Près de 15 millions de personnes sont concernées par la crise du logement, Selon le 25e rapport annuel de la Fondation Abbé-Pierre. Plus d’1,2 million de locataires sont également en situation d’impayés de loyers ou de charges et risquent l’expulsion. Chaque année, et malgré l’existence de 3 millions de logements vides, plus de 100 000 personnes sont expulsées de leurs logements.
Plusieurs millions de Français souffrent du mal-logement
Publié le 30 janvier dernier, le rapport (lire ici pour les chiffres clés) de la Fondation relève notamment que« quatre millions de personnes souffrent de mal-logement ou d’absence de logement personnel ».
« Autour de ce noyau dur du mal-logement se dessine un halo beaucoup plus large, aux contours parfois flous, de personnes affectées par la crise du logement, de manière moins prégnante, mais avec de réelles répercussions sur la vie de famille, la santé, l’environnement quotidien, le confort ou les fins de mois », souligne en particulier l’association.
Toujours selon la Fondation Abbé-Pierre, on estime ainsi à plus de 2,8 millions le nombre de personnes vivant dans des conditions de logement très difficiles du point de vue du confort (pas de salle de bains, toilettes communes sur le palier, absence de chauffage). Le rapport constate également que 934 000 personnes vivent en situation de « surpeuplement accentué ».
Enfin, 902 000 personnes ne disposent pas d’un vrai logement personnel et sont sans domicile fixe, vivent dans des habitats de fortune, ou sont hébergées par des tiers.
Plus de 100 000 personnes expulsées « de gré » ou de force chaque année ?
Plus de 36 000 personnes ont été « officiellement » expulsées en 2018 avec le concours de la police, soit une hausse de 2,9% sur un an. Pourtant, ces chiffres « officiels » sont largement en deçà de la réalité.
La fondation Abbé-Pierre estime en effet qu’entre deux et trois fois plus de ménages ont en réalité été expulsés en 2018, la raison étant que la majorité des locataires expulsés partent avant l’arrivée des forces de l’ordre. Entre 70 000 et 130 000 personnes seraient donc expulsées chaque année.
Le droit au logement en France est un droit formel, théorique et non réel
Le « droit » au logement, pourtant inscrit dans la loi, correspond en réalité à ce que Karl Marx appelait les droits formels ; des droits qui accordent des libertés théoriques à chacun d’entre nous mais qui n’ont aucune concrétisation pratique.
Rappelons ainsi que l’ensemble des chiffres relevés par la fondation Abbé Pierre doit être comparé avec d’autres données. L’association Droit au Logement a par exemple récemment rappelé les chiffres fournis par l’INSEE qui recensait 3,1 millions de logements vides ou vacants en France en 2019 contre 2,2 millions en 2009.
Sur son site internet, la Confédération nationale du logement (CNL), rappelle qu’il existe, depuis 1945, une loi de réquisition des logements vacants : « Les logements réquisitionnés peuvent être gérés par des organismes HLM avec des garanties sur des niveaux de loyers sociaux. ».
« D’autres leviers existent pour résoudre la crise du logement : La construction massive de logements sociaux avec des aides à la pierre plus importantes [et] la mise en place d’un véritable encadrement des loyers sur l’ensemble du territoire. », souligne encore la CNL.
Un toit = un droit : une journée nationale de mobilisation prévue le 28 mars
Dans un communiqué paru le 20 février, l’association Droit au Logement a annoncé la tenue cette année d’une nouvelle journée de mobilisation le 28 mars prochain.
Pour l’association, le constat est plus qu’alarmant : « En France, le Gouvernement Macron/Philippe fait des économies sur les APL, fragilisant les locataires modestes et affaiblissant les bailleurs sociaux de telle sorte à les jeter dans les bras des investisseurs privés, Black Rock &Co … Il priorise la vente de logement sociaux, leur démolition et supprime les financements pour en construire de nouveaux. ».
« 3,1 millions de logements sont vacants en France et des centaines de milliers d’autres sont détournés pour satisfaire le tourisme de masse prédateur, tandis que les réquisitions militantes sont réprimées, la loi de réquisition reste inappliquée et même les lois en faveur des sans abris, des mal logés, des victimes de marchands de sommeil et de logements indignes comme à Marseille sont violées. », dénonce encore le DAL.