Le gouvernement veut faire la peau aux fonctionnaires
Alors que le premier ministre macro-lepéniste Barnier s’apprête à engager son avenir politique et celui de son gouvernement dans les débats à l’Assemblée nationale sur le budget, son ministre de la fonction publique, Guillaume Kasbarian, tire à boulet rouge sur les fonctionnaires.
Des économies réalisées sur le dos des travailleuses et des travailleurs de la Fonction publique
Comme ses prédécesseurs, Guillaume Kasbarian inscrit son action dans la poursuite de la casse de la Fonction publique à travers l’attaque des droits de ses agentes et de ses agents :
– Suppression de la garantie individuelle du pouvoir d’achat (Gipa) qui prévoyait le versement annuel d’une prime si l’augmentation du salaire des fonctionnaires était inférieure sur 4 ans à celle de l’indice des prix à la consommation ;
– Augmentation des jours de carence, c’est-à-dire de jours non rémunérés en cas d’arrêt maladie : 3 jours contre 1 aujourd’hui ;
– Baisse de la rémunération 100 à 90 % pendant les trois premiers mois du congé maladie.
Le point d’indice des fonctionnaires est « gelé », presque sans discontinuité, depuis près de 20 ans. Cela signifie que l’évolution du point d’indice, qui sert au calcul des salaires des travailleuses et des travailleurs de la Fonction publique, ne suit plus l’évolution de l’inflation.
Ainsi, au 1er juillet 2023, la valeur du point d’indice a augmenté de 1,5 % pour une inflation de 4,5%. Pour rappel, la dernière augmentation indiciaire était de 3,5 % pour une inflation de 5,8 % et datait du 1er juillet 2022. Sur 2 ans, cette nouvelle baisse du salaire réel des fonctionnaires se cumule au recul indiciaire face à l’inflation et accentue les pertes de pouvoir d’achat successives depuis 2010 (16,78 % hors tabac).
Macron et Barnier entendent réaliser des économies, près de 5 milliards, sur le dos des services publics en s’attaquant à l’emploi, à la rémunération des fonctionnaires et à leurs droits. Pour justifier cette nouvelle cure d’austérité, ils n’hésitent pas – comme ils l’avaient fait au moment du débat sur les retraites – à répandre des mensonges.
Faire passer les fonctionnaires pour des privilégiés, diviser notre camp
Dans les médias dominants, les prétendus experts relaient les propos du gouvernement et assurent le service après-vente des mesures qu’il propose. Ainsi, les travailleuses et travailleurs de la Fonction publique seraient « plus absents que celles et ceux du secteur privé ». D’une part cet argument est fallacieux parce qu’il évacue la raison, bien souvent liée aux conditions de travail, de l’arrêt de travail du salarié.
D’autre part, c’est tout simplement faux car selon la Direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP), la part d’absence d’au moins 1 jour pour raison de santé au cours d’une semaine est de 3,2 % dans la Fonction publique d’Etat, 4,6 % dans la Fonction publique hospitalière et 5,1 % dans la Fonction publique territoriale contre 3,9 % dans le secteur privé. On voit bien que ce n’est pas le statut public ou privé qui explique l’arrêt de travail du salarié mais la nature de son métier et donc de ses conditions de travail.
On entend également qu’il s’agirait « d’aligner le public avec le privé ». Là encore, le gouvernement ment sur toute la ligne. D’abord, près de 2 salariés du privé sur 3 travaillent dans une entreprise qui maintient le salaire pour une ou partie de ces 3 jours de carence, malgré de fortes et insupportables disparités entre les statuts.
Ensuite, entre 2011 et 2021, les salaires ont augmenté (SIC) de 0,2 % dans le public et 0,4 % dans le privé. Qu’ils alignent les traitements des travailleurs et travailleuses du public avec le privé en les augmentant !
En outre, 70 % des travailleuses et travailleurs sont totalement indemnisés au-delà de ces 3 jours de carence, pourquoi celles et ceux du public ne le seraient qu’à 90 % ?
Enfin, pour justifier la casse de l’emploi le gouvernement ressort son argument de l’évolution démographique. Ici aussi le gouvernement ment. Si l’on prend par exemple le service public d’éducation, le gouvernement annonce la suppression de 4000 postes d’enseignants à la prochaine rentrée, il s’agit selon lui de suivre la démographie qui se concrétisera par une baisse du nombre d’élèves dans le premier degré. Alors que l’Éducation Nationale a accueilli 8865 élèves supplémentaires ces six dernières années !
Par ailleurs, la Cour des Comptes, fidèle à son rôle d’éclaireur pour le compte du capital dans les réformes à mener, propose sans sourciller la suppression de 100 000 emplois dans la Fonction Publique Territoriale. Le Gouvernement ne tardera sans doute pas à se saisir du sujet.
Salaire, emploi, garanties collectives : unir notre camp dans la défense de l’outil de travail et de nos droits
Le gouvernement entend faire la peau aux fonctionnaires en cassant l’ensemble des services publics. Cette logique, l’État-patron n’en a pas le monopole. Partout les capitalistes licencient, délocalisent l’outil de travail et ravagent l’environnement. Comme à Pont-de-Claix où Vencorex n’hésite pas à licencier 500 ouvriers et à menacer des milliers d’emploi dans la région grenobloise afin de garantir la rentabilité financière et assurer aux actionnaires de gros dividendes issus des millions d’aides publiques perçues par l’entreprise.
Face à l’offensive générale dictée par le patronat et menée par l’Etat, nous avons à construire une généralisation de la réponse de notre camp. Plus d’un millier d’ouvriers de la chimie et des travailleuses et travailleurs d’autres secteurs, public et privés confondus, se sont joints aux initiatives de grève et de manifestation pour la sauvegarde de Vencorex le 30 octobre. Cette mobilisation nous éclaire le chemin sur la manière de répondre aux attaques du patronat et de l’État.
Les différents versants de la Fonction publique appellent à la grève le 5 décembre; notamment contre l’allongement du délai de carence, une semaine avant la journée nationale de grèves et mobilisations pour l’industrie du 12 décembre
Alors que l’État s’apprête à briser les Services publics et que le patronat entend partout détruire l’emploi et dégrader nos conditions de vie et de travail, notre camp doit trouver entreprise par entreprise, service par service, secteur par secteur, les revendications qui nous permettront de construire la convergence. Cette convergence sera impossible si elle n’est pas basée sur nos propres intérêts et en opposition catégorique à ceux du patronat qui prouve jour après jour qu’il cherche notre ruine. De même, elle devra se faire à la base de nos syndicats et être coordonnée par nos organisations fédérales et interprofessionnelles, qu’aucune entrevue dans les couloirs des ministères ne pourra remplacer. C’est le sens de faire Confédération, de faire CGT.