A l’appel des syndicats, drapeaux rouges en main, des dizaines de millions d’Indiens ont fait grève, ce mercredi 8 janvier afin de protester contre la politique gouvernementale menée « à l’encontre des travailleurs et du peuple ».
Les syndicats, au premier rang desquels se trouve la puissante centrale syndicale indienne CITU (Centrale des Syndicats indiens, affiliée à la FSM), ont notamment dénoncé la récente privatisation d’entreprises publiques et de ressources naturelles et réclamé une augmentation du salaire minimum et des retraites.
Dans un communiqué, le CITU a salué « les travailleurs et travailleuses de l’Inde qui se sont levés pour contester les politiques anti-ouvrières, antipopulaires et antinationales du gouvernement »
Célébrant le succès de la « grève rurale lancé par les organisations de paysans et de travailleurs agricoles », le CITU a également déclaré : « Alors que les travailleurs industriels de tous les secteurs du pays se sont mis en grève, les paysans et les travailleurs agricoles ont massivement répondu à l’appel de la « grève rurale » et organisé des barrages routiers et ferroviaires. »
Les manifestations syndicales ont également été l’occasion de dénoncer la loi raciste « sur la citoyenneté ». Le vote de cette loi dirigée clairement contre les minorités religieuses (musulmanes et chrétiennes) le 11 décembre avait provoqué d’immenses manifestations à travers le pays. La répression brutale du mouvement populaire avait causé la mort d’au moins 25 personnes.
Transports, centres industriels, ports, énergie, pétrole : la grève générale paralyse l’Inde
Représentant au total plus de 250 millions de personnes, les syndicats indiens ont totalement bloqué le système de transport du pays. Selon le CITU, 3,5 millions de travailleurs du transport routier ont participé à la grève dans tout le pays. Un peu partout, les manifestants ont également bloqué des routes et des voies ferrées.
En dépit des promesses de représailles contre les grévistes formulées par le gouvernement, les services de bus et de trains ainsi que les banques d’Etat ont été les plus touchés par le mouvement social. Le pouvoir avait notamment menacé les grévistes de retenues sur les salaires et de sanctions disciplinaires. « La grève dans le secteur bancaire était presque totale. », précise encore le CITU ajoutant que le secteur des assurances avait été totalement paralysé par la grève.
De plus, la grève a été totale dans les grands centres industriels de l’Etat du Karnataka, notamment à Toyota, Volvo, Bosch, ITC, Vikrant Tyres etc. La plupart des clusters industriels du Karnataka, du Tamil Nadu, de Telangana, du Maharashtra, de Delhi NCR, du Jharkhand, etc. ont été fermés en raison de la grève qui a également paralysé les plantations agricoles qui permettent de produire de la fibre de jute.
Toutes les installations du secteur pétrolier ont également été fortement impactées par la grève, tout comme de nombreuses usines de Powergrid Corporation. Les ports de Kakinada, Tuticorin, Cochin, Paradip et Mazgaon étaient totalement bloqués tandis qu’à Calcutta, la grève impactait partiellement les activités portuaires. La distribution et la consommation d’électricité dans le pays ont également été impacté.
Rappelons enfin que la Fédération Syndicale Mondiale a publié un communiqué publié le 8 janvier en solidarité avec la « All India Strike ».
La FSM qui compte parmi ses affiliés plusieurs syndicats indiens avait notamment appelé « les couches populaires et les travailleurs de chaque région et secteur de l’Inde à envoyer un message tonitruant et décisif de rejet de la [loi sur la Citoyenneté » et de l’ensemble des politiques néolibérales qui sont contraires aux besoins des travailleurs et aux droits populaires. »