L’AUTRE 8 MAI 1945…

L’AUTRE 8 MAI 1945 : L’EMPIRE COLONIAL FRANÇAIS ET LES MASSACRES DE SETIF, GUELMA, KHERRATA

Au moment de la défaite de juin 1940, la France est à la tête d’un gigantesque empire colonial qui englobe près de 100 millions d’habitants. Pendant la guerre, le système barbare d’exploitation coloniale se renforce, le travail forcé, gratuit pour l’administration, est considérablement étendu ; le travail requis, obligatoire, sur les plantations également.

En Algérie, le 1er Mai 1945, des manifestations massives demandent la libération du leader indépendantiste Messali Hadj, alors exilé à Brazzaville, au Congo. La répression, qui fait 9 morts, n’empêchera pas de nouvelles manifestations une semaine plus tard, le même jour de la capitulation nazie.

Le 8 Mai 1945, le peuple algérien, sous domination coloniale française depuis plus d’un siècle, fête la Victoire antifasciste et exprime le désir d’indépendance. Les slogans « À bas le colonialisme ! », « Vive l’Algérie libre et indépendante » se multiplient, un manifestant qui portait un drapeau algérien (interdit par les autorités françaises) est assassiné par un policier français à Sétif. Des émeutes se déclenchent en réaction à la provocation française.

Un des plus effroyables épisodes de la répression coloniale va alors commencer, notamment à Sétif, puis Guelma et Kherrata. Ces massacres colonialistes, largement occultés en France, vont faire plus de 45 000 morts. Toutes les organisations nationalistes sont dissoutes, leurs dirigeants pourchassés et emprisonnés.

Pendant plusieurs mois, toutes les forces françaises sont déployées. La police, la gendarmerie, l’armée de terre, l’armée de l’air, la marine mais également de nombreuses milices rétablissent par la force et le sang l’ordre colonial.

Rappelons également que le 6 mai 1945, en Syrie, la France provoque de violentes réactions populaires en débarquant des renforts militaires. Le gouvernement français réagit en bombardant Damas, faisant 500 morts, dont 400 civils.

Avant, comme après la Seconde guerre mondiale, la France poursuivra donc à tout prix sa politique impériale, et impérialiste, et mènera ainsi pendant près de 20 ans des guerres coloniales et des politiques de répression d’une brutalité inouïe en Algérie, à Madagascar, en Indochine, au Cameroun etc… en vain.