RATP, routiers, cheminots, raffineurs, profs, pompiers, personnels de santé etc… A moins d’une semaine de la grève nationale du 5 décembre, chacun peut d’ores et déjà anticiper l’aspect historique du mouvement social à venir. Le point sur la construction de la grève générale contre la réforme des retraites.
Pour la première fois depuis longtemps c’est bien l’ensemble de la classe ouvrière, des millions de travailleurs, tous secteurs confondus, qui s’apprêtent à rentrer fermement dans le conflit social.
Il est vrai que les raisons de se mobiliser ne manquent pas… Deux ans de régime Macron ont accéléré la casse de nos droits et conquis sociaux, déjà entamée et poursuivie par les gouvernements de gauche et de droite qui se succèdent à la tête du pays.
Sans surprise, l’attaque globale contre le principe même de financement et de gestion des retraites ainsi que du fonctionnement de notre modèle de protection sociale place l’ensemble des travailleurs en situation de légitime défense.
Enfin, avec cette réforme des retraites, qui touche et bouscule toutes les professions sans exception, preuve en est si encore nécessaire du caractère bulldozer du gouvernement Macron, désigné, élu et missionné par une ultra-minorité de profiteurs pour détruire en seulement le maximum de conquis sociaux, en bouleversant notre modèle de protection sociale, et l’ensemble de notre pays.
Face à ces attaques globales, il y a un besoin d’une contre-attaque sociale de grande ampleur. C’est tout l’enjeu de la grève générale du 5 décembre et de sa reconduction.
Grève du 5 décembre, quels sont les principaux secteurs concernés ?
Les secteurs dit structurants ci-dessous ne représentent qu’une partie des différents secteurs de métiers ou branches professionnelles qui ont déjà déclaré ou indiqué l’état de leurs mobilisations dans la construction de la grève. La mobilisation sociale à partir du 5 décembre touchera bien l’ensemble du monde du travail.
Transports (RATP, SNCF, routiers, aéroports et compagnie aérienne)
De manière générale, la CGT appelle à une grève illimitée dès le 5 décembre dans le transport urbain et routier de voyageurs, de marchandises, de fonds.
Après la grève historique du 13 septembre à la RATP, qui avait paralysée Paris et l’Île de France, l’appel à la grève illimitée à partir du 5 décembre des syndicats a contraint la RATP à prévoir un « trafic fortement perturbé sur l’ensemble de son réseau » à compter du 5 décembre.
A la SNCF, la CGT a également appelé à une grève reconductible à partir du 5 décembre. Signe que le mouvement social s’annonce plus que massif chez les cheminots, les billets TGV inOui, Ouigo et Intercités sont fermés à la vente pour les journées du 5 au 8 décembre.
La fédération CGT du Transport a par ailleurs appelé les routiers à se mobiliser à partir du 5 décembre en organisant notamment des « actions fortes sur le territoire national ». Les préavis de grève concernent les chauffeurs routiers, mais aussi les transports urbains et routiers de voyageurs. Les transports fluviaux sont également concernés.
Dans le transport aérien, trois syndicats d’Air France particulièrement implantés auprès du personnel au sol ont déposé des préavis.
Commerce et services
La Fédération CGT Commerce et Services a appelé dans un communiqué à la grève du 5 décembre ainsi qu’à des actions de blocages qui devraient être conjointes avec d’autres syndicats de la CGT. S’il est difficile pour les salariés des petites entreprises du privé de se mettre en grève, nul doute que l’ampleur de la grève du 5 décembre pourra à terme faire sauter le verrou patronal.
Éducation
Le secteur de l’éducation sera très fortement mobilisé, les syndicats ont appelé les 900 000 enseignants des premiers et seconds degrés à la grève le 5 décembre. De manière plus générale, la mobilisation de l’ensemble des personnels non enseignants promet d’être importante. De très nombreux établissements scolaires ne devraient pas ouvrir leurs portes le 5 décembre prochain.
Énergie
La journée du 5 décembre sera très suivie dans le secteur de l’énergie. Si la réforme des retraites attaque directement le système de retraites de plus de 140 000 électriciens et gaziers, le rejet du plan Hercule et la casse continue d’EDF sont autant de sources de colères sociales. La Fédération CGT Mines Energie (FMNE) a par ailleurs déclaré qu’elle organisera des baisses de production d’électricité, des coupures de bâtiments publics d’État (hors lieux de santé) d’opérateurs privés et « d’entreprises qui licencient ».
