NETTOYAGE ETHNIQUE DANS LE CAUCASE

NETTOYAGE ETHNIQUE DANS LE CAUCASE : UN NOUVEAU CRIME DE L’IMPÉRIALISME

Le dirigeant de l’enclave arménienne du Haut-Karabakh a décrété le jeudi 28 septembre la dissolution de la république autoproclamée de l’Artsakh (nom arménien de la région) à partir du 1er janvier 2024. Une offensive menée en septembre 2023 par les forces armées azerbaïdjanaises a balayé en quelques jours celles du Haut-Karabakh, abandonnée par un pouvoir arménien paralysé par la puissance de feu azérie.

La catastrophe est totale pour les 140 000 habitants de cette région montagneuse du Caucase qui avait fait sécession de l’Azerbaïdjan, au nom du droit des peuples à l’auto-détermination, il y a trois décennies après une guerre meurtrière (30 000 morts), conséquence du déchainement des nationalismes après la contre-révolution capitaliste en URSS.

La réintégration du territoire séparatiste se fait dans le pires des conditions pour les Arméniens, deux ans après une humiliante défaite militaire (et plusieurs milliers de morts) contre Bakou qui avait révélé le renversement du rapport de force militaire, économique, démographique entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, de plus en plus isolée géopolitiquement et abandonnée par son allié russe.

Enlisée dans une guerre de procuration contre l’OTAN en Ukraine, Moscou semble en effet lâcher du terrain à la marge de l’espace post-soviétique, au profit notamment d’un axe Ankara-Bakou. L’influence d’Erdogan et de l’impérialisme turc dans la région se renforce et fait craindre une nouvelle offensive azerbaïdjanaise en direction du sud de l’Arménie. L’objectif est assez simple : connecter les frontières turques et azéries, encercler l’Arménie et couper l’accès du pays à la mer Noire.

De nombreuses voix, en Arménie bien sûr mais aussi en France et ailleurs, accusent les autorités azerbaïdjanaises de crimes de guerre, dont une opération de nettoyage ethnique dans la région. Coupée du reste du monde par un blocus criminel depuis la fin d’année 2022, la population de l’Artsakh a été privée de médicaments, nourriture, vêtements, essence et biens de consommation élémentaires. C’est bien la résistance de la population malgré le blocus qui a conduit le dictateur azerbaïdjanais a précipité son agression militaire.

Près de 70 000 arméniens de l’Artsakh ont pris le chemin de l’exil en empruntant le corridor de Latchin, seule route d’accès vers l’Arménie et contrôlée depuis 2021 par les forces armées azerbaïdjanaise. Les autorités arméniennes s’attendent à ce que la totalité des habitants du Haut-Karabah quittent leurs terres ancestrales. 

Cette tragédie illustre au moins 4 éléments :

  1. Le renversement du socialisme en 1991 continue de provoquer des conséquences dramatiques pour les peuples qui autrefois, à l’instar des peuples ukrainiens, russes, biélorusses, arméniens ou azerbaïdjanais, vivaient en paix.
  2. Le peuple arménien, déjà victime de génocide et de nettoyage ethnique, subi une nouvelle fois une opération, de facto, de nettoyage ethnique.
  3. La déstabilisation du Caucase et de la région de la mer Noire, déjà éprouvée par la guerre en Ukraine et le renforcement du pouvoir dictatorial de Bakou (dont l’arme principale, le pétrole, se révèle particulièrement stratégique) inaugurent de nouvelles difficultés et points de déséquilibre.
  4. Le capitalisme en crise produit les tensions et guerres à venir. Sans renversement global, c’est-à-dire sans rupture avec ce système en permanence au bord de l’abîme, les peuples seront condamnés à la boucherie.

 Notre solidarité est totale avec nos frères et sœurs arméniens de l’Artsakh condamnés à l’exil.

Notre solidarité est totale avec nos frères et sœurs de la classe ouvrière arménienne et azerbaïdjanaise. Les travailleurs ne sont pas condamnés à subir le capitalisme ; nous demeurons convaincus que la classe ouvrière des anciens pays socialistes saura trouver la force, l’expérience, et la résilience nécessaire pour, de nouveau, faire tomber la dictature du Capital.