la durée [des années de travail], baisse des pensions », précise ainsi le communiqué de la Fédération nationale des Ports et Docks.
Les opérations « ports morts » paralysent les zones portuaires et enrayent la bonne marche de l’économie
Alors que le gouvernement fait mine de croire à la fin du mouvement social, les signaux se multiplient quant à l’impact économique des grèves et à leurs effets dominos, qui dépassent largement le simple impact sur l’économie des zones portuaires.
Commencé en décembre (5, 10, 12 et 17), pour se poursuivre en janvier (13-15, 22-24, 29), et maintenant en février, les grèves des travailleurs des sept ports commerciaux de la deuxième puissance maritime mondiale pèsent lourd sur l’ensemble du secteur portuaire et maritime, mais également sur la filière logistique française.
Les fédérations patronales de transporteurs TLF, TLF Overseas et FNTR, ont ainsi affirmé dans un communiqué commun : « […] aucune solution n’a été proposée par le gouvernement pour pallier les dizaines de millions d’euros de pertes sèches par port depuis le début du mouvement le 5 décembre dernier. La résilience du secteur a atteint ses limites ».
Ces organisations patronales ont par ailleurs expressément demandé au gouvernement de « débloquer » les ports, c’est-à-dire de réquisitionner les travailleurs en grève.
D’autres secteurs sont également perturbés par les opérations « ports morts », à l’instar de l’agro-alimentaire. Il y a deux semaines, 450 000 tonnes de blé et d’orge étaient ainsi bloquées dans les ports français, entrainant l’envolée du cours du blé et des cris d’orfraies de la part des géants céréaliers.
Peser sur l’économie c’est peser sur la politique
Signe de la fébrilité patronale face aux capacités d’action de la CGT et des travailleurs sur l’économie, les attaques contre les dockers et portuaires se succèdent dans la presse bourgeoise. De même que les accusations de blocage, qui permettent d’induire en erreur le lecteur en faisant croire que les travailleurs des ports et docks ne sont pas en grève.
Attaqué frontalement par le journal Les Echos qui appelle à « sortir la CGT des ports », les dockers et portuaires CGT ont riposté dans un communiqué.
« Si la Fédération Nationale des Ports et Docks CGT doit être comparée à un fossile, forte d’une histoire sociale de plus d’un siècle au service des intérêts des travailleurs, alors, permettez-nous modestement, de rendre hommage à nos syndiqués, aux travailleurs qui luttent fièrement avec courage et sacrifices, en considérant notre organisation comme un fossile éternel composé de grenats et recouvert d’opale », a ainsi rétorqué la Fédération CGT des ports et docks.
« La couleur rouge coule dans nos veines avec fierté pour porter nos valeurs de solidarité, d’unité, de lutte au service des travailleurs que nous représentons massivement. 61% des français soutiennent la lutte et considèrent que le gouvernement devrait retirer son projet. », ajoute encore le communiqué.
En réalité, les « cris d’alarmes » sur l’impact des grèves sur économie et les coups de mentons ridicules des éditorialistes bourgeois prouvent que sans les travailleurs, rien ne tourne dans ce pays.
Rappelons enfin que les travailleurs des ports et des docks ne disposent pas de régime spécifique mais d’un accord de pénibilité lié à la convention collective de leur branche et qui leur permet de prendre leur retraite deux ou trois ans avant l’âge légal de départ.