Services publics
Du côté des services publics, l’appel à la grève semble se massifier. Surtout, la Fédération CGT des Services publics a appelé à construire la grève interprofessionnelle reconductible du 5 Décembre, prenant d’ores et déjà position en faveur d’une reconduction de la grève.
Raffineries et carburants
« Il y a des appels à la grève dans les sept raffineries françaises », a précisé la Fédération Nationale des Industries Chimiques CGT. L’amorce et l’espoir d’une grève reconductible dans les raffineries et la jonction dans l’interpro avec d’autres secteurs mobilisés, notamment celui du transport, permet d’envisager un début de mouvement social paralysant d’entrée de jeu une partie conséquente du profit capitaliste.
Caoutchouc
25 syndicats présents à l’AG des syndicats CGT du caoutchouc (FNIC CGT) du 7 novembre ont décidé d’appeler à la grève le 5 décembre, certains syndicats n’hésitant pas à d’ores et déjà appeler à la grève reconductible, tel le syndicat CGT Michelin Blanzy (71). Un véritable plan de bataille a par ailleurs été décidé pour désorganiser la production.
Collecte et traitement des déchets
Selon la CGT des services publics, les travailleurs chargées de la collecte des ordures ménagères et de leur traitement seront fortement mobilisés, notamment à Marseille et Montpellier. Par ailleurs, c’est bien l’ensemble de la filière collecte et traitement des déchets a été appelé à la grève reconductible à partir du 5 décembre.
Industrie automobile
La CGT de Renault appelle à la grève « avec l’objectif de poursuivre » au-delà du 5 décembre. Du côté de PSA, la CGT appelle les travailleurs à faire grève à la fois contre la réforme des retraites « et contre le projet d’un 3e accord de compétitivité ».
Hôpitaux
Dans un contexte d’un long mouvement social et de grève des urgences, la CGT, FO, SUD et le collectif Inter-Urgences ont relayé l’appel à la grève du 5 décembre.
Pompiers
Mobilisés depuis le mois de juin, certains pompiers prévoient 5 jours de « rassemblement non stop » place de la République du lundi 2 au vendredi 6 décembre, au sein d’un « village pacifique » après la manifestation réprimée par la police du 15 octobre dernier
France Télévisions et Radio France
Les travailleurs de Radio France sont en grève illimitée contre un nouveau plan social depuis le lundi 25 novembre et le Syndicat National des Journalistes de France Télévisions a lancé un appel à tous les salariés « à se mettre en grève pour une durée de 24 heures, ce jeudi 5 décembre à partir de 0h00 ».
Ports
La CGT ports et docks appelle à une grève « carrée » de 24 h.
A partir du 5, une grève dure pour durer
Macron n’a jamais encore eu à affronter une classe sociale déterminée… jusqu’à maintenant. Si la radicalité des gilets jaunes a permis de montrer que ce pouvoir pouvait saigner, le seul moyen concret capable de faire réellement reculer un gouvernement demeure le blocage de la production, la paralysie du profit.
Si la chanson « c’est dans la rue que ça se passe » est devenu un « hit » des manifs depuis longtemps, il s’agit bien d’une erreur politique que de penser que de simples défilés ou au contraire de la casse urbaine, permettent de faire reculer le patron. La fin de cette illusion doit nous pousser à réfléchir à nos modes et moyens d’actions, au fait « c’est d’abord dans la boite que ça se passe », et surtout à la nécessité de développer un plan de bataille CGT, une stratégie syndicale CGT offensive.
Car c’est bien la coordination des différents moyens de luttes, grève interpro, blocage et occupations des lieux de productions, manifestations offensives et organisée, actions spectaculaires, qui permettent d’élever le rapport de force au niveau nécessaire.
Si le 5 décembre s’annonce déjà comme une date de mobilisation puissante, elle permettra surtout aux travailleurs et à la classe ouvrière de découvrir, redécouvrir sa propre force, et donc reprendre confiance en ses capacités d’actions. Une fois encore, c’est bien l’enjeu de la reconduction de la grève générale interprofessionnelle au 6, 7, 8, 9, 10 décembre et au-delà.
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