A deux jours du début de la grande grève générale contre la réforme des retraites, nous commençons la publication de témoignages militants intitulés « Paroles de grévistes ». Dans le cadre de cette rubrique, nous recueillons les paroles de ces travailleurs militants de la CGT qui construisent et animeront la grève générale avec courage et détermination.
Contacté par téléphone, un travailleur routier, délégué syndical CGT à Mauffrey Normandie, syndicaliste à la CGT, nous a expliqué la situation dans son secteur d’activité, les perspectives de mobilisation contre la réforme des retraites et ce qu’il attendait de la grève générale du 5 décembre
« Chez nous, la mobilisation pour la grève du 5 décembre est bien partie. Dans notre boîte on a des gens entre 21 et 63 ans, on leur fait comprendre les désavantages qu’ils vont tous subir. De son côté, le patron fait croire qu’on n’a pas le droit de faire grève. Nous on informe les salariés que c’est totalement faux, que la grève est un droit.
En vérité, le gouvernement a le même discours que notre patron. Le président de notre groupe c’est d’ailleurs le bras droit de Macron parce que c’est un des secrétaires généraux du Medef. Quand j’entends Macron, j’ai l’impression d’entendre mon patron et inversement.
Dans notre métier on est payé à 10,50 de l’heure, ce n’est pas la panacée, on mérite quand même d’avoir des salaires plus élevés que ce qu’on touche actuellement. Il faut savoir qu’un chauffeur routier, au taux horaire, (on n’est pas payé à la semaine ou au mois mais à l’heure) est moins bien payé qu’une femme de ménage. Pour avoir un salaire décent il faut qu’on fasse 200, 220h… soit 11h de service par jour…. Plus nos coupures ça fait qu’on est parti pour 13h en tout dans la journée. C’est seulement en 2006 qu’on est passé au-dessus du smic, et tous les moyens sont bons pour nos patrons pour nous payer le moins possible.
Ce que j’attends de la grève du 5 décembre, ce que j’aimerai bien dans mon fond intérieur, c’est que tout le monde soit ensemble au même moment et en même temps. Et surtout, que ça ne lâche pas au bout d’une demie journée. Et, que ça aille au-delà des retraites. Par exemple, aujourd’hui, il manque 100 000 chauffeurs en France. Si les salariés s’organisaient et dépassaient la peur face au patron, il suffirait de rester 24h dans les dépôts pour forcer le patronat à négocier une augmentation du salaire horaire.
Il faut un discours plus offensif de nos dirigeants syndicaux. Qu’ils tapent du poing sur la table devant tout le monde. Ce qui aurait de la gueule c’est que Martinez appelle à bloquer Paris. Ça créerait un bordel monstre.
Ce que j’attends aussi de cette grève à partir du 5 décembre, c’est que tous les métiers soient reconnus à leur juste valeur, comme les routiers, les postiers, les infirmiers et infirmières et les personnels de santé. Ça fait 40 ans que je travaille et ça fait 20 ans que j’attends que tout le monde parte dans le même sens. Tout est tiré vers le bas, est-ce que les gens vont maintenant se rendre compte de ce qui se passe ? »
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