Suite aux discussions engagées, notamment aux Assises de la riposte générale de Martigues d’octobre 2020 et au meeting de Gardanne de mai 2021, nous estimons que le débat – à l’approche du 53ème congrès – doit se poursuivre au sein de la CGT.
Si plusieurs contributions écrites au débat ont déjà été publiées, nous sommes conscients que chacune et chacun n’en partage pas nécessairement l’intégralité des termes. Le débat militant doit permettre, nous l’espérons, d’identifier collectivement les défis actuels et mener les débats nécessaires pour une CGT rassemblée à la hauteur des enjeux.
Voici 3 bonnes raisons pour venir échanger entre militantes et militants, en présence d’Olivier Mateu, le 3 mars à Annonay, le 16 mars à Lyon et Macon :
1. Dresser un bilan franc, respectueux et sans caricature
La CGT se doit de faire un bilan – honnête – de son activité de ces dernières décennies. Il n’agit pas de formuler ex nihilo des problèmes pour en trouver des responsables individuels, comme par exemple affirmer que la CGT serait structurellement climato-sceptique, mais de partir des difficultés militantes réelles et quotidiennes pour construire collectivement une réponse permettant leur dépassement.
Certains travailleurs et travailleuses, notamment les plus jeunes, ont perdu le sens de l’engagement syndical. Si la CGT a su construire ces dernières années de grandes mobilisations victorieuses comme l’abandon plan Juppé en 1995 ou le retrait du contrat premier embauche (CPE) en 2006, elles n’ont pas permis d’arracher de nouvelles conquêtes sociales interprofessionnelles. À l’inverse, les travailleuses et les travailleurs ont été contraints par le patronat et le gouvernement à céder des conquis : recul de l’âge légal de départ à la retraite, remise en cause de l’assurance chômage, démantèlement du code du travail. Dès lors la question qui se pose à l’ensemble des syndicats de la CGT est de savoir comment convaincre les collègues de la nécessiter de s’organiser pour mener la lutte face aux offensives patronales et gouvernementales.
Dans le même temps, il s’agit de faire un bilan lucide de la stratégie syndicale proposée par la CGT celle du syndicalisme rassemblé qui a pu conduire au renoncement des valeurs de la CGT. La construction de la CGT s’est réalisée autour de la double besogne : organiser les travailleurs et les travailleuses pour obtenir une réponse à leurs revendications immédiates, tout en inscrivant ces revendications dans la perspective d’une rupture fondamentale avec la société capitaliste. Il ne s’agit pas simplement de répéter ce repère statutaire constitutif du syndicalisme de classe et de masse, mais de réfléchir à son articulation à l’aune de la société actuelle, notamment des offensives menées par les capitalistes.
Dans de nombreux conflits passés dont ceux mentionnés précédemment, tout comme actuellement dans le cadre de la construction du mouvement de lutte contre la soi-disant réforme des retraites, la CGT a placé l’unité syndicale avant l’unité d’action. Par conséquent, l’unité revendicative se fait à partir du plus petit dénominateur commun d’une part, l’autonomie d‘action de la CGT s’efface derrière celle de l’intersyndicale d’autre part.
2. Refaire confédération : quelle société désirons-nous ?
Les militantes et militants de la CGT, victimes de discrimination et de répression syndicale, se rendent bien compte que contrairement à ce que l’idéologie dominante se plaît à raconter, ce système n’est pas véritablement démocratique. Comment pourrait-il l’être alors que huit à dix heures par jour nous sommes contraints au silence par une minorité de parasites qui captent l’essentiel des richesses que nous produisons ? Comment pourrait-il l’être alors que les femmes sont moins bien payées que les hommes ? Comment pourrait-il l’être alors que le pouvoir étatique use des toutes les violences à sa disposition pour diviser et réprimer notre camp social ? Là aussi, parce que la CGT défend l’ensemble des droits des travailleurs et des travailleuses, dans et hors de l’entreprise, nous avons à bâtir des revendications qui portent le changement de société.
Au fond il s’agit d’assumer qu’à la CGT nous avons un projet politique. Que ce projet politique guide notre action syndicale quotidienne et qu’il est en rupture avec l’exploitation capitaliste reposant sur la propriété privé des grands moyens de production et d’échanges.
C’est parce que nous avons ce projet de société que nous sommes toutes et tous conscients, dans nos secteurs professionnels respectifs, que nous avons besoin du plus grand nombre pour gagner. C’est la défense de ce projet qui donne à notre syndicalisme CGT sa dimension de classe et de masse.
3. Replacer l’action au centre du débat
Un outil comme la CGT a été construit pour que les travailleuses et les travailleurs s’en servent, nos débats doivent partir du terrain et servir à l’action.
Quelles sont les revendications partagées par l’immense majorité des travailleurs et des travailleuses de ce pays ? En quoi ces revendications s’inscrivent et portent la nécessité du changement profond de société ?
Face à la liquidation de centaines de milliers d’emploi dans l’ensemble des secteurs industriels et à un niveau de concentration des capitaux jamais égalé, face à la destruction des services publics, la socialisation des moyens de production et d’échange apparaît comme la seule manière d’assurer la réponse aux besoins sociaux de la population.
Ce dont nous devons débattre c’est d’une stratégie possible qui pourrait nous permettre de gagner. Elle doit permettre au plus grand nombre de s’engager dans la lutte sans s’épuiser rapidement et reposer sur l’unité des organisations de la CGT. Une stratégie qui articule des grèves dans les différents secteurs économiques – reconductibles dans les secteurs structurants – combinées avec des grèves interprofessionnelles.
Cette stratégie a pour but et moyen, l’unité d’action des travailleurs et des travailleuses, ce qui amènera naturellement à l’unité syndicale sur des contenus revendicatifs de haut niveau, et non sur le « moins disant ».
Cette stratégie doit afficher clairement l’objectif de bloquer l’économie de sorte à amener patronat et gouvernement à répondre aux revendications du monde du travail. Elle nécessite une mise en cohérence CGT des stratégies professionnelles et territoriales.