Depuis le début de la contestation sociale au Chili, l’Institut national des droits humains (INDH), un organisme public indépendant, a comptabilisé 197 personnes éborgnées ou ayant ont subi de graves blessures oculaires à cause des forces de l’ordre.
Devant la pression populaire, la police a été contrainte d’annoncer le 20 novembre qu’elle suspendait l’usage de la balle de défense (les fameux LBD) tirée au fusil.
En un seul mois de mobilisation sociale, près de 200 personnes auront donc été mutilés à vie par la police chilienne pour avoir participé à des manifestations contre le pouvoir, pour la justice sociale et en faveur d’un changement de société.
🇨🇱Que terrible y triste es ver a los militantes chilenos después de haber sido reprimidos por el presidente de Chile Piñera todos con sus ojos lastimados,el pueblo sigue caminando los ojos ciegos no pararan de mirar. pic.twitter.com/B8ZS2btoa3
— Alfre Rivadeneira 🇦🇷📻🎤🎥📱💻🖥📸💚💜💚 (@Alfredo5019) November 17, 2019
Bien que largement plus élevé, ce chiffre est à rapprocher du nombre de cas similaires constatés pendant la crise des Gilets jaunes en France – 24 selon le décompte d’un journaliste indépendant.
L’AFP a par ailleurs recueilli le témoignage d’un jeune chilien éborgné de 18 ans, Carlos Vivanco. « Ils ont voulu que je ressente de la douleur, de la peine, du regret, de la peur », a expliqué le jeune homme, avant d’ajouter : « mais cela a eu l’effet inverse : je sens plus de rage que de peur, plus de haine que de peine, et c’est contre ces gens qui tirent et mutilent des gens ».
Un supermercado, un edificio, una casa quemada se puede reconstruir. Un ojo reventado por balines, no. La derecha llora por la propiedad y festeja el dolor de nuestros jóvenes. Debemos expulsar a los miserables del poder. Se lo debemos a ellos ⬇️#ChileViolaLosDerechosHumanos pic.twitter.com/iEWLmV3aOB
— Andrés (@andres20ad) November 10, 2019
Notons également qu’un sénateur chilien avait publiquement loué Emmanuel Macron pour sa stratégie du maintien de l’ordre. « Dans un pays comme la France les choses ont été résolues de la même manière dont doivent être résolues au Chili », avait-t-il comparé, précisant : « C’est évident que le président Macron a dû faire appel à la police et à l’armée […] Personne n’aime faire cela, mais il a dû de le faire. Le président [Sebastian] Pinera aussi, car son devoir fondamental, c’est la sécurité ».
Si l’utilisation de la violence policière et du tir tendu à hauteur de visage comme outils de mutilation, de dissuasion et d’intimidation (pour les victimes comme pour leurs proches) est choquante, elle n’est toutefois pas nouvelle.
« Dès que l’Etat est confronté à des formes de lutte qu’il n’arrive pas à maîtriser ou à soumettre, il a recours à des répertoires de violence qui montent en intensité jusqu’à ce qu’il ait réussi à écrasé ou discipliner ce qui gêne les classes dominantes. » expliquait ainsi le sociologue Mathieu Rigouste, auteur du livre La domination policière, une violence industrielle, au cours d’une interview accordé en aout 2019.
De manière plus générale, il y a lieu de s’indigner et lutter contre le glissement sécuritaire et liberticide que nous constatons tous depuis quelques années en France. A nous de profiter de la grande grève de décembre contre la réforme des retraites pour mettre un terme à cette fuite en avant autoritaire du capital !