La grève générale contre la réforme des retraites et l’ampleur de la mobilisation peut et doit amener une perspective centrale : celle de « réinventer » nos modes et moyens d’actions. C’est-à-dire tout simplement redécouvrir de méthodes de luttes qui par le passé ont fait leurs preuves : les occupations des lieux de travail par les travailleurs, notamment dans les secteurs dit productifs.
Évidemment, il ne suffit pas d’affirmer cette perspective pour que cette dernière prenne corps. Toutefois, qui aurait cru il y a un an que le mouvement dit Gilet jaune ferait tâche d’huile dans tout le pays ? Ne sommes-nous pas en droit d’espérer, ou du moins encourager, le basculement dans les boîtes de la méthode d‘occupation, tout récemment utilisé par les gilets jaunes sur les ronds-points ?
Ne nous laissons pas avoir par les faux discours de la pseudo émeute post-manif et de la poubelle brulée. Ces actes, au mieux, feu de paille, au pire, provocation inutile, ne sont rien à côté de la puissance effective et symbolique que représentent les occupations d’entreprises et la négation en pratique du « droit » à la propriété privée des moyens de production.
L’occupation des lieux de production : enjeu sous-jacent de la grève générale à partir du 5 décembre ?
Si l’occupation des ronds-points par les gilets jaunes n’entrainait absolument aucune perte du profit capitaliste, il en serait autrement en cas d’occupation des lieux-sources de profit, c’est-à-dire des entreprises. Rappelons également qu’une occupation d’un lieu de travail par les travailleurs eux-mêmes présuppose naturellement l’entrée en grève reconductible massive de ces mêmes travailleurs. Un cercle vertueux en quelque sorte.
Elever le niveau du rapport de force passe sans doute par ce « retour aux sources » du mouvement ouvrier, pour totalement bloquer la France, rendre le pays ingouvernable, et provoquer une onde de choc suffisamment forte pour faire reculer le gouvernement.
Rappelons-nous les photographies des occupations joyeuses de 36 ou de 68, songez à la panique de nos gouvernants lorsque les travailleurs se réapproprient les machines et infligent un camouflet terrible au droit à la propriété privée des moyens de production. Quelle meilleure (et efficace) violence de classe que celle-ci ?
Les délocalisations, les vagues de désindustrialisation, la sous-capacité industrielle entretenue, n’y font rien : la classe ouvrière existe, les prolétaires existent, les usines existent. 30 ans de discours de l’idéologie dominante et de silenciation de la parole ouvrière dans les médias et au Parlement ne peuvent effacer cette réalité.
La FNIC CGT appelle à généraliser les grèves et occuper les lieux de production
A bien des égards, la perspective d’assister à des vagues d’occupation et de blocages de la production n’est pas un vœu pieu. D’une part parce que c’est bien le pouvoir lui même qui par son intransigeance pourrait provoquer la recherche de moyens « plus radicaux » d’actions et surtout imperméables aux provocations d’agents policiers en k-way noir.
Et d’autre part, parce que l’on assiste déjà à des appels proposant l’occupation des boites émanant non pas de sites internet ou de page Facebook, mais d’importantes fédérations CGT comme celle des travailleurs des Industries chimiques (FNIC-CGT).
Ainsi, dans son dernier communiqué fédéral publié le 3 décembre, la FNIC-CGT avance l’idée de rompre avec les erreurs stratégiques du passé, et propose « la généralisation de la grève » et « l’occupation des sites industriels et des services ».
« Sur la méthode, il faut une rupture avec la stratégie des « journées d’action », ne pas retomber dans la succession stérile de manifestations de rues sans blocage de l’économie. », déclare la FNIC-CGT avant d’ajouter : « C’est pourquoi la FNIC-CGT appelle à d’abord généraliser les grèves dans les entreprises, à occuper les lieux de production, et à organiser l’occupation des sites industriels et des services, et ensuit à organiser, à participer aux manifestations pour rendre visible le rapport de forces construit. »
« Cessons le travail. Occupons les lieux de travail jusqu’au retrait du projet Delevoye. Débattons, agissons pour redevenir citoyens et décideurs de notre destin. C’est ainsi que notre force collective permettra de changer la donne, et la peur, de changer de camp. », conclu la Fédération CGT des Industries Chimiques.
Notons enfin que plusieurs fédérations CGT, dont celles du Commerce et des Transports, ont d’ores et déjà indiqué préparer de manière conjointe (y compris en lien avec certaines Unions Départementales CGT combatives) des actions de blocages et de perturbations de l’économie. Cette mise sous pression du patronat peut provoquer un effet boule de neige et participer pleinement à la désarticulation de l’économie.
Obtenir le retrait sans condition du projet Delevoye et imposer notre projet CGT de société, c’est possible. C’est à nous, et à nous seul, que revient la décision d’imposer la paralysie du pays jusqu’à la victoire. Le 5 décembre est une première étape qui devra se concrétiser immédiatement dans les jours qui viennent, vers la grève illimitée et au-delà !
